Elevage laitier à l´étranger
Avec 7850 kg de lait par vache, la Suède est le pays le plus productif d´Europe
Elevage laitier à l´étranger
Fort rendement laitier, prix du lait élevé, bonne image auprès des consommateurs. L´élevage laitier suédois ne manque pas d´atouts et redoute peu une concurrence étrangère accrue.
Des lacs et des forêts à perte de vue, ponctuées de temps à autre par de jolies maisons en bois, peintes en rouge foncé. Voilà le visage qu´offre la campagne suédoise entre Stockholm et Göteborg. Avec la moitié de sa surface couverte de forêts et plus du tiers constitué de lacs, de montagnes et de marais, la Suède compte moins d´un dixième de sa superficie en terres cultivées. Le rapport entre zones cultivables et forêts est d´un sur dix. Une proportion inversée dans la plupart des autres pays européens ! On comprend dès lors que l´activité agricole suédoise se trouve associée à la sylviculture. « Pas moins de 70 % des exploitations possèdent et exploitent des forêts, avec une moyenne de 47 hectares de terres forestières par exploitation », indique Christina Furustam de LRF, le principal syndicat agricole suédois.
La production laitière prédomine dans le centre et le sud du pays. Le climat y est tempéré et les précipitations voisines de 600 à 800 millimètres par an. Le principal bassin laitier se situe dans le centre du pays, dans la région de Skara.
Mais l´élevage laitier est présent sur tout le territoire, y compris en Laponie ! La plupart des exploitations sont des entreprises familiales où la majeure partie du travail est effectuée par les membres de la famille.
Lars Apell et son père travaillent ensemble sur une exploitation de 100 hectares et de 50 laitières, située à Götene. Le quota de l´exploitation s´élève à 410 000 litres, mais les éleveurs ne semblent pas accorder une grande importance à ce chiffre. « Beaucoup d´exploitations sont loin de pouvoir atteindre leur quota, avance Lars. Du coup, nous pouvons produire davantage de lait, sans crainte de pénalités de dépassement(1). »
Le troupeau, composé pour moitié de Pie rouge suédoises et de Frisonnes suédoises, produit 9700 kg de lait(2) en étable entravée. Ce résultat de production ne provient pas du Contrôle laitier, mais de la coopérative à laquelle le lait est livré. Les exploitants réalisent eux-mêmes les prélèvements. D´une manière générale, les exploitants suédois paraissent très affiliés à leur coopérative pour le conseil technique et les services.
Comme de nombreux élevages laitiers de la région, Lars et son père ont opté pour le créneau de l´élevage biologique, il y a cinq ans. « Pour des raisons économiques, précisent-ils. La plus-value au litre de lait s´élève à 54 euros/1000 litres, et la conversion n´a pas entraîné de grosses modifications dans nos pratiques d´élevage. » Deux traitements antibiotiques par an sont autorisés sur les animaux.
Les aides européennes constituent la moitié du revenu agricole de l´exploitation. « En fait, depuis l´entrée de la Suède dans l´Union européenne en 1995, l´acquis communautaire est perçu par les exploitants agricoles comme une véritable aubaine, confie Daniel Blanc, chargé de mission à Stockholm auprès de l´Ambassade de France. Avant 1995, le secteur agricole ne bénéficiait pas de soutien de la part de l´Etat, le pays s´étant engagé dans une politique ultralibérale. »
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Des troupeaux mixtes Pie rouge et Frisonnes suédoises
L´agriculture suédoise a bonne presse auprès de l´opinion publique. « D´après les résultats d´une récente enquête, 77 % des consommateurs suédois trouvent que l´activité agricole est bénéfique pour l´environnement », précise Christina Furustam. Il faut dire que les exploitants jouent un rôle déterminant dans l´entretien de l´espace et le maintien de paysages ouverts. « Ici, les agriculteurs bénéficient plutôt d´une bonne image et sont bien intégrés dans la société », confirme Mattias Nilsson, un jeune éleveur laitier installé dans le village de Lundsbrunn. « Personne dans le voisinage ne se plaint des odeurs d´épandage, ni des pulvérisations de pesticides », poursuit-il en souriant.
Il est vrai que l´agriculture suédoise est réputée comme l´une des plus propres de l´Europe et des plus avancées en terme de bien-être animal. Par exemple, l´écornage des veaux se réalise sous anesthésie par le vétérinaire de l´exploitation, le veau nouveau-né passe deux jours près de sa mère avant d´intégrer des boxes individuels pendant trois semaines, etc. La Suède est également fière d´être le seul Etat-membre (de l´UE à 15) à n´avoir encore détecté aucun cas d´ESB.
A côté des exploitations laitières de taille moyenne comptant généralement une quarantaine de vaches, on trouve aussi quelques grosses exploitations, comme celle d´Olof Janson et de ses cinq frères.
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Des linéaires plus ou moins attractifs.©ITP |
Des éleveurs bien perçus par la société suédoise
Dans cette super-structure familiale, comptant six salariés, l´organisation du travail est bien ficelée. Avec 300 vaches à 8900 kg de lait, l´exploitation livre 2 700 000 tonnes de lait à la coopérative Arla Foods. « Nous projetons bientôt de passer à 400 laitières et de faire élever nos génisses à l´extérieur », expose Olof. Là encore, la reprise de quota ne semble pas limitante. « Le quota est bon marché et se vend librement. »
Les exploitants sont propriétaires de 1900 hectares, dont plus de 1000 hectares de forêts. 610 hectares sont cultivés en triticale d´automne, blé de printemps, colza d´automne et féverole d´hiver. Près de 200 hectares de prairies multiespèces sont ensilés chaque année. La conduite de l´élevage est intensive. Les plus hautes productrices reçoivent une ration complète composée d´ensilage d´herbe (35 %), d´un mélange d´ensilage de féverole et blé (20 %), et près de 45 % d´un concentré fermier à base de céréales et protéagineux.
Le pâturage est quasi inexistant : les 30 hectares de prairies se cantonnent à une aire de promenade, à laquelle les bêtes ont accès 4 à 5 mois de l´année. « Notre système ne serait pas rentable avec des vaches moins productives, note Olof, en précisant qu´il recherche le maximum d´autonomie alimentaire sur l´élevage.
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Le robot de traite progresse rapidement sur les élevages
Même discours chez Mattias Nilsson à Lundsbrunn. Ce jeune éleveur fabrique son propre tourteau de colza à la ferme, grâce à une presse à froid. « Le tourteau de soja est banni de la ration pour exclure toute présence d´OGM dans l´alimentation des laitières », souligne-t-il.
Avec 130 vaches à 9000 kg de lait, l´élevage est doté de deux robots de traite. Ce système progresse rapidement en Suède. La moitié des éleveurs désirant renouveler leur salle de traite optent pour un système robotisé.
Installé depuis un an en société anonyme avec deux autres associés, Mattias est fier de son métier d´éleveur. Il ne regrette pas son ancien poste de professeur et se dit confiant en l´avenir. « Je gagne autant qu´avant, mais c´est vrai que je travaille plus ! », lâche-t-il dans un sourire.
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En France, 25 % des tourteaux de soja consommés par les fabricants d´aliments du bétail sont non OGM.©P. Le Douarin |
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Résultats d´une analyse PCR en temps réel ©Source : Scanélis - Mérial |
(1) Jusqu´à environ 25 % du quota individuel.
(2) Pour un lait à 4,2 % de matière grasse et 3,4 % de protéine.