Dans la Sarthe
AU GAEC TRASSARD, LES PRIM’HOLSTEIN FONT UNE LONGUE CARRIÈRE
Trois vaches à plus de 100000 kg, un rang moyen de
lactation de 2,9 pour un niveau d’étable à 10200 kg de lait brut…
La retraite anticipée ne touche pas les « seniors » du troupeau.
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née en novembre 1995, affiche
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née en novembre 1995, affiche
une production cumulée de
116361 kg en neuf lactations.
Typées, avec des mamelles solidement collées au corps, les Prim’Holstein du Gaec Trassard ont de l’allure. Et pourtant, bon nombre d’entre-elles ne sont plus toutes jeunes et ont produit beaucoup de lait dans leur carrière (niveau d’étable à 10 230 kg). Certaines, toujours en production, comme Lauréate (Evreux-Cle) et Jolifleur (Prélude), ont dépassé la barre symbolique des 100 000 kg de lait produit sans en porter les stigmates.
Avec près de 104 000 kg de lait à son actif en neuf lactations, Margot (Enehould) faisait également partie du clan des vaches à plus de 100000 kg. Elle a été récemment réformée à cause de comptages cellulaires trop élevés. « Sur les soixante-dix vaches du troupeau répertoriées dans le listing de Prim’Holstein-France, dix-huit ont déjà eu au moins quatre veaux », souligne Sébastien Donnet, pointeur à Prim’Holstein- France.
AU MOINS QUATRE VEAUX
Lors de la campagne 2007- 2008, le rang moyen de lactation du troupeau était de 2,9. La rallonge de 15 % de quota octroyée lors de la dernière campagne a certes retardé certaines réformes. Mais selon Xavier Graffin, contrôleur laitier, « la bonne longévité des vaches ne date pas d’aujourd’hui dans cet élevage ». Elle résulte plutôt d’une conduite cohérente du troupeau. « Ce sont des gens passionnés, des éleveurs dans l’âme et qui recherchent la performance technique. » Ainsi les résultats de reproduction, souvent critiqués en race Prim’Holstein, sont plutôt corrects dans l’élevage. L’intervalle vêlage-vêlage moyen tourne plutôt « volontairement » autour de 410 jours.
NE PAS SE PRÉCIPITER
Le bilan fécondité édité par l’entreprise de sélection Génoé montre que l’intervalle moyen vêlage-première insémination est long (102 jours). Mais il correspond en grande partie à une stratégie de l’éleveur. Ce dernier achète beaucoup de doses de semences de taureaux canadiens (environ 2 000 euros investis chaque année). Le taux de réussite à l’insémination est donc une priorité. « Nous ne cherchons pas à avoir un veau par an, surtout avec des vaches à plus de 10000 kg de lait. Cela ne sert à rien de se précipiter, explique Jean-Claude Trassard, associé avec ses parents. J’observe l’évolution de l’état corporel de la vache, sa production laitière et son TP avant de la faire inséminer. »
INDEX MAMELLE ET FORMAT
Lors de la dernière campagne d’insémination, le taux de réussite en première insémination chez les vaches a été de 58 % dans l’élevage contre 48 % dans le département. Le groupage des chaleurs sur génisses a été abandonné « parce que les plus âgées étaient trop grasses et donc moins fertiles ». Aujourd’hui, dès que l’âge et le poids sont corrects, l’éleveur appelle l’inséminateur.
Pour optimiser la gestion de la reproduction, Jean-Claude utilise le logiciel de son DAC et un planning circulaire. « Les orientations génétiques pèsent également dans la capacité des vaches du troupeau à bien vieillir », souligne Sébastien Donnet. La morphologie, et notamment les index mamelle, cellules, vitesse de traite et format, sont prépondérants dans le choix des taureaux. « Je fais très attention depuis une dizaine d’années au critère vitesse de traite pour limiter les risques de mammites. Pendant longtemps, la sélection a trop porté sur la production au détriment de la fertilité et de la résistance aux mammites », regrette Jean- Claude Trassard.
La génétique canadienne tient une place prépondérante dans l’élevage depuis quelques années. « Suite à un voyage au Canada, j’ai été impressionné par la morphologie des vaches dans les troupeaux que j’ai visités. Même si je ne fais pas de concours, j’aime les vaches à la fois très stylées mais aussi capable de bien vieillir, souligne l’éleveur. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bons taureaux sur ces critères en France. Mais ils ont souvent du Jocko-Besne dans leur pedigree. »
LIMITER LE RISQUE ACIDOSE
L’alimentation des vaches fait également l’objet de soins particuliers. La ration (semicomplète) a été calée avec le marchand d’aliments et le contrôleur laitier pour permettre aux vaches d’exprimer leur potentiel laitier tout en limitant les risques de maladies métaboliques. Le silo de maïs est ouvert toute l’année. La ration équilibrée à 28 kg de lait se compose d’ensilage de maïs, d’enrubannage, d’un aliment liquide (1,2 kg), et d’un correcteur azoté fibreux (5,2 kg) « pour limiter le risque acidose ». La ration de base est complétée par un tourteau tanné et une VL 2,5 litres distribués au DAC. Le coût alimentaire (fourrages et concentrés) est cependant plutôt élevé (150 euros/1000 litres). Cette performance a un coût.
NE PAS RÉFORMER TROP VITE
Une hygiène de traite stricte participe également à l’allongement de la carrière des vaches du troupeau. « Nous utilisons un produit moussant. Nous essuyons ensuite les trayons avec du papier et pratiquons systématiquement l’éjection des premiers jets. » Un post-trempage est réalisé en fin de traite. « Nous n’avons pas plus d’une trentaine de mammites par an. » Selon Xavier Graffin, « la qualité du lait produit dans l’élevage est au rendez-vous ». Pour le contrôleur laitier, la faible incidence des mammites s’explique par une bonne gestion de la traite mais aussi par les conditions de logement du troupeau. « Les vaches sont logées dans deux stabulations. Elles ont donc suffisamment de place. Une vache en chaleurs perturbe moins les autres. Et la litière est toujours propre. Elle n’a pas le temps de chauffer. »
Jean-Claude Trassard évoque également un dernier élément pour expliquer les belles carrières de ses vaches. « On réforme certainement moins vite que certains éleveurs parce qu’on est peut-être un peu plus sentimentaux qu’eux. Cela ne veut pas dire qu’il faut garder une vache qui pénalise les résultats de l’élevage. Mais je pense que, parfois, les vaches sont réformées en fin de deuxième lactation, poussées par les génisses qui arrivent dans le troupeau et parce que l’éleveur craint que la vache pose des problèmes en troisième lactation. » ■