DU SUPER PIÉTIN
Après ça, j’en suis sûr, vous allez regarder d’un autre œil le bon vieux panaris, celui qui fait boiter les vaches assez brutalement, qui enflamme l’espace interdigité en deux jours, qui colle systématiquement un peu de fièvre et qui se résout plutôt bien par un traitement antibiotique de deux à trois jours. Vous en rencontrez sans doute lorsque les vaches sillonnent des parcours caillouteux ou des entrées de champ défoncées parce que cette bactérie qui trouve refuge dans l’environnement profite de toutes les érosions de la peau pour pénétrer dans l’espace interdigité. Gare à vos vaches lorsque le panaris évolue jusqu’à la suppuration qui en sème partout et qui vous en promet plusieurs autres cas. Mais voilà, le vulgaire panaris est déjà détrôné dans quelques exploitations par le super-panaris ou super piétin qui relègue le vieux panaris au rang des antiquités.
Explosif !
Le super piétin est dû à la même bactérie qui s’accroche de la même façon et pour les mêmes raisons à l’espace interdigité mais qui en raison de la présence d’une toxine nécrosante qu’elle fabrique possède un superpouvoir de destruction des tissus. La boiterie est brutale et intense, l’inflammation est vive et peut remonter jusqu’au canon, la fièvre est présente aussi au moins jusqu’au moment où la chair se décompose au 3e jour en fissurant très largement l’espace interdigité. La destruction des tissus mous est très rapide et très odorante, ce qui permet aussi à cette bactérie annoncée comme plus rebelle au traitement de se répandre un peu partout dans la stabulation comme dans les parcours. Bref il y a des chances pour que vous préfériez savoir cette bactérie chez votre voisin plutôt que chez vous sauf qu’elle s’achète au même prix que s’achètent les tréponèmes de la dermatite ou les staphylocoques dorés des infections mammaires : le prix d’une vache ou d’une génisse introduite dans votre exploitation ! Je crois qu’il faudra bien finir par désinfecter comme il faut les pieds des vaches que vous achetez.