Aller au contenu principal

Délégation de l’élevage des génisses, un contrat gagnant-gagnant

Cahier des charges technique et sanitaire, tarifs… Pour que les naisseurs et éleveurs tirent leur épingle du jeu, rien ne doit être laissé au hasard. Exemple avec le protocole élaboré par Littoral Normand. 

Après avoir connu un sérieux coup de frein suite à la mise en place des quotas laitiers, la délégation de l’élevage des génisses semble susciter de plus en plus d’intérêt. Qu’elle soit confiée à un éleveur ou encadrée par une structure, mieux vaut borner les choses dès le départ pour éviter les mauvaises surprises.

Conforté par les résultats d’une enquête menée auprès de 140 éleveurs en 2019, Littoral Normand a décidé de proposer ce service à ses adhérents. À l’instar d’Eilyps et Seenovia, l’entreprise de conseil en élevage propose désormais sur sa zone (la Normandie, à l’exception de l’Orne) le service DélegGénisse. « Nous nous sommes appuyés sur l’expérience de Seenovia pour bâtir notre protocole de mise en place et de suivi du service », explique Benoît Colombel, responsable projets chez Littoral Normand.

Il en ressort que pour les éleveurs, travailler avec des lots de génisses homogènes est une des conditions de réussite et de rentabilité de leur atelier. Jean-Michel Leroy et François Capelle (Gaec de la Beauquière) sont deux des six éleveurs recrutés actuellement par Littoral Normand dans la Manche. Ils misent sur le volume d’activité pour en tirer des bénéfices. Dans ces deux exploitations, l’abandon du lait a libéré de la place dans des bâtiments déjà amortis. Ils permettent d’accueillir 400 génisses (200 nouvelles chaque année). Leurs nurseries ont une capacité d’accueil de 25 génisses.

Le naisseur ne choisit pas l'éleveur de ses génisses

Faire coïncider les besoins de délégation avec les places disponibles chez les éleveurs est un préalable incontournable. Aussi, le contrat impose aux naisseurs de s’engager à confier un nombre constant de génisses chaque année. Par ailleurs, le naisseur n’a pas le choix de l’élevage où seront élevées ses génisses. Elles peuvent être dispersées dans plusieurs élevages. Le naisseur a obligation de fournir des petites génisses en bonne santé. Le veau quitte son élevage à l’âge de 3 semaines environ. L’éleveur paye 200 euros par veau. En contrepartie, le naisseur s’engage à reprendre ses génisses deux mois avant leur vêlage. Il la rachète 1 500 euros. La délégation lui coûte donc 1 300 euros par génisse.

À ce tarif s’ajoutent 50 euros pour accéder aux services d’accompagnement proposés par Littoral Normand : mise en relation des naisseurs avec les éleveurs à travers un comité de pilotage, constitution des lots, organisation du transport des animaux, quatre visites par an d’un conseiller génisse, huit pesées pour suivre la croissance des génisses.

Des acomptes versés à l’éleveur tous les mois

Le coût du transport réalisé par un transporteur spécialisé est également facturé. Le regroupement des animaux permet de le limiter. « Il faut compter environ 10 euros pour une petite génisse (à la charge de l’éleveur) et environ 30 euros pour une génisse amouillante (à la charge du naisseur). »

Pour lisser l’impact sur la trésorerie, le naisseur a obligation de faire un versement mensuel à l’éleveur. L’avantage pour le naisseur est qu’il ne devra pas « sortir un gros chèque » lors du rachat de ses génisses.

Le prix ne suffit pas pour mesurer l’intérêt économique de la délégation. « Chaque élevage naisseur est un cas particulier. L’idéal est de faire une simulation économique pour savoir combien coûte l’élevage de la génisse dans son exploitation. La délégation permet de réaliser des économies de fourrages, gagner du temps et de la place dans les bâtiments. Dans certains cas, elle permet aussi de réaliser sa référence laitière et de diminuer l’âge au premier vêlage », explique Benoît Colombel.

Un cahier des charges sanitaire conçu par les GDS

Les croissances des génisses doivent être compatibles avec du vêlage précoce. Quelle que soit la race, elles doivent peser au minimum 400 kg au moment de l’insémination. Les éleveurs ont carte blanche pour y parvenir, à quelques exceptions près : l’utilisation d’aliments OGM est interdite et les génisses doivent pâturer au moins une fois. « Je vais valoriser au maximum mes prairies. J’ai la chance qu’elles soient proches du site. Cela facilite le suivi. Certains éleveurs font 20 à 30 km pour aller voir leurs génisses dans les herbages », explique Jean-Michel Leroy.

Le cahier des charges sanitaire a été élaboré en collaboration avec les GDS des départements concernés. « Au-delà des maladies réglementées, il inclut la paratuberculose, le BVD et la néosporose », précise Jean-Michel Cuminet, vétérinaire conseil et référent génisses. Enfin, en cas d’insatisfaction, Littoral Normand se réserve le droit de dénoncer un contrat avec un naisseur ou un éleveur. Le préavis est de 18 mois. Côté évolution, Littoral Normand va se pencher sur la possibilité de développer ce service pour les élevages bio.

À retenir  

•Adhésion à Littoral Normand : 30 €/an
•Le naisseur s’engage sur un nombre de génisses par an
•Prix du veau de 3 semaines : 200 €
•Prix de la génisse amouillante :1 500 €s
•Vêlage précoce (autour de 24 mois)
•Répartition des frais en cas de problème (mort, infertilité…)
•Une sortie au pâturage obligatoire
•Respecter le choix des accouplements fait par le naisseur

L’éleveur prend en charge le coût des IA et échographies

Le naisseur récupère sa génisse deux mois avant le vêlage. Il conserve donc la génétique. Il fait part à l’éleveur de ses choix d’accouplements via le service « Webgenisses ». Ce dernier permet également de suivre la croissance de ses génisses.

Les coûts des inséminations et des échographies sont à la charge des éleveurs. « Le coût de l’insémination est défini sur la base du prix moyen d’une IA. Pour cette campagne, il a été fixé à 25 euros par IA. L’éventuel surcoût (doses sexées…) est à la charge du naisseur », précise Benoît Colombel.

Les plus lus

<em class="placeholder">Denis Battaglia, éleveur laitier en Meurthe-et-Moselle, devant son silo de maïs</em>
« Nous avons toujours plus d’un an de stocks d’avance en fourrages »

Le Gaec du Rupt de Viller, en Meurthe-et-Moselle, refuse de se retrouver confronté à un manque de stocks fourragers. Au fil…

<em class="placeholder">Prairie avec une vache Normande et une vache de race Prim&#039;Holstein en Mayenne. </em>
Prairies permanentes : la Commission européenne donne son feu vert pour l’assouplissement

La demande de modification des règles des BCAE 1 et 9 encadrant les prairies permanentes et les prairies sensibles dans la PAC…

<em class="placeholder">Romain Lelou devant son robot de traite.</em>
« Nos 135 vaches, traites par deux robots saturés, pâturent jour et nuit en Loire-Atlantique »
Au Gaec du Champ-Léger, en Loire-Atlantique, les éleveurs ont fait le pari de traire avec deux robots jusqu’à 140 vaches, et ce 2…
%agr
« Nous économisons 2 500 euros en quinze mois en récupérant les eaux de toiture dans notre élevage laitier »

Élodie et Mathieu Regazzoni, associés en Gaec à Scey-Maisières dans le Doubs, traitent au chlore les eaux de récupération de…

Carte de la zone régulée FCO 3, en date du 6 novembre 2024.
FCO 3 : l'Isère, le Maine-et-Loire et le Puy-de-Dôme touchés à leur tour

A date de mercredi 6 novembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 7 311 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Collecte de lait (à la ferme) </em>
Lactalis : le plan en trois étapes de réduction de la collecte

Lactalis a annoncé le 25 septembre engager une réduction de sa collecte de lait dans l’Hexagone : 450 millions…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière