Traitements antibiotiques
Comment les bactéries font de la résistance
Traitements antibiotiques
La mutation est l´une des armes favorites des bactéries pour résister aux antibiotiques.
«Alerte ! C´est une véritable hécatombe. Les antibiotiques nous attaquent. Fuyons ! », s´écrie une bactérie. Une Salmonella typhimurium, bien installée dans l´intestin d´une vache, ne semble pas impressionnée par la situation. « Moi, je reste. Les antibiotiques ne m´impressionnent plus. »
Puis elle explique à sa consour les 4 moyens utilisés par les bactéries pour résister aux antibiotiques. Le premier consiste à modifier la structure de la cible de l´antibiotique, qui devient inefficace. «Ainsi, je suis moins sensible aux quinolones, suite à une mutation modifiant mon ADN-gyrase.» La deuxième parade consiste à empêcher l´antibiotique de pénétrer dans la bactérie en modifiant les porines, portes d´entrée dans la membrane. La troisième solution, plus radicale, consiste à détruire l´antibiotique. «Par exemple, je dispose d´une béta-lactamase détruisant les pénicillines comme l´ampicilline.» Enfin, les bactéries peuvent favoriser l´élimination de l´antibiotique présent dans leur cytoplasme. Ce mécanisme est utile contre les quinolones et les tétracyclines. «C´est extraordinaire, s´écrie la voisine, mais comment se procure-t-on l´un de ces systèmes de résistance ?»
Ceux-ci sont généralement le fait de mutations. Pascal Sanders, directeur du laboratoire des médicaments vétérinaires à l´Afssa de Fougères (35) précise : «La fréquence des mutations est faible (une mutation pour un milliard de réplication de bactéries), mais leur nombre est important parce qu´il y a énormément de bactéries.»
Respecter la durée de traitement
Dans certains cas, la résistance d´une bactérie est liée à la présence de gènes pré-existants, qui après mutation dégraderont mieux l´antibiotique (résistance aux amino-glucosides), ou augmenteront son élimination. L´autre solution consiste à transférer le gène de résistance d´une bactérie à une autre, par exemple grâce à l´échange de plasmides.
« La résistance peut être croisée. La bactérie résiste alors aux antibiotiques de la même famille, souligne Pascal Sanders. D´autres développent une résistance multiple. Elles sont capables de résister à plusieurs familles d´antibiotiques. Ainsi, une Salmonella typhimurium DT104 penta-résistante résiste à cinq antibiotiques de différentes familles (ampicilline, tétracycline, chloramphénicol, streptomycine et sulfamides) et certaines sont devenues moins sensibles aux fluoroquinolones. »
Un traitement antibiotique peut aggraver la résistance « en favorisant la multiplication de bactéries résistantes au détriment des sensibles ». Attention aussi à respecter la posologie et la durée du traitement. Les vaches malades peuvent répandre plusieurs dizaines de millions de Salmonella typhimurium par gramme de bouse. Pour lutter efficacement contre cette bactérie, le recours à un antibiogramme et la prescription de votre vétérinaire sont incontournables. « Ah non pas lui ! ! ! », s´écria la Salmonella typhimurium avant de succomber sous le regard éberlué de sa voisine à un traitement contre lequel elle n´avait pas encore prévu de défense.