Des bovins laitiers croisés Angus bien engraissés en 100 % herbe
Plus de 600 kilos vif à 23 mois pour des génisses et des bœufs croisés lait avec de l'Angus ! Le domaine expérimental Inrae du Pin, dans l’Orne, affiche un bon bilan de l'expérience Tripl’Scotch sur l’engraissement à l’herbe de croisés issus de vaches laitières avec de l'Angus.
Plus de 600 kilos vif à 23 mois pour des génisses et des bœufs croisés lait avec de l'Angus ! Le domaine expérimental Inrae du Pin, dans l’Orne, affiche un bon bilan de l'expérience Tripl’Scotch sur l’engraissement à l’herbe de croisés issus de vaches laitières avec de l'Angus.

Des vaches holstein, normandes et jersiaises ont été croisées avec de l’Angus pour une expérimentation pluriannuelle sur le site Inrae du Pin, dans l’Orne. « Les résultats sont très bons avec un engraissement 100 % herbe. L’objectif d’obtenir des génisses et bœufs de 620 kg en moyenne – ou 310 kg de poids de carcasse – à 24 mois est atteint. L’excellente qualité de l’herbe et de l'ensilage d'herbe a même permis de finir les animaux à 23 mois, voire 22,5 mois pour certains », plante Annabelle Bachelet, ingénieure Inrae.

La trentaine de premières carcasses de l’essai ont été notées O+ pour 7 d’entre elles, O= pour 14 et O- pour 6 d’entre elles. Les croisés normands sont O= ou O+. Les croisées jersiais sont ceux qui comptent le plus de O-. La note d’engraissement était de 3 pour 23 carcasses et de 4 pour 4 carcasses (dont 3 croisés jersiais).
11 mois de pâturage sur 23 mois de vie
L’intérêt technique d’engraisser exclusivement à l’herbe des croisés de race laitière et d'Angus, en valorisant au maximum le pâturage, est confirmé. Dans l’essai, le pâturage a duré près de la moitié de la durée de vie des génisses et bœufs croisés, soit 11 mois. « L’objectif est de valoriser au maximum le pâturage parce qu’il améliore le profil en acides gras de la viande par rapport à un engraissement aux céréales. Et parce qu’il est économiquement performant et qu’il répond aux attentes sociétales. La race Angus est choisie pour sa facilité de vêlage, l'absence de cornes, sa précocité dans le développement de tissus adipeux, le goût de sa viande, et pour son adaptation au pâturage », énumère Annabelle Bachelet. « L'intérêt est de valoriser des prairies éloignées à moindre coût et avec peu de travail, si ce n'est de la surveillance. Ce sont en effet des animaux sans soucis », insiste Luc Delaby, d'Inrae.
Le meilleur ensilage pour les deux derniers mois
La première année, les croisés nés en mars-avril sont allés au pâturage à partir de 5 mois. À partir de septembre, les animaux ont été complémentés au foin ou avec de l’enrubanné. Ils ont été rentrés en bâtiment l’hiver et alimentés avec de l’enrubannage ou de l’ensilage d’herbe (0,85 UF et 14 % de MAT). La deuxième année, ils sont restés au pâturage d’avril à novembre, sans complémentation. « En décembre et janvier, les croisés étaient en bâtiment avec de l’ensilage d’herbe. Les deux derniers mois, nous avons apporté un ensilage d’herbe de bonne qualité (1,00 UF et 16 % de MAT). »
L’ensilage d’herbe apporté était issu des premières coupes. « Il faut amener de l’herbe de qualité. À choisir, compte tenu de leur période de naissance, mieux vaut donner les stocks de qualité moyenne le premier hiver et avant les deux derniers mois de finition, et amener la meilleure qualité pour la finition. Cela permet de se passer d’un apport de céréales ou de concentré. Si l’on ne dispose pas d’un fourrage de qualité suffisante pour la finition, il faudra amener un peu de grains en complément », développe Luc Delaby.
Il reste à l’Inrae à évaluer précisément la qualité de la viande ; un travail qui est mené en partenariat avec Charal. L’évaluation économique précise reste également à réaliser.
La viande est valorisée par Charal
L’entreprise Charal cherche des éleveurs qui ont des prairies à valoriser par le pâturage, pour développer la viande « Herbo Pacte ». Cette viande est issue d’animaux croisés race laitière avec de l'Angus ou Hereford, et élevés à l’herbe, majoritairement pâturée. Aujourd’hui, plus de 550 éleveurs en Pays de la Loire, dans le Nord-Est et en Bretagne et Normandie élèvent des croisés pour Charal. « Nous nous engageons à prendre les animaux dès l’insémination. Notre engagement porte aussi sur le prix de la viande : un prix minimum garanti fixé pour chaque contrat, et si le marché est au-dessus de ce prix, nous prenons la cotation bœuf typé viande R- et 3 », détaille Dorothée Bonnet, de Charal.