150 000 dosages de progestérone passés au crible
Reproduction. Une étude française confirme le lien entre cétose subclinique et retard de la reprise d’activité ovarienne.
Reproduction. Une étude française confirme le lien entre cétose subclinique et retard de la reprise d’activité ovarienne.
Une vingtaine d’éleveurs en traite robotisée équipés du Herd Navigator de DeLaval ont participé à un projet de recherche mené par l’école vétérinaire de Toulouse (1). L’objectif ? Mieux comprendre les difficultés des vaches Prim’Holstein dans les deux mois qui suivent le vêlage dans les conditions d’élevage françaises, en particulier les retards de reprise de l’activité ovarienne.
Le Herd Navigator est un mini-laboratoire qui permet de doser plusieurs métabolites du lait tout au long de la lactation : la progestérone, le BHB, la LDH (voir encadré). 153 576 dosages de progestérone ont ainsi été collectés au cours du printemps 2015. Ils ont permis l’analyse de 1 247 lactations.
19 % des vaches en cétose subclinique
L’étude montre que près de la moitié des vaches (45 %) ont déjà repris leur cyclicité dès le premier mois, et 86 % des vaches avant la fin du deuxième mois. Ce sont les reprises de cyclicité après deux mois de lactation qui ont eu un impact sur la suite. Les vaches ayant repris l’activité ovarienne après deux mois sont en effet en moyenne inséminées 20 jours plus tard (105 jours au lieu de 85 jours) que celles ayant repris leur cyclicité avant deux mois.
Par ailleurs, malgré l’utilisation systématique de propylène glycol chez la majorité des éleveurs, 19 % des vaches ont eu au moins un épisode de cétose subclinique au cours des trois premières semaines de lactation. Seulement 30 % de ces vaches ont repris une activité ovarienne dès le premier mois contre 48 % chez les vaches n’ayant pas été en cétose subclinique. Cela s’est traduit par un intervalle vêlage-1re IA plus long pour les vaches ayant eu un épisode de cétose (93 jours contre 86 jours) ; l’écart est plus marqué pour l’intervalle vêlage-IA fécondante (132 jours contre 116 jours).
De la même manière, plus les vaches ont eu une production élevée dans les deux premiers mois de lactation, plus la reprise de cyclicité a été tardive. Ceci est à relier au risque de déficit énergétique et donc de cétose subclinique plus important chez les hautes productrices.
Le projet se poursuit avec la participation de nouveaux éleveurs portant leur nombre à 26. Il se concentre sur la description des anomalies de cyclicité (phases lutéales prolongées, interruption de cyclicité…), et leurs conséquences sur la fertilité. Un volet concerne l’influence du statut inflammatoire de la vache sur les performances de reproduction via le dosage de la LDH.
(1) En partenariat avec le laboratoire MSD.Trois métabolites dosés via le Herd Navigator
Dans l’étude, 58 dosages de progestérone, 33 dosages de BHB et 135 dosages de LDH par lactation ont été réalisés en moyenne pour chaque vache.
1- La progestérone - Elle permet de mieux cibler le moment de l’ovulation donc le moment optimal pour l’insémination. Une chute du taux de progestérone dans le lait, signe de la lyse du corps jaune, déclenche une alerte « chaleur ». Des modèles mathématiques appliqués aux courbes de progestérone délivrent par ailleurs des alertes « avortement », « anoestrus », « kystes ».
2- Le BHB (bétahydroxybutyrate) - C’est un biomarqueur de déficit énergétique. Son dosage permet de déclencher des alertes « cétose ».
3- La LDH (lactate déhydrogénase) - La mesure de cette enzyme produite par les globules blancs évalue le statut inflammatoire. Elle peut constituer une alerte précoce notamment de mammite ou de métrite.