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"A cause des sécheresses, nous élevons moins d'animaux"

Matthias Frei, en Gaec dans les Vosges avec des vaches laitières et allaitantes, témoigne d'un été qui pénalise encore les rendements de l'herbe, alors que les besoins de stocks fourragers sont plus élevés depuis quelques années.

Matthias Frei, éleveur en Gaec dans les Vosges
Matthias Frei, éleveur en Gaec dans les Vosges, le 17 août 2020.
© Frei

« Notre Gaec (3 associés et 2 salariées) est en bio avec 217 ha de prairies permanentes dans les Vosges en zone de plaine, avec 80 vaches laitières, 40 vaches allaitantes, et 1 ha de maraîchage.

2014 a eu lieu la première sécheresse marquante d'une longue série. Cette année, au 17 août, nous n'avons pas acheté de fourrage car nous espérons toujours qu'il va pleuvoir suffisamment pour faire une 3e coupe et du pâturage. Nous avons fait 1491 bottes d'enrubannage et de foin, en 1ere et 2e coupe. Pour comparer, en 2013, année fourragère correcte, nous avons fait 2327 bottes d’enrubannage et de foin, avec 3 coupes.

La grosse difficulté est qu’aux cinq mois d’alimentation hivernale s’ajoutent deux mois d’alimentation en été, qui n’existaient pas avant. Le pâturage représente moins de six mois pour un système tout herbe, ce qui pose question économiquement.

Moins de récoltes de fourrage, pour des besoins d’alimentation accrus

Cette année, nous voulons vendre un lot de 20 broutardes allaitantes pour équilibrer le bilan fourrager. En viande, l'intérêt d'acheter du fourrage pour produire est moins évident qu'en lait. Et puis nous n'aimons pas courir après le fourrage ; on n'est pas sûr de la qualité. On préfère rester autonomes.

Pour l'instant, à cause de la chaleur et de l’impact de la sécheresse sur les quantités et la qualité de l’herbe, nous produisons nettement moins de lait que l'an dernier. Or 2019 était déjà faible : 372 000 l. Contre 420 à 450 000 litres de lait livrés en année fourragère correcte. Tout mis bout à bout, cela devient très difficile financièrement, même en bio.

Avant 2014, on élevait tous les veaux, on faisait des boeufs de trois ans à l'herbe, le chargement était de 1,2 UGB/ha. Depuis quatre ans, on vend les veaux mâles avant trois semaines d'âge. Dans mon groupe lait, on en vient à se dire que pour être autonome en fourrage aujourd'hui, il faut plutôt être à 1, voire 0,9 UGB/ha.

Les vaches allaitantes sont sur la sellette

Nous adaptons notre système, avec du croisement trois voies sur les Holstein. Une parcelle est sursemée tous les trois ans avec de la luzerne, qui est la seule espèce qui pousse quand il fait sec l’été. Nous avons testé l'avoine et la vesce cette année, mais elles n'ont pas résisté cet été. Nous avons peu de marge de manoeuvre sur notre système fourrager.

Nous ne voulons pas acquérir plus de surfaces pour des raisons de travail, et le parcellaire est déjà dispersé. Les vaches allaitantes sont donc clairement sur la sellette. Mais sans cette activité, comment vivrons-nous à trois associés plus deux salariées sur le Gaec ? Augmenter la vente directe (crème glacée et fromage de garde pour valoriser une partie du lait de printemps) ? C'est du travail en plus, et dans notre secteur, la clientèle rurale a un pouvoir d'achat moins élevé qu'en zone urbaine. Heureusement, je me suis installé en 2009, il ne me reste plus que quatre ans de gros remboursements à passer. »

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