Des avis partagés sur l’évolution de la poudre en 2020
Retour d’une table ronde sur les perspectives de marché, organisée le 28 novembre dernier par l’entreprise de courtage INTL-FCStone.
Retour d’une table ronde sur les perspectives de marché, organisée le 28 novembre dernier par l’entreprise de courtage INTL-FCStone.
Stefan Nether, de INTL-FCStone, l’a annoncé en préambule de la table ronde : « les marchés sont imprévisibles ». L’analyse de marché doit être prise pour ce qu’elle est : juste « un accélérateur d’action ou un décélérateur dans une approche de gestion du risque : j’ai du temps ou je dois agir. On a du temps, si on est exposé à un risque de baisse et qu’on pense que le marché va monter. Il est bon d’agir et de chercher une couverture si on pense que le marché va baisser ».
La table-ronde n’a pas manqué de faire ressortir des divergences entre experts. Pour INTL-FCStone, les prix du lait actuels devraient favoriser une bonne production mondiale suivie probablement d’un ralentissement après quelques mois de croissance. « La demande de poudre de lait écrémé se maintient. Le risque baissier sur 2020 viendrait de la production : on aurait plutôt trop de lait que pas assez. »
Risque de baisse ou poursuite de la hausse ?
Patrick Bousseau, DG de la FIT (spécialisée dans le commerce mondial des ingrédients), s’attend aussi à un réajustement de la poudre « plutôt en milieu d’année 2020 ». Mais pas à cause de la production. « La hausse de la demande mondiale vient des très bas prix pendant trois ans. C’est la baisse de cette demande qui devrait provoquer un rééquilibrage de la poudre. » Quant à François Bigot, directeur adjoint de Rumi (fournisseur mondial de produits laitiers), il pense au contraire qu’« on n’a pas fini de voir la poudre monter, d’autant plus qu’on l’a connue bien plus chère dans le passé. La demande mondiale est étonnamment forte et ne semble pas mollir. La poudre a un bon potentiel de résistance (le beurre aussi), relayé par des demandes de la Chine, de l’Asie du Sud-Est, du Mexique... ».
Pour le beurre, là aussi les avis divergent. INTL-FCStone s’attend à tout moment à un basculement : « les acheteurs attendent, les stocks européens sont importants (250 000 t - près d’un mois de consommation) et la production est plus forte. » Mais la FIT et Rumi estiment tous deux que les stocks sont surévalués, même si la consommation a beaucoup baissé suite à la flambée des prix. « Nous n’avons pas en Europe de règlement qui obligerait les fabricants à les déclarer. Il y a une incertitude majeure sur laquelle sont basées toutes les analyses », dénonce Patrick Bousseau.