Deux pistes prometteuses pour rénover une prairie sans glyphosate et sans labour
Semis sous couvert de méteil d’automne ou après un colza fourrager de fin de printemps sont deux itinéraires techniques alternatifs qui semblent prometteurs pour rénover des prairies permanentes.
Semis sous couvert de méteil d’automne ou après un colza fourrager de fin de printemps sont deux itinéraires techniques alternatifs qui semblent prometteurs pour rénover des prairies permanentes.
Identifier et évaluer des solutions alternatives au labour ou au glyphosate pour la destruction de prairies, tel est le but du projet Praigly lancé en 2019 pour une durée de trois ans.
Un premier essai a été mené en Lorraine sur la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse. La prairie initiale, peu productive, était composée uniquement de graminées, essentiellement du RGA. Un dispositif en bandes compare plusieurs modalités de rénovation de prairie à une bande témoin ‘prairie initiale’ (4,5 t MS en 2020 et 7,5 t MS en 2021), et à une destruction au glyphosate.
Semis sous couvert de méteil d’automne
Premier constat : la rénovation a eu dans tous les cas un effet favorable sur la productivité. La destruction de la prairie par un travail du sol superficiel, puis son resemis avec un mélange multiespèce (RGH + RGA + fétuque élevée + trèfle violet + trèfle banc) permet d’augmenter le rendement et d’introduire une part significative de légumineuses. « L’itinéraire qui a fonctionné le mieux est le semis sous couvert de méteil d’automne (+3 t MS en 2020 et +3,6 t MS en 2021) », affirme Didier Deleau d’Arvalis. Il apporte un surcroît de rendement dès la première coupe. Il se distingue également au niveau de la qualité d’implantation et par une faible présence de flores diverses. « L’objectif avec cet itinéraire est de décaler la date d’implantation à fin septembre-début octobre pour esquiver la période de sécheresse estivale. Et le méteil protège les jeunes plantules des risques de gel ».
Introduction d’une dérobée fourragère agressive
Le semis après un colza fourrager de fin de printemps a aussi obtenu de bons résultats sur la prairie (+2 t MS en 2020 et +4 t MS en 2021). « Il s’agit, avec une dérobée agressive, d’interrompre le cycle de la prairie. Après une première exploitation fin avril-début mai, elle est détruite mi-mai par déchaumage afin d’implanter un colza fourrager exploitable fin juillet. La prairie est resemée la deuxième quinzaine d’août après un passage de rotative. » La contribution fourragère du colza reste toutefois aléatoire. Il a souffert d’une attaque d’altises et de la sécheresse.
Sauf avec une prairie riche en agrostis
Un deuxième essai a été conduit à la ferme expérimentale de la Blanche maison, dans la Manche, sur une parcelle avec une forte densité d’agrostis stolonifère. Cette plante colonise la prairie au détriment des espèces semées. Elle entraîne un appauvrissement du mélange prairial avec une perte de productivité et de valeur alimentaire. Des itinéraires analogues à ceux de Saint-Hilaire-en-Woëvre ont été testés dans un dispositif en blocs avec trois répétitions. « L’objectif était de diminuer, voire supprimer l’agrostis pour la remplacer par un couvert multiespèce (RGA + fétuque élevée + trèfle violet + trèfle blanc) », précise Soline Schetelat, de l’Idele.
Aucun des itinéraires testés n’a permis d’augmenter significativement le rendement par rapport à la prairie initiale (8,2 t MS), ni d’introduire des légumineuses. « Il ne semble pas y avoir d’intérêt à rénover une prairie riche en agrostis », conclut-elle. Si les modalités alternatives permettent de détruire une partie de l’agrostis, elle ne disparaît jamais : dès 2021, sa proportion a eu tendance à réaugmenter. Pour le contrôle de l’agrostis, les itinéraires avec glyphosate et labour apportent les meilleurs résultats.
Efficacité de l’outil à dents avec ailettes
À la ferme des Bordes, dans l’Indre, trois outils de travail superficiel du sol ont été testés mi-juillet 2021. Ils ont été comparés sur le taux de réussite à la levée fin octobre. L’efficacité des outils à dents avec ailettes s’avère proche de celle du labour et nettement supérieure à celle du glyphosate qui a eu du mal à détruire le trèfle. La charrue déchaumeuse obtient un résultat intermédiaire satisfaisant. Le rotavator obtient un bon résultat inférieur, contrairement à ce que laissait penser l’aspect visuel de la parcelle mi-juillet.
Le saviez-vous ?
Les essais se poursuivent en 2022. Objectif : évaluer le coût des itinéraires, du temps de travail, de la consommation de fioul ou encore des émissions de GES.