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Abreuvement au pâturage : ne vous laissez pas déborder

La croissance des troupeaux et la gestion de l'abreuvement ont parfois du mal à s'accorder. Voici quelques pistes, illustrées par l’expérience de quatre éleveurs bretons, pour améliorer le confort de vos animaux et avoir l’esprit tranquille.

Un bac de 1000 litres avec un bon débit assure un abreuvement satisfaisant pour un troupeau de 70 vaches.
Un bac de 1000 litres avec un bon débit assure un abreuvement satisfaisant pour un troupeau de 70 vaches.
© P. Levarlet

« Force est de constater l’importance du temps passé par les éleveurs à gérer l’eau dans leurs pâtures, regrette Isabelle Pailler, conseillère lait à la chambre d’agriculture du Finistère. L’absence de réseau, l’inadéquation des volumes et du débit avec la taille du troupeau, sans oublier les problèmes de fuites, rendent souvent la période de pâturage stressante pour les éleveurs. » L’investissement dans un réseau d’eau fixe peut paraitre élevé mais il est souvent rapidement amorti en réduisant notablement le travail pendant la saison de pâturage. Jean-François et Olivier Glinec, installés à Saint-Urbain, dans le Finistère, ont investi en 2003 dans un forage avec création d’un réseau d’eau. « Nous estimons que la seule suppression de la corvée d’eau des génisses a rentabilisé notre investissement (10 700 euros au total hors achat des trente bacs de récupération) sur trois années. En additionnant le temps passé, le carburant et l’utilisation du matériel, le transport à la tonne à eau ne nous coûtait pas moins de 4 300 euros par an. La simple création du réseau d’eau de 5,7 km avec du tuyau polyéthylène de diamètre 20 s’est chiffrée à 3000 euros. »

Investir dans un réseau principal enterré

« Il est préférable d’enterrer le réseau principal afin de le protéger du gel et du passage des machines, conseille Valérie Brocard, de l’Institut de l’élevage. Lorsque les parcelles entrent dans la rotation avec les cultures, les tuyaux sont installés le long des chemins. Le réseau secondaire qui dessert chaque paddock peut quant à lui rester en surface. Des vannes sont à prévoir pour retirer les abreuvoirs au moment de la destruction de la prairie. »

Dans les paddocks, éloignez d’au moins 10 à 20 mètres les points d’abreuvement des issues déjà piétinées. Et évitez de placer les abreuvoirs au-dessous des clôtures. Les deux tiers de leur circonférence ne peuvent alors être exploités. « Or, la facilité d’accès aux abreuvoirs est plus importante que leur capacité", souligne Valérie Brocard. La compétition est une source de stress pour les animaux. Et de poursuivre : "pour connaître la capacité des abreuvoirs adaptée à l’effectif du troupeau, mieux vaut prendre le temps d’un petit calcul. Chaque vache doit disposer, en moyenne, de 70 litres d’eau par jour. Ce volume doit être disponible sur une période de 5 heures. Nous estimons ainsi le besoin d’une vache à 14 litres par heure. Un troupeau de 100 vaches consomme donc 1400 litres par heure, soit deux abreuvoirs d’une capacité de 700 litres ».

Apporter quatorze litres d’eau par vache et par heure

Dans le cas des grands troupeaux, les besoins en réserve d’eau deviennent vite importants et il n’est pas toujours possible de trouver des bacs de grande capacité chez les fournisseurs habituels. « Je n’ai pas trouvé en France de grands bacs en béton comme j’ai pu en voir en Nouvelle Zélande, regrette Hervé Onno, qui fait pâturer 160 vaches à Remungol, dans le Finistère. Au moment de la restructuration de l’exploitation, j’avais investi, par souci d’économie, dans des bacs de 600 litres, à cheval entre deux paddocks. Mais la réserve est insuffisante. Et les vaches déplacent l’abreuvoir. J’ai récemment installé une auge métallique de 2000 litres plus lourde que le polyéthylène. » Si la capacité des bacs doit suivre l’évolution du troupeau, ne négligez pas le débit qui est également primordial. Reprenons notre troupeau de 100 vaches. Chacune boit 14 litres par heures. Il faut donc prévoir un débit de 1400 litres par heure soit 23 litres par minute. « Pour contrôler que votre débit est adapté, munissez-vous d’un chronomètre, explique Valérie Brocard, et vérifiez en combien de temps se remplit votre bac. Dans le cas du troupeau de 100 vaches, un bac de 200 litres doit se remplir en 8 à 9 minutes. »

Chronométrer le temps de remplissage du bac

La pression dans le réseau doit être suffisante. Avec un tuyau de 19/25 mm, il faut viser 3 à 5 bars en bout de réseau. Or, les pertes de charge viennent compliquer le calcul. En tuyau 19/25, la pression chute de 1 bar pour 100 mètres et 0,65 bar dans un tuyau de 26/32 mm. Chez Hervé Onno, les tuyaux de fin de réseau ont été remplacés dans une partie des paddocks pour un diamètre plus important. Une réserve de 3000 litres a également été installée. Ainsi que des robinets gros débit. Mais le débit reste insuffisant dans les parcelles les plus hautes (dénivelé de 25 m), surtout lorsque le puits est à sec et que l’eau de la ville prend le relais. Des améliorations doivent être trouvées, peut-être l’installation d’une seconde réserve tampon.

Un système de surveillance des fuites est parfois prévu au moment de l’installation du réseau. Chez Joël Cann, au Tréhou, dans le Finistère, un manomètre est installé en début de réseau, facilement accessible près de la porte de la laiterie. Il permet de vérifier régulièrement la pression d’eau. « Je contrôle la pression lorsque les vaches sont rentrées pour la traite. Si elle descend au-dessous de 2 bars, je sais qu’il y a une fuite. La nourrice avec trois départs de tuyaux dotés de vannes m’aide à localiser le problème. Une astuce consiste aussi à placer des bidons flottant sur l’eau des bacs dans les paddocks. D’un coup d’oeil, lorsque l’on parcourt les pâtures, il est possible de vérifier la hauteur normale des bidons. Pour éviter les problèmes liés au gel, je purge mes canalisations avant les premiers froids. Enfin, j’ai installé des raccords de jardin qui stoppent automatiquement l’eau au bout des tuyaux dans les paddocks qui entrent dans la rotation. Ces embouts facilitent le démontage des abreuvoirs. »

Une eau de qualité pour éviter les risques sanitaires

Des analyses régulières doivent être réalisées si vous utilisez une source d’eau privée (puits, forage, source, ruisseau… ). Les prélèvements se font en bout de réseau après avoir laissé l’eau s’écouler quelques minutes. Des contaminations microbiennes sont possibles, notamment en colibacilles mais aussi en salmonelles, avec un risque pour la santé de l’animal et la qualité du lait. La prudence est donc de mise. La mise en place d’un traitement au chlore peut être une solution en cas de problème.

Soyez également vigilant à la qualité visuelle de l’eau dans les abreuvoirs. Évitez de les placer sous les arbres. Et assurez un minimum d’entretien des bacs.

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