Chercher à comprendre
Pour quelle raison appeler le véto quand on a une jeune femelle en diarrhée sévère ? Parce qu’on craint de ne pas savoir faire techniquement aussi bien que lui ou parce qu’on a besoin de comprendre pourquoi la situation se dégrade et qu’on en est arrivé là ? Sans doute pour les deux raisons à la fois. La situation de cette génisse de moins de sept jours est devenue critique. Elle a gentiment démarré sa diarrhée hier au milieu de trois autres femelles hébergées dans un abri alors qu’elles avaient pourtant toutes reçu préventivement une médication qui n’a jamais fait l’objet d’une évaluation sérieuse quant à son intérêt. À dire vrai, les trois autres, sensiblement du même âge, ne sont pas très en forme non plus : elles boivent leur lait, font des pâtés, mais ont le nez dans la paille le reste du temps. Ce matin, la génisse est allongée, l’œil creux et avec une diarrhée très fluide derrière elle. Pas moyen de trouver la veine après plusieurs tentatives. Il faut donc urgemment appeler le véto.
Des ulcères dans la caillette
J’arrive trois quarts d’heure plus tard sans savoir que le veau était mort et que ma visite était décommandée. À quoi bon ? Le savoir-faire technique n’est plus d’aucune utilité et il n’y a sans doute rien à comprendre dans cette histoire. Nous voilà devant le cadavre et, comme d’habitude, avec plusieurs scénarios possibles. Comme il faut que les morts servent à quelque chose, je propose de le faire parler pour essayer quand même de comprendre et je finis par emporter la décision. Dans le cadavre il y a cette caillette ravagée par de nombreux ulcères dont la plupart ne dataient pas de cette nuit. Le laboratoire a confirmé quelques jours plus tard la présence du virus de la BVD dans sa rate et du même coup la circulation virale dans la nurserie. Faire comprendre comment contrer les problèmes est devenu paradoxalement un boulot bien plus difficile à exercer dans cette conjoncture hostile que de distribuer des produits en faisant des promesses. Dommage.