Doit-on craindre un déclin de la production laitière en France ?
Des départs massifs à la retraite sont annoncés. L’installation, le salariat et l’agrandissement des élevages risquent de ne pas les compenser, alerte l'Institut de l'élevage.
Des départs massifs à la retraite sont annoncés. L’installation, le salariat et l’agrandissement des élevages risquent de ne pas les compenser, alerte l'Institut de l'élevage.
D’ici à 2030, plus de la moitié des éleveurs laitiers prendront leur retraite. On assiste à un fort vieillissement des producteurs depuis le début des années 2000. En 2018, 48 % des chefs d’exploitations avaient plus de 50 ans, 28 % plus de 55 ans et seulement 25 % moins de 40 ans. « La pyramide des âges est très déséquilibrée. Ce déséquilibre est même encore plus marqué en Bretagne », constate Christophe Perrot, de l’Institut de l’élevage(1).
Ces départs massifs à la retraite ne sont que très partiellement remplacés, à peine un départ sur deux. Avec 2 000 installations chaque année, le secteur laitier reste celui qui installe le plus, et ceci dans une très grande diversité de systèmes. Mais il arrive en dernière position pour le taux de remplacement des départs. Conséquence, « on se retrouve face une réduction du nombre de chefs d’exploitation à un rythme inédit ». Il ne faut pas compter sur les salariés pour compenser le manque de bras dans les élevages laitiers : « le nombre d’UTA salariées ne progresse plus ». Il a baissé de 700 entre 2016 et 2019, alors qu’il avait progressé de plus de 4 000 entre 2010 et 2014.
Une stagnation ou un repli de la collecte selon les bassins
Autre phénomène marquant constaté par Christophe Perrot : le ralentissement de l’augmentation du nombre de troupeaux de plus de 100 vaches. « De moins en moins d’exploitations semblent avoir une stratégie tournée vers la croissance. »
Ces éléments ont un impact sur le cheptel national et la production laitière française. Depuis l’automne 2019, on observe une baisse du nombre de vaches de 1 à 2 % par an quasi généralisée, excepté dans les montagnes de l’Est et le Centre. Et au niveau des bassins laitiers, une stagnation ou un repli de la collecte sauf en Normandie. « L’activité libérée n’est que partiellement reprise par les élevages en place, après une phase de recalage post-quotas. » Un ensemble de constats qui font craindre à Christophe Perrot un déclin du cheptel et de la production dans les années à venir.
9 080 élevages de plus de 100 vaches en 2020
Parmi les 9 080 élevages de plus de 100 vaches, 1 467 troupeaux ont entre 150 et 200 vaches, et 544 troupeaux plus de 200 vaches. La progression des grands élevages s’est ralentie depuis trois ans. Entre 2010 et 2017, on comptait chaque année plus de 1 000 troupeaux de plus de 100 supplémentaires. On est très loin des projections qui avaient été faites en prolongeant les tendances passées sur les élevages de plus de 150 et de plus de 200 vaches.