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Enquête en Bretagne : Des marges pour réduire son temps d’astreinte en élevage laitier

Une enquête de la chambre d’agriculture de Bretagne montre que le temps d’astreinte par UTH a fortement augmenté depuis quinze ans. Seule la traite robotisée permet de le contenir. De grosses variations existent toutefois entre exploitations.

Dans les 26 exploitations enquêtées en traite manuelle, la moitié du temps d'astreinte est consacré à la traite soit 4 heures par jour. © A. Conté - Archives
Dans les 26 exploitations enquêtées en traite manuelle, la moitié du temps d'astreinte est consacré à la traite soit 4 heures par jour.
© A. Conté - Archives

En 2018, la chambre d’agriculture de Bretagne a enquêté 32 exploitations du réseau d’élevage bovin lait Inosys pour évaluer le temps d’astreinte en élevage laitier. Une semaine en janvier (animaux en bâtiment) et une semaine en mai (période de pâturage), chaque personne a noté le temps passé aux tâches non différables : traite, soins, alimentation, raclage, paillage, gestion du pâturage et autres (surveillance, IA...). Six exploitations sont équipées de robot de traite. En moyenne, une exploitation emploie 1,9 UTH pour 73 vaches laitières.

30 h/semaine/UTH en hiver contre 24 h au printemps

Le temps d’astreinte est en moyenne de 30 heures par semaine par UTH en hiver. Il varie peu selon le type de structure. Ramené à la vache laitière, il est supérieur pour les éleveurs travaillant en couple (52 min/semaine/VL) que pour ceux en individuel (38 min). Les exploitations avec robot ont un temps d’astreinte réduit de 21 heures par semaine, soit 7 h/UTH, par rapport à celles en salle de traite.

Au printemps, l’astreinte est de 24 heuros par semaine par UTH. « Le pâturage réduit l’astreinte liée au logement et, au final, limite le temps d’astreinte de 4,5 heures par semaine en traite robotisée et 6 heures par semaine en traite manuelle par rapport à une conduite « hivernale » où les animaux sont tous en bâtiment », constate Nadine Abgrall, de la chambre d’agriculture. Les exploitants individuels ont un temps d’astreinte réduit ramené à la vache laitière par rapport à ceux travaillant en couple. Et l’astreinte est réduite pour les exploitations équipées d’un robot de traite, avec 6 h/semaine/UTH de moins.

De gros écarts sur le temps de traite manuelle

En traite manuelle, la moitié du temps d’astreinte soit 4 h/j en hiver est consacré à la traite : 4 % pour rassembler les vaches et préparer le matériel, 80 % pour la traite et 16 % pour le nettoyage. « Dans chaque groupe, le temps de traite est toutefois très variable », souligne Sophie Tirard, de la chambre d’agriculture. Au-delà du côté humain et du nombre de trayeurs (traire à deux prend plus de temps par vache que traire seul, mais c'est plus confortable), des différences importantes apparaissent selon les équipements.

Une configuration imparfaite du bâtiment ou du parc d’attente génère du temps supplémentaire pour rassembler les vaches ou aller les chercher. Le chien électrique permet de gagner 1,5 min/semaine/VL, soit 2 h/semaine pour 80 vaches. Un protocole de traite simple fait gagner du temps, le nettoyage et la désinfection des griffes entre chaque vache étant notamment très chronophage. Le plain-pied en salle de traite ne réduit par contre pas le temps de travail. Enfin, le nettoyage (40 min/j) est conditionné par les surfaces et les outils utilisés. «Le raclage du parc d’attente au tracteur et une pompe haut débit plutôt qu’un nettoyeur haute pression limitent le temps de nettoyage. »

Des écarts du simple au triple en traite robotisée

Avec un robot, la traite représente moins d'un quart de l’astreinte. Des écarts du simple au triple sont aussi observés. Comme en traite manuelle, il y a un effet éleveur. Les deux éleveurs les plus efficaces ont des objectifs de temps de travail ambitieux et actionnent d’autres leviers (délégation de l’élevage des génisses, robotisation de l’alimentation). La disposition du robot a cependant un impact important. « Un accès insuffisant au robot ou une zone mal dimensionnée génèrent du temps de nettoyage supplémentaire et des vaches en retard de traite à gérer. »

De 2 à 12 min/vache/semaine pour l'alimentation

L’hiver, l’alimentation des vaches laitières prend 1 heure par jour pour 73 vaches, soit 5,7 min/semaine/VL : 90 % en affouragement, 10 % en complémentation. Mais le temps passé varie de 2 à 12 min/semaine/VL. La moitié de la variabilité s’explique par le matériel de distribution des fourrages. La simplification de la conduite (ration complète, un seul fourrage) est aussi source de gain de temps. Et l’organisation des circuits est importante (nombre de tours, distance entre stockage et distribution, distribution sans descendre du tracteur…). En complémentation, les élevages les plus rapides sont ceux équipés d’un DAC/robot de traite, d’alimentateurs en salle de traite ou distribuant une ration complète.

Des écarts importants pour un même type de bâtiment

Le logement (raclage, paillage) prend 53 min/j en hiver pour 73 vaches, soit 5,1 min/semaine/VL, réparties pour moitié entre raclage et paillage. Le temps passé est très variable, mais les différences sont plus importantes au sein d’un type de bâtiment qu’entre bâtiments. En logette, des caillebotis ou un racleur automatique font gagner du temps. Les logettes sciure demandent moins de temps de paillage que les logettes paillées. Les élevages les plus lents sont ceux qui passent du temps à racler les couloirs et passages de logettes. En aire paillée, une pailleuse limite fortement l’astreinte liée au logement. Le retournement des bouse et l’étalement manuel de la paille entraînent par contre du temps supplémentaire.

Autant d'écart entre élevages au printemps

Au printemps, 1 h 30 par jour est consacrée à l’alimentation et au logement, soit 9 min/semaine/VL (2 de moins qu’en hiver). Le pâturage occupe 69 % du temps, la distribution de fourrages et concentrés 20 % et le logement 11 %. Là aussi, le temps passé varie du simple au triple (5 à 17 min/semaine/VL), selon la distance entre les parcelles et les bâtiments, le moyen de locomotion, la technique de pâturage et la part d'aliment distribuée.

15 heures d’astreinte par an pour élever une génisse

° En hiver, l’alimentation des génisses, vaches taries et autres bovins prend en moyenne 1 h/j en hiver. La délégation de l’alimentation, son automatisation voire le libre-service font gagner du temps. Des locaux bien agencés et regroupés au siège d’exploitation et des distributions de fourrage non journalières sont aussi sources de gain de temps. Le logement prend en moyenne 25 min/j, avec une grande variabilité. Les élevages les plus rapides ont des bâtiments fonctionnels, regroupés, bien agencés, un paillage et raclage 1 ou 2 fois par semaine et une pailleuse ou un racleur automatique.
° Au printemps, les éleveurs gagnent 2,3 min/semaine/autre bovin, sauf ceux qui gardent les génisses en bâtiment. La gestion des veaux demande 23 min/semaine/veau. Un gain de 4 min est possible en réduisant le nombre de repas et en alimentant au lait entier. Au total, une génisse produite nécessite 15 h de travail d’astreinte par an.

Avis d'expert : Sophie Tirard, chambre d’agriculture de Bretagne

« Six heure par semaine en plus »

 

 
 © F. Mechekour
© F. Mechekour

 

« Ramené à l'animal, le travail d’astreinte diminue : il est de 16 minutes par semaine en traite robotisée et 22 minutes par semaine en traite manuelle, soit 9 minutes de moins qu’en 2003. Mais malgré cette meilleure efficacité du travail, du fait de l’augmentation d’effectif, le temps d’astreinte par UTH est passé de 25 h/semaine/UTH en 2003 à 31 h/semaine/UTH en traite manuelle et 26 h/semaine/UTH en traite robotisée. En moyenne, une exploitation de 120 VL et 140 autres bovins en traite manuelle entraîne une astreinte annuelle de 4 560 heures. »

 

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