Des signaux de sortie de crise pour le lait bio
La restauration hors domicile achète davantage de produits laitiers bio et il reste du potentiel de croissance. C’est un des signes positifs que décèle la filière laitière bio. Il reste encore à reconquérir le consommateur.
La restauration hors domicile achète davantage de produits laitiers bio et il reste du potentiel de croissance. C’est un des signes positifs que décèle la filière laitière bio. Il reste encore à reconquérir le consommateur.
Le lait bio traverse une crise profonde de baisse de la consommation qui a fait naître un déséquilibre important entre l’offre et la demande. « Nous pensons que la crise est essentiellement conjoncturelle. Le lien entre la baisse de la consommation et l’inflation est en effet très net, a assuré Corentin Puvilland, du service économie du Cniel, lors d’une conférence au Space sur le marché du lait bio. Quand l’inflation ralentira vraiment, que les salaires augmenteront, nous pensons que la consommation peut revenir partiellement. »
Un consentement à payer à retrouver
Le mot « partiellement » montre que la filière a identifié des facteurs structurels qui expliquent que la consommation commençait déjà à ralentir avant l’inflation. « Les dernières enquêtes montrent que l’image du bio, sa compréhension et la confiance du consommateur s’érodent entre 2020 et 2022. Le consentement à payer plus cher pour du bio se réduit », a exposé Romain Le Texier, directeur d’études au Cniel. L’offre de produits conventionnels différenciés (lait de pâturage, local…) a réduit l’écart d’image entre le conventionnel et le bio. C’est pour réassurer un consommateur perdu face à de nombreux labels, que trois campagnes de communication collectives ont été lancées à partir de 2022.
La RHD aide au rééquilibrage
Parmi les effets positifs qu’elles ont pu avoir, le Cniel constate que la baisse des ventes en volume ralentit dans les magasins spécialisés bio. Elle passe de -12 % en 2022 par rapport à 2021 à -2 % à mi-2023 comparé à mi-2022. « Le niveau de consommation est à présent proche de celui de 2019. La vente de fromages bio repart même à la hausse dans ces magasins. » Autre signal encourageant : la réduction de l’offre et l’épuration des gammes de produits bio, opérée par la grande distribution, semble en grande partie achevée.
Enfin, le débouché de la restauration hors domicile (RHD) croît. Les lois Egalim et Climat commencent à s’appliquer, avec l’exigence d’au moins 20 % de produits bio en valeur achetés pour la restauration collective (cantines). La croissance de ce débouché devrait se poursuivre, même si, en 2022, les produits laitiers bio ne représentaient que 8 % en valeur des achats de produits laitiers totaux par la restauration collective. « Si on considère que les produits laitiers bio seront autant choisis que d’autres produits pour atteindre le seuil des 20 % de produits bio achetés par les collectivités, le potentiel de demande supplémentaire se situe entre 80 et 120 millions de litres équivalent lait, a estimé le Cniel. Cette croissance ne suffira pas à rééquilibrer les marchés, mais cela y contribuera. »
Trois campagnes de communication
Deux campagnes ont été cofinancées par l’Union européenne. « Prenez en main la bio », de 2022 à 2024, est réalisée par le Cniel et Interfel. Elle cible les professionnels de la distribution et de la RHD. Le programme « L’Europe s’engage pour la bio », sur 2022 à 2024, vise les consommateurs finaux, et notamment les jeunes. L’objectif est de renforcer la connaissance du label bio.
En France, le Cniel participe à une campagne de l’Agence bio - Bioreflexe# -, avec le même objectif de mieux faire connaître la bio aux jeunes générations.