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Collecte Lactalis : « Chaque producteur de lait a au moins une solution proposée »

L’Unell a annoncé que chacune des 272 exploitations laitières dont le contrat a été dénoncé par Lactalis, a reçu au moins une proposition de reprise par un nouveau collecteur. Mais certaines situations sont fragiles, comme en bio. Par ailleurs, Lactalis refuse de procéder à des indemnisations collectives.

<em class="placeholder">camion de collecte Lactalis</em>
Les préavis de rupture de collecte par Lactalis ont été envoyés aux éleveurs, précisant que la collecte s’arrêtera le 31 juillet 2026 au plus tard. Si certains producteurs souhaitent signer de nouveaux contrats avant cette date, Lactalis “ne formulera aucune objection”, selon le courrier de préavis.
© C. Pruilh

Le 4 février, quelques jours après l’envoi par Lactalis de 272 courriers de rupture de contrat laitier, l’association d’organisations de producteurs, Unell, a annoncé qu’au moins une solution de prise a été proposée à chaque exploitation concernée par un arrêt de collecte de la part de Lactalis. Une nouvelle rassurante qui clot les premières étapes du plan d’actions de l’Unell pour trouver une solution à chaque producteur.

Mais, il reste encore beaucoup à faire. « La concrétisation auprès des éleveurs est à finaliser. L’Unell reste pleinement mobilisée, consciente que certaines solutions sont extrêmement fragiles, pointe Yohann Serreau, président de l’association d’OP. Un suivi constant, une écoute attentive et une vigilance soutenue sont assurés pour accompagner chaque producteur jusqu’à la signature de son contrat avec une nouvelle laiterie ou la concrétisation de son choix. »

Moins de 10 % de situations fragiles

Plus précisément, « de nombreux producteurs pourront choisir entre plusieurs solutions proposées, détaille Yohann Serreau. Mais certains n’ont qu’une proposition de nouveau contrat - moins de 10 % des exploitations concernées -, avec parfois des contraintes : un cahier des charges qui nécessiterait des investissements non négligeables par exemple. Ces situations sont fragiles. Notre travail, avec le cabinet Triangle, est de chercher une solution alternative. »

L’objectif de l’Unell est que les premiers contrats soient signés avant l’été. Les premières résiliations de contrat - et donc les premiers arrêts de collecte - débuteront le 31 juillet 2026. « Ce qui laissera le temps de trouver la bonne solution aux cas les plus complexes. »

Indemniser les éleveurs du préjudice subi

Autre travail : faire reconnaître à Lactalis que les producteurs subissent un préjudice moral et financier en lien avec le changement contraint de collecteur. En effet, les producteurs auront des investissements plus ou moins importants à réaliser pour entrer dans une nouvelle relation contractuelle avec leur nouveau collecteur : achat de parts sociales, de tank à lait, adaptation à un cahier des charges… « Ces dépenses ne sont pas de leur fait, donc nous considérons qu’il y a préjudice, insiste Yohann Serreau. Nous avons rencontré Lactalis pour leur demander un dispositif collectif d’indemnisation pour préjudice. Le groupe refuse toute mesure collective. Ils estiment que quand il y a une solution, il n’y a pas de préjudice. Ils n’excluent pas l’indemnisation individuelle, au cas par cas. »

Des syndicats montent au créneau. Dans un communiqué de presse, FNPL et JA pointent que « les futurs investissements nécessaires à la reprise par une nouvelle laiterie (tank à lait, adhésion à un nouveau cahier des charges…), doivent-ils être assumés seuls par les éleveurs alors que cette mobilité est subie ? Clairement, il en est hors de question ! »

Les éleveurs bio ont très peu d’alternatives

Les deux syndicats portent aussi leur attention sur des cas fragilisés par la décision de Lactalis : « Les éleveurs récemment installés qui, sur la base d’engagements récents de volumes de Lactalis, ont investi ces dernières années. Comment leur permettre d’assumer les investissements réalisés ces dernières années ? Celle des producteurs biologiques à qui il est donné peu, voire pas d’alternatives : est-ce là l’avenir de la production biologique ? »

Pour les producteurs de lait bio, Lactalis propose de basculer leur contrat en lait conventionnel ou d’arrêter la relation contractuelle. 19 exploitations laitières biologiques, dans le Grand Est, sont épaulées par l’Unell, et quelques exploitations bio en Bretagne sont suivies par une OP ne faisant pas partie de l’Unell. « Si ces producteurs ont une solution de reprise, elle ne correspond pas forcément à leurs attentes. Très peu de laiteries cherchent du lait bio. Clairement, certains de ces dossiers sont très fragiles », s’inquiète Yohann Serreau.

Plus précisément, « sur les 19 exploitations du sud des Vosges, du nord de la Haute Saône et une dans le Doubs, plus de la moitié ont au moins deux propositions en bio et au moins une en conventionnel, à date (le 7 février), précise Thierry Weber, président de l'OP APLBio Grand Est (95 fermes adhérentes dont 75 sous contrat Lactalis et 20 sous contrat Mulin). La grande majorité des éleveurs veut rester en bio, à condition de trouver un acheteur.  »

Quid d’un engagement sur le prix du lait ?

« Si Lactalis réduit sa collecte pour réduire ses excédents et son exposition à des marchés de commodité très volatils et souvent mal valorisés, nous leur demandons de s’engager sur une évolution de leur mix produits, qui se traduit dans la formule de prix du lait. Nous n’avons pas encore de réponse de la part de Lactalis », indique Yohann Serreau.

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