Ensilage de maïs 2024 : de nouveau une année à risque pour les mycotoxines
Pour la campagne de maïs ensilage 2024, deux mycotoxines – le DON et la Zéaralénone – sont à surveiller cette année. L’été humide et les récoltes tardives ont favorisé leur développement. Et ce malgré des rendements satisfaisants.
Pour la campagne de maïs ensilage 2024, deux mycotoxines – le DON et la Zéaralénone – sont à surveiller cette année. L’été humide et les récoltes tardives ont favorisé leur développement. Et ce malgré des rendements satisfaisants.
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À l’Observatoire des mycotoxines, le constat est net. Semis tardifs, récoltes tardives avec de la pluie et des températures douces entre les deux : les ensilages de maïs présentent un fort risque d’être contaminés en mycotoxines. « Le niveau de mycotoxines a augmenté de manière exponentielle sur les dernières semaines d’automne. Plus on avançait dans le temps, plus les maïs étaient contaminés », rapporte Jérôme Larcelet, de l’Observatoire. Il décrit aussi davantage de pyrale dans les maïs, facteur de risque car les blessures crées par l’insecte foreur sur la plante constituent une porte d’entrée pour les champignons.
En DON, seuls 25 % des élevages sont en dessous du seuil de risque
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L’observatoire décrit « à nouveau un cru à risque en DON ». Seuls 25 % des échantillons sont en dessous du repère bas en matière de risque zootechnique, contre 32 % en 2023 et 68 % en 2022. Cette année, 26 % des élevages sont au-dessus du repère haut. « Le risque est très élevé et répartit de manière homogène dans les régions analysées », commente Jérôme Larcelet.
En revanche, les ensilages de maïs 2024 présentent de faibles résultats en nivalénol : 1 % des échantillons sont au-dessus du seuil haut et 80 % sont en dessous du seuil bas. « Parfois, les résultats ne sont pas les mêmes en fonction des régions. Mais cette année, ce n’est même pas le cas. »
Du côté de dsm-firmenich, qui utilise les données récoltées par l’observatoire et ses propres échantillons, sur 276 échantillons analysés dans dix régions, on estime que pour les DON et les NIV « plus de 70 % des échantillons sont au-dessus du seuil de toxicité pour la vache laitière en Bourgogne Franche-Comté, Grand Est, Hauts-de-France et Bretagne », informe Laure Rouxel, spécialiste mycotoxines chez dsm-firmenich.
Des mycotoxines Zéa en Bourgogne Franche-Comté, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Bretagne
La surprise 2024, ce sont les Zéaralénones. « Nous en trouvons un peu partout cette année alors que d’habitude on en retrouvait essentiellement sur la façade ouest, de la Normandie au Nord Pas-de-Calais », reprend Jérôme Larcelet. Il note des niveaux de contamination « importants » : 47 % des élevages sont inférieurs au seuil bas (contre 60 % en 2023) et 18 % sont supérieurs au repère haut (contre 11 % en 2023). « Nous observons une réelle dégradation. » Même constat pour Laure Rouxel, qui appelle à « une vigilance accrue pour les régions Bourgogne Franche-Comté, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Bretagne ».
Attention aux ensilages de maïs épi et maïs grain humide
L’Observatoire des mycotoxines attire aussi sur l’attention sur les maïs épi et les maïs grain humide. Les résultats mycotoxines risquent d’être « catastrophiques. C’est logique, car ils sont récoltés encore plus tard que les ensilages ». Des propos corroborés par dsm-firmenich : « Les niveaux de contamination relevés sur les échantillons de grains analysés sont extrêmes, en Trichothécènes B et en Zéaralénone, et cela va s’ajouter aux contaminations apportées par l’ensilage ».
Vigilance sur les performances et sur la reproduction des vaches laitières
« La présence de DON peut influencer sur les performances laitières du troupeau. La Zéaralénone est, elle, davantage identifiée sur des soucis de reproduction. Les conséquences peuvent être importantes, car elles se repèrent moins vite et le décalage peut s’avérer plus difficile à rattraper. Si des éleveurs rencontrent des problèmes, la piste mycotoxine sera à vérifier. » En cas de problème zootechnique, Jérôme Larcelet rappelle qu’il est important de vérifier l’état sanitaire du troupeau avant de désigner les mycotoxines comme responsables. Cependant, en cas de silo contaminé – et validé par une analyse -, des traitements à mettre dans la ration à l’auge existent, à base d’adsorbants comme des parois de levure, des argiles ou de bio-transformateurs comme les enzymes.
Afin de limiter les risques de manière préventive, Jérôme Larcelet insiste sur l’allongement des rotations, pour éviter d’implanter maïs sur maïs ou maïs après blé, afin de casser le cycle de la fusariose. Aussi sur le fait de semer des maïs plus tôt, avec des variétés dont les indices sont adaptés à la région afin de récolter le plus précocement possible. Enfin, le labour enterre les résidus et limite les contaminations de la culture suivante.
Une phase exploratoire pour analyser les mycotoxines des ensilages d’herbe
L’observatoire des mycotoxines lance, en 2025, une phase exploratoire pour analyser quelques ensilages d’herbe. « Nous allons explorer sans savoir si nous trouverons des mycotoxines. En fonction des résultats, nous reconduirons ou non l’expérience. »
Repères
L’Observatoire des mycotoxines
• 267 analyses réalisées (à date du 4 décembre), soit une centaine de plus qu’en 2023
• Analyses réalisées sur des ensilages de maïs récoltés entre début septembre et fin octobre
• 3 mycotoxines analysées par l’Observatoire dans 43 départements : la DON et la Nivalénol (famille des tricothécènes A et B) et la Zéaralénone