Vaches laitières : Comment améliorer l’efficacité protéique des rations
Prendre en compte le profil en acides aminés digestibles et la vitesse de dégradation des protéines contribue à mieux valoriser les apports d’azote de la ration.
Prendre en compte le profil en acides aminés digestibles et la vitesse de dégradation des protéines contribue à mieux valoriser les apports d’azote de la ration.
Se référer uniquement à la MAT pour ajuster la complémentation protéique est une erreur de rationnement. « Au lieu de raisonner en termes de PDI (protéines digestibles dans l’intestin), raisonnons en termes d’acides aminés », propose Érik Sulmont de la firme-services Inzo. Nous savons que la méthionine et la lysine sont les deux acides aminés les plus limitants dans les rations des vaches laitières. Or, dès lors qu’un acide aminé devient limitant, les autres ne sont pas valorisés par l’animal et constituent des pertes azotées (voir schéma). Dans les rations à base d’ensilage de maïs et/ou d’herbe, c’est en particulier la méthionine qui bride la production laitière. « En apportant cet acide aminé directement au niveau de l’intestin, grâce à la méthionine protégée, l’objectif est de lever ce frein », poursuit-il. « L’idéal est de viser un rapport méthionine digestible sur lysine digestible de 1 pour 3 pour une utilisation optimale de l’azote », avance Didier Andrieu de CCPA, en précisant que les rations françaises présentent plutôt un ratio de 1 pour 4.
Un rapport methionine sur lysine de 1 pour 3 est optimal
Cette approche n’est pas nouvelle en soi. L’ajout de méthionine protégée et son impact sur l’efficacité protéique sont connus depuis nombreuses années. Cette stratégie permet d’améliorer les performances, et en particulier le TP, à apport de MAT constant. Ce que développent les firmes-services ces dernières années est différent. « Nous proposons de profiter de l’amélioration de l’efficacité protéique induite par le meilleur équilibrage en acides aminés pour réduire les apports en azote, tout en visant un maintien des résultats zootechniques », détaille Érik Sulmont. Concrètement, cela se traduit par une baisse du taux de MAT des aliments de trois à quatre points en moyenne, et donc de leurs coûts. Les éleveurs peuvent aussi raisonner le choix des matières premières. Certaines sont plus riches en méthionine, d’autres en lysine. Il y a toutefois peu de matières premières présentant un profil optimum. Pour rééquilibrer la ration, des acides aminés rumino-protégés peuvent être utilisés (tourteaux tannés).
Veiller à la cinétique de dégradation des matières azotées
Parmi les autres leviers pour améliorer l’efficacité protéique, CCPA met également en avant l’importance de caractériser la vitesse de libération des différentes sources azotées. « Certaines années, les maïs ensilages sont dotés d’excellentes valeurs énergétiques mais ne permettent pas pour autant de bonnes performances laitières. Pourquoi ? L’une des raisons tient au choix du correcteur », illustre Didier Andrieu. Selon la source azotée, la libération de l’azote dans le rumen peut se révéler trop lente ou trop rapide par rapport à la libération de l’amidon. « Avec un maïs riche en amidon by-pass (non dégradable dans le rumen) par exemple, apporter un correcteur dont l’azote est libérée trop rapidement par rapport à la dégradation de l’amidon, ne permettra pas une bonne valorisation de l’azote. Et en parallèle, l’amidon se trouvera sous-valorisé dans l’intestin. Dans nos calculs de rations, nous faisons en sorte de mieux prendre en compte les différentes fractions azotées en définissant la part de MAT rapidement dégradables dans le rumen (moins de 4h), lentement dégradables (entre 4 et 10h), et celles dégradables seulement dans l’intestin. »