Covid-19 : Légère remontée des cours des produits laitiers
En France, la baisse de la collecte laitière et le bond de la consommation des ménages ont aidé à ne pas trop déséquilibrer le marché.
En France, la baisse de la collecte laitière et le bond de la consommation des ménages ont aidé à ne pas trop déséquilibrer le marché.
Le scénario catastrophe n'a pas eu lieu. La collecte a été assurée, le prix du lait a peu baissé (-3,7 € en mars et -5 €/1000 l en avril pour le lait conventionnel, d'après FranceAgriMer), les transformateurs ont réussi à réorienter leurs activités. « Les achats supplémentaires des ménages sont supérieurs en volume aux pertes sur la restauration hors foyer (RHF) », souligne l'Institut de l'élevage. Donc, à l'exception de certains producteurs fermiers et de TPE-PME spécialisées sur les circuits de distribution et les produits les plus impactés par les mesures de confinement, la filière française s'en sort plutôt bien.
La réduction de la collecte laitière française y a contribué : -0,2% en avril et -1,4% en mai par rapport aux mêmes mois 2019. Dans l'Union européenne, la collecte d'avril a marqué le pas : +0,8 % par rapport à avril 2019, contre +1,5 % au premier trimestre.
Les prix du beurre, de la poudre de lait écrémé et des fromages d'exportation allemands, ont fortement décroché entre la mi-mars et la mi-avril : -670 €/t pour le beurre, -590 €/t pour la poudre de lait écrémé ; -550 €/t pour l'edam allemand entre la mi-mars et la mi-mai. Source : Les Marchés, d'après Atla et bourse de Kempten. Puis, ils sont remontés au niveau d'avant le confinement pour le beurre (3220 €/t mi-juin), mais dans une moindre mesure pour la poudre maigre : 2 190 €/t mi-juin, contre 2 460 €/t la semaine avant le confinement. Et la remontée reste faible pour les fromages : +75 €/t en moyenne pour l'edam allemand.
Les aides au stockage privé semblent peu jouer (dispositif ouvert jusqu'au 30 juin). A la mi-juin, les demandes d'aide concernaient plus de 11 000 tonnes de poudre, soit 12% seulement des capacités ouvertes par la Commission européenne. Elles concernaient plus de 50 000 tonnes de beurre, soit 35% du plafond. Pour l'aide au stockage privé des fromages, les demandes concernent plus de 40 000 tonnes sur un plafond de 100 000 tonnes. La demande est donc plutôt bonne.
Mais l'export est en baisse
Les chiffres export français des quatre premiers mois de 2020 ne sont pas trop mauvais : -10 % pour le lait conditionné, -4 % pour les fromages, -3 % pour les poudres maigres... Mais « la baisse des exportations de fromages s'accentue avec les mesures de confinement », souligne l'Institut de l'élevage. Par ailleurs, il y a au moins deux à trois mois de décalage entre la conclusion d'une vente et la livraison d'un produit, et donc son entrée dans les statistiques. Les difficultés à l'export pourraient se voir davantage dans les chiffres de mai. Côté positif, les importations ont baissé, notamment de beurre et de crème, car les ménages consomment davantage français que la RHF et l'industrie agroalimentaire.
Grosses incertitudes pour le second semestre
Pour la suite, rien n'est joué. « Les échanges mondiaux sont en-deça de l'an dernier. Or, la collecte augmente toujours aux États-Unis et en Australie, et dans une moindre mesure dans l'UE. Les stocks grossissent aux USA, ce qui pèsera sur les marchés », rappelle l'Institut de l'élevage. Si la collecte néozélandaise n'augmente pas en septembre, et que l'offre finit par se réduire aux USA et dans l'UE, il y a une chance que les marchés se tiennent malgré la crise économique.