En Chine, la production laitière repart
En Chine, la consommation dynamique soutient la production et les importations. Mais l'évolution des importations est contrastée suivant les produits, souligne Jean-Marc Chaumet, de l'Institut de l'élevage.
En Chine, la consommation dynamique soutient la production et les importations. Mais l'évolution des importations est contrastée suivant les produits, souligne Jean-Marc Chaumet, de l'Institut de l'élevage.
«Après dix ans de stagnation, la production laitière chinoise a, selon les données officielles, affiché deux années consécutives de hausse, en 2019 (+ 4% /2018) et 2020 (+ 7,5% /2019)», indique Jean-Marc Chaumet, économiste expert de la Chine à l'Institut de l'élevage. A 34,4 millions de tonnes en 2020, la production atteint ainsi un record ; supérieur de 14% au volume produit en 2008, année du scandale de la mélamine. Ce rebond reflète une certaine confiance retrouvée des Chinois dans leur production nationale de lait et de produits laitiers. «La Chine se positionne ainsi en 5ème producteur mondial de lait, derrière l’Inde, les Etats-Unis, le Pakistan et la Russie», pointe Jean-Marc Chaumet, dans la dernière lettre "Chine Abcis".
Des investissements dans l'élevage
Cette hausse de la production se fait via «la construction de très nombreuses nouvelles exploitations, et donc par la croissance du cheptel laitier». Les bons résultats des principales entreprises de production de lait devraient permettre la poursuite d'investissements dans la production laitière à travers la construction de nouveaux élevages. Les grands transformateurs laitiers investissent dans l'amont, pour sécuriser leurs approvisionnements. Ils se livrent une bataille acharnée pour se procurer du lait, «au risque de renchérir les prix d’achat du lait et de lever la garde sur la qualité du lait collecté. Or cette priorisation de la quantité sur la qualité en période de prix élevés a été à l’origine du scandale de la mélamine en 2008». La hausse du prix du lait moyen a été importante en 2020 et a atteint un plateau en février 2021, qui est aussi un record, historique, à 4,4 RMB/kg, soit 0,55 €/l. Ce prix élevé pourrait peser sur la compétitivité du lait chinois face aux importations.
Baisse des importations de lait infantile
En 2020, la Chine continentale et Hong-Kong ont importé plus de 14 milliards de dollars de produits laitiers, soit une relative stabilité par rapport à 2019 en valeur. La Chine continentale a acheté 12,6 Md dollars, soit environ 12% des importations mondiales.
Les volumes de poudres grasses et maigre importées ont reculé en 2020. Idem pour les importations de poudres de lait infantile en 2020. Pour ces dernières, la baisse se poursuit en janvier et février 2021 (-17%/2020). Ce recul des importations de lait infantile s’explique d’une part par la concurrence des marques locales ; d’autre part par la baisse continue des naissances depuis 2016, malgré la fin de la politique de l’enfant unique.
Hausse pour le lait liquide, la crème, le fromage
Les importations de laits liquides conditionnés ont fortement progressé (+16% /2019), après une hausse de +34% en 2019. L'envol de la consommation de lait liquide profite aux produits locaux et aux produits importés. L’Allemagne, la Nouvelle-Zélande et l’Australie demeurent les trois principaux fournisseurs.
Les importations de fromages, beurre et crème ont progressé en 2020. Relativement faibles en volume, elles représentent tout de même 11% de la valeur totale des produits laitiers importés. Début 2021, la tendance s’est poursuivie pour le fromage et la crème, sauf pour le beurre, en lien avec un phénomène d’alternance de hausses et baisses, entre surstocks et manque de produits.
Les achats de poudre de lactosérum ont également fortement progressé en 2020, grâce à l’accord commercial signé entre les États-Unis et la Chine en janvier 2020 et à la reconstitution du cheptel porcin chinois. En Europe, ce sont surtout les Pays-Bas (+68%/2019 et 9% de parts de marché) et la Pologne (+84%/2019 et 9% de PdM) qui en profitent.