« En système Holstein, il faut raisonner en marge par vache »

Pour Yann Martinot, directeur technique d’Elvup, les facteurs limitants dans les élevages en système Holstein sont notamment la main-d’œuvre et la place dans les bâtiments. Alors pour maximiser la marge économique d’une exploitation, mieux vaut chercher à maximiser la marge par vache présente.

Publié le 5 juin 2023 - Par Franck Mechekour

Pourquoi conseillez-vous de raisonner à la vache plutôt qu’aux 1 000 litres de lait pour la race Holstein ?

Yann Martinot - « Les critères technico-économiques utilisés impactent la gestion de l’entreprise et les décisions. Ces critères doivent se baser sur le ou les facteurs limitant la production. Hier, les quotas étaient le facteur limitant. Aujourd’hui, ce sont d’abord les outils de production : la main-d’œuvre disponible, la place dans les bâtiments, la traite, les surfaces fourragères… Dans ce contexte, en système Holstein, la question que doivent se poser les éleveurs c’est comment ils peuvent dégager un maximum de marge par vache présente et non raisonner aux 1 000 litres de lait. Faire plus de marge par vache avant d’avoir plus de vaches pour avoir plus de marge. »

Comment maximiser sa marge par vache ?

Y. M. - « Pour réaliser un maximum de marge, il faut que le produit augmente plus vite que les charges. Vous pouvez très bien augmenter votre coût alimentaire tout en augmentant votre marge sur coût alimentaire. La marge dépend en effet pour deux tiers du produit contre seulement un tiers pour la maîtrise des charges. C’est d’autant plus vrai que nos grilles de paiement du lait (hors filière AOP, etc.) sont plutôt très favorables au volume plus qu’à la qualité du lait. Par exemple, la marge sur coût alimentaire (MCA) des éleveurs Holstein a été supérieure à celle des éleveurs de normandes dans l’Orne en 2022 : 230 €/VL/mois contre 220 €/VL/mois. »

« Faire plus de marge par vache avant d’avoir plus de vaches pour avoir plus de marge »

Quels sont les leviers pour y parvenir ?

Y. M. - « Avoir des animaux efficaces, c’est-à-dire qui valorisent très bien les aliments qu’ils consomment et qui ont un bon potentiel génétique. Des animaux bien « construits » grâce à un bon parcours de vie : bon développement des veaux, absence de stress… L’épigénétique, c’est-à-dire l’impact du milieu sur l’expression des gènes, intervient également. Un stress thermique subi tard durant la gestation affectera la vache durant la prochaine lactation et les performances à venir d’une génisse en croissance dans l’utérus. »