Cherchez-vous à maintenir la production malgré le manque de fourrages ?
Face au manque de stock ou/et à une moindre qualité des fourrages liés à la sécheresse et la canicule, les avis divergent quant à la stratégie à adopter dans les mois qui viennent.
Face au manque de stock ou/et à une moindre qualité des fourrages liés à la sécheresse et la canicule, les avis divergent quant à la stratégie à adopter dans les mois qui viennent.
Greg Rosaye, éleveur dans les Vosges
NON On cherchera à produire le lait que l’on pourra avec ce que l’on a. Nous sommes en phase de croissance de cheptel et normalement nous avions prévu de passer de 55 à 60 vaches cette année. Mais comme on a récolté seulement un tiers des quantités de regain nécessaires et que les maïs ensilage manquent de grains, nous allons maintenir le même effectif. Pas question de produire à n’importe quel prix. Nous nous sommes fixé un coût alimentaire à ne pas dépasser : 115-120 €/1 000 l en hiver, et nous ne chercherons pas à produire plus par les concentrés. Comme le foin n’est pas très bon en qualité, je préfère le garder pour les génisses. Heureusement que les premières coupes d’ensilage d’herbe sont de bonne qualité. Pour compenser le déficit fourrager, j’ai quand même acheté 25 t de luzerne enrubannée en brins courts à 120 €/t, avant que les prix ne s’envolent trop.
Jean-Pierre Testard, dans le Maine-et-Loire
OUI Nous n’avons pas le choix, même si nos maïs ensilage sont moins bons en qualité (seulement 17 % d’amidon, contre plutôt 30 % d’habitude), nous devrons quand même nous efforcer de maintenir la production. Nous avons investi dans deux robots de traite et, d’un point de vue économique, il faut absolument que l’on produise 1 300 000 l pour être en mesure de rembourser les annuités et de dégager un revenu. C’est le volume sur lequel tablait l’étude prévisionnelle. Nous ne pouvons ni réduire le nombre de vaches traites (115) ni baisser leur niveau de production (entre 10 500 et 11 000 kg). C’est pourquoi nous prévoyons toujours un volant de sécurité sur nos surfaces en maïs. Nous n’avons pas ensilé plus d’hectares car les rendements sont corrects (11 tMS/ha) mais par contre, nous allons garder 10 ha de maïs grain (plutôt que de les vendre) pour reconcentrer la ration des laitières en énergie. Le surcoût alimentaire devrait ainsi rester limité.
Thierry Leturc, éleveur dans la Meuse
NON Nous livrons en général 1 million de litres à l’ULM, mais nous produirons moins cette année. La coopérative nous permet de produire ce que l’on veut. Chaque producteur établit une estimation de ses livraisons sur deux ans et bloque sa prévision pour les trois prochains mois. Je préfère toujours indiquer une hypothèse basse, car il est plus facile de produire moins que de produire plus. Surtout quand on manque de fourrages comme cette année. J’adapte le volume livré aux stocks fourragers. L’an dernier, avec des rendements de maïs exceptionnels (16-17 tMS/ha), je n’ai pas autant réformé que d’habitude pour produire plus. On a tourné avec 15 vaches supplémentaires dans le troupeau. Cette année, c’est l’inverse, les fourrages sont limitants (8 à 9 tMS/ha en maïs), je pense réformer 15 vaches de plus qu’en temps normal. Je préfère jouer sur l’effectif plutôt qu’acheter à l’extérieur. On n’est jamais sûr du fourrage que l’on achète.