Cirveau : 4 bâtiments pour tester les modalités d’élevage en veau de boucherie
Le Cirveau veut écrire une nouvelle page de l’histoire du veau. Le Centre d'Innovation et de Recherche sur le Veau , piloté par l’Institut de l’Élevage (Idele), a été inauguré les 21 et 22 mars derniers à Mauron (56). Outil collectif unique en Europe, il vise à accompagner les transformations des pratiques d’élevage et à répondre aux enjeux de la filière veau française.
Le Cirveau veut écrire une nouvelle page de l’histoire du veau. Le Centre d'Innovation et de Recherche sur le Veau , piloté par l’Institut de l’Élevage (Idele), a été inauguré les 21 et 22 mars derniers à Mauron (56). Outil collectif unique en Europe, il vise à accompagner les transformations des pratiques d’élevage et à répondre aux enjeux de la filière veau française.
« Dès 2018, les attentes exprimées par les professionnels de la filière ont amené le conseil d’administration de l’Institut de l’Élevage à investir de manière conséquente dans une nouvelle étable pour veaux de boucherie,, rappelle Joël Merceron, directeur de l’Idele. Ce renouveau était nécessaire car la station expérimentale en veau de boucherie du Rheu (35), enclavée au milieu de la ville , devenait obsolète après 45 ans de bons et loyaux services »
Le choix du site s’est porté sur une ancienne station porcine à Mauron (56), avec un double avantage. La reprise d’un site existant a évité une artificialisation supplémentaire de foncier. En outre, la proximité du Cirbeef (Centre d’Innovation et de Recherche sur le Bœuf) permet de développer des synergies sur les différents modes de valorisation des animaux issus des troupeaux laitiers.
Rendre attractive la production de veaux de boucherie
Les attentes des consommateurs et de la société changent et sont aujourd’hui fortes, notamment sur les questions d’environnement et de bien-être animal. La pérennité de la filière est fragilisée dans un contexte où la baisse du nombre de producteurs de bovins viande ou bovins lait impacte le potentiel de production de veaux de boucherie.
Comment rendre attractifs ces systèmes, par une meilleure valorisation des produits et des conditions de travail améliorées tout en répondant aux attentes sociétales ? Comment mieux faire connaître cette filière et son évolution ? C’est tout l’objet du Cirveau qui se présente comme une vitrine et un lieu d’échanges, dont le carnet de commandes pour des essais est déjà bien fourni. Martial Marguet, président de l’Idele, a souligné lors de l’inauguration « tout l’intérêt collectif d’une telle démarche qui va permettre d’acquérir des références pour écrire une nouvelle page de l’histoire du veau ».
La nouvelle station expérimentale s’appuie sur quatre ateliers pour tester les modalités d’élevage possibles en veau de boucherie. S’y ajoute un bâtiment de formation.
Lire aussi : Viande : viser la restauration hors domicile avec des veaux croisés à l’herbe
1 - Le Digi’Bat : bâtiment conventionnel 3.0
Le Digi’Bat se présente comme le bâtiment conventionnel 3.0. Il est composé de deux salles de 96 places, pour pouvoir travailler avec des lots de 24. Dans chaque salle, 12 cases de huit veaux sont dotées d’une double façade et d’une barre au garrot. Elles disposent de deux auges, pour le lait et pour l’aliment fibreux.
« Les deux salles qui le composent, l’une à ventilation dynamique classique et l’autre équipée d’une ventilation dynamique centralisée contribuent à l’amélioration des conditions d’ambiance en bâtiment en faveur du bien-être de l’éleveur et des animaux », indique Didier Bastien, directeur du Cirveau. Ce bâtiment est, par ailleurs, le support de nouvelles technologies pour la démonstration ou la mise au point de prototypes. Les essais menés concernent aussi bien la zootechnie et le sanitaire, que le bien-être animal ou l’environnement.
2 - L’Indi’Bat : des salles bioclimatiques
Plus loin, un autre atelier avec l’Indi’bat regroupe quatre lots de 24 veaux. Ceux-ci sont logés dans des salles bioclimatiques, dont l’ambiance peut être gérée individuellement. Il est même possible d’en faire monter la température pour simuler un stress thermique. Les mesures individuelles sur les performances zootechniques mais aussi sur l’ensemble des aliments consommés sont possibles grâce notamment à des auges peseuses et des abreuvoirs connectés. Une salle de digestibilité des aliments complète le dispositif sur les recherches sur l’alimentation » souligne Didier Bastien. La production de lisier est examinée lot par lot : des préfosses extérieures permettent de mesurer les quantités, les volumes et la composition.
3 - L’Open’Bat : ouvert vers les prairies
En rupture totale avec les standards actuels en filière veau, la structure de l’Open’Bat est pourvue d’une ventilation naturelle largement ouverte et dispose d’accès à des courettes extérieures pouvant évoluer vers des parcours en prairies. Le sol des parcs est modulable et permet différentes options : 100 % plancher, litières végétales de différentes natures. Ces caractéristiques permettent les études de la faisabilité d’un élevage de veaux au plus près des attentes sociétales.
4 - Les igloos : structures légères et mobiles
Ces structures légères et mobiles sont utilisées en veaux d’élevage et testées en veaux de boucherie. Ce sont des parcs collectifs extérieurs, couverts, complètement ouverts et mobiles. Un abri est disposé à l’arrière du parc sous forme d’igloo. Le tout est disposé sur une plate-forme bétonnée (récupération des jus) et les animaux sont sur litière. « Ce type de logement peut être une alternative sur petits ateliers de veaux en complément de l’atelier laitier. Il peut permettre de répondre aux attentes sociétales en termes de production plein air », avance Didier Bastien.
Un lieu de formation pour le monde agricole
Le bâtiment central accueille les bureaux et une salle pédagogique qui permet la mise en œuvre des visites à visée technique ou des formations en ayant une vue sur les animaux et sur les salles de fabrication des aliments à travers des baies vitrées. Les principes de biosécurité tout comme la tranquillité des animaux sont ainsi respectés. Les différents produits (viande et cuirs) sont exposés et des dégustations peuvent être envisagées. « Au-delà de ses activités de recherche, le Cirveau s’engage à dispenser des formations aux établissements d’enseignement agricole (du Bac Pro jusqu’au niveau ingénieur) », conclut Didier Bastien.
Un défi d’autant plus grand que la filière veau de boucherie peine à renouveler ses éleveurs. Le nombre d’ateliers veaux de boucherie professionnels en France en un an a baissé de 7 % (-140 ateliers, - 47 000 veaux), avec en Bretagne une baisse de la production de l’ordre de 9 % en un an (-18 000 veaux). Une situation que partage aussi la Normandie alors que dans les Pays de la Loire, la production s’est maintenue
Quel débouché pour les veaux laitiers ?
Situé à la ferme des Bouviers à Mauron (Morbihan), le Cirbeef a pour vocation d’expérimenter des techniques pour produire de la viande rouge, avec les veaux issus du cheptel laitier : veaux mâles de races laitières, veaux mâles et femelles croisés lait x viande. La structure travaille une alternative à l’export vers l’Espagne des veaux de boucherie, alors que dans le même temps la France importe d’Allemagne des vaches de réforme, notamment pour le marché de restauration hors foyer (RHD). L’élevage de jeunes veaux laitiers croisés viande pour produire des jeunes bœufs de 17 mois a notamment été testé à Mauron. Ces carcasses légères de 300 kg et bien finies sont plutôt destinées à la RHD ou la grande distribution.
Pour déterminer quel est le meilleur type d’élevage, le Cirbeef a défini un certain nombre de problématiques, sur la valeur des croisements, la différence entre veau croisé ou race pure, etcomment intégrer le plus d’herbe. Pour cela sept types d’animaux sont comparés. Les résultats de ces essais qui rentrent dans le cadre du projet Valoveau seront présentés lors du Space 2024