Colère des agriculteurs : « Si les politiques veulent des prairies permanentes, il faut les payer ! »
Les agriculteurs manifestent leur ras-le-bol administratif et demandent la reconnaissance de leur métier. Alain Fretay, éleveur en Ille-et-Vilaine, ne manifeste pas mais il ne mâche pas ses mots pour autant : « je ne demande pas forcément moins de contraintes et de normes - il faut bien répondre aux attentes sociétales -, mais plus de pragmatisme et un soutien plus important en rapport avec nos efforts. » Voici son témoignage.
Les agriculteurs manifestent leur ras-le-bol administratif et demandent la reconnaissance de leur métier. Alain Fretay, éleveur en Ille-et-Vilaine, ne manifeste pas mais il ne mâche pas ses mots pour autant : « je ne demande pas forcément moins de contraintes et de normes - il faut bien répondre aux attentes sociétales -, mais plus de pragmatisme et un soutien plus important en rapport avec nos efforts. » Voici son témoignage.
Arrêter les importations déloyales
« Si la France et l'Union européenne nous imposent plus de contraintes, elles doivent nous protéger davantage des importations qui ne respectent pas les mêmes contraintes. Aujourd'hui, les services publics ne sont pas exemplaires : les commandes publiques sont encore trop fonction du prix uniquement. Ils devraient n'acheter que local, français ou frontalier. »
Payer pour les services environnementaux des prairies
« Si les pouvoirs publics veulent des prairies permanentes, des haies, des bandes enherbées, il faut davantage les payer ! Avec 1500 euros par hectare, beaucoup d'agriculteurs mettront des prairies, des bandes tampon... Il faut arrêter d'ajouter des contraintes et payer davantage pour l'application des normes existantes. Aujourd'hui, les agriculteurs ne travaillent plus pour la gloire : c'est fini ! »
Simplifier le soutien aux haies
« On marche sur la tête, c'est vrai ! Il faut des règles plus pragmatiques. Par exemple, je suis en bio très herbager et économe, mais pour les MAE, on me demande des démarches administratives et des normes comme si j'étais un conventionnel classique : un cahier de fréquence de traitements à remplir alors que je ne traite pas ; un gros dossier de justificatifs pour une MAE "haie" alors que je suis déjà en label haie (reconnu par l'Etat), connu comme étant très exigeant, avec 130 pages de plan de gestion de la haie ! »
Revenir aux prairies de longue durée
« Et que dire des règles pour les prairies permanentes dans la PAC ! Il aurait été plus simple de demander un retour à la situation de 2018 pour ré-augmenter les surfaces en prairies. Je suis remonté contre le passage des prairies longue durée en prairies permanentes. En outre, les éleveurs bios devraient être exonérés d'avoir à demander des autorisations de retournement de prairies, car nos systèmes sont plus riches en prairies de longue durée. »
« Sans ce carcan de la nouvelle PAC, je ferais une rotation cohérente sur le plan agronomique, avec une prairie longue durée de neuf ou dix ans, suivie de deux ou trois ans de cultures. Les règles de la PAC nous contraignent, si l'on veut être sûr de pouvoir faire ces rotations, à retourner une prairie avant ses cinq ans ! »