Aller au contenu principal

En brie de Meaux, le Gaec du champ Faubert s'adapte au nouveau cahier des charges

Le nouveau cahier des charges brie de Meaux nécessite des adaptations pour le Gaec du champ Faubert, en Haute-Marne. Les éleveurs restent motivés par ce fromage reconnu, et par la rémunération.

Matthieu Coignart, un des trois associés du Gaec du champ Faubert, en Haute-Marne. « Il y a plus de contraintes, mais nous parvenons à être autosuffisants en paille, maïs et herbe. » © M. Coignart
Matthieu Coignart, un des trois associés du Gaec du champ Faubert, en Haute-Marne. « Il y a plus de contraintes, mais nous parvenons à être autosuffisants en paille, maïs et herbe. »
© M. Coignart

Le nouveau cahier des charges du brie de Meaux a commencé à s'appliquer en juillet 2020. Mais les nouvelles conditions de production étaient connues bien avant, et les associés du Gaec du champ Faubert, à Longeville-sur-la-Laines, en Haute-Marne, ont commencé à s'adapter dès 2016.

Il a fallu, tout en maintenant un couchage paillé pour les vaches, diversifier la ration de base avec de la betterave et au moins 4 kgMS d'herbe dont 2 kg viennent d’une légumineuse fourragère. « Avant, la ration était composée à 80-90 % d'ensilage de maïs et à 10-20 % de foin, avec 2 tonnes brutes de concentré par vache et par an, contenant de l'urée et du soja. Aujourd'hui, la ration comprend de l'ensilage de maïs, de l'ensilage d'herbe et de la pulpe de betterave surpressée. Nous avons investi dans deux silos couloir, pour l'herbe et la betterave », expose Matthieu Coignart, un des trois associés du Gaec.

Le changement climatique s'en mêle

Le concentré est le dernier changement opéré. « Pour respecter l'interdiction de l'urée et le minimum de 85 % d'autonomie alimentaire de zone, nous sommes passés d'un aliment à 47 de MAT à 37, sans pouvoir augmenter la quantité distribuée », indique Matthieu Coignart.

La sole de maïs n’a pas pu être baissée. « Cela fait trois ans que les rendements ne sont pas bons à cause du changement climatique. En 2020, nous n’avons pas d’excédent à vendre en grains. » Actuellement, le Gaec est autosuffisant à la fois en paille, maïs et herbe, pour ses 470 bovins (laitières, élèves, bœufs), car « nous avons gardé nos 90 hectares de céréales, ce qui limite la réimplantation d’herbe plus pérenne, ou potentiellement de betterave fourragère ».

Des tensions pour acheter la betterave

Pour l'ensilage d'herbe, le Gaec valorise des dérobées ray-grass - trèfle entre un blé et un maïs, car ses surfaces de prairies permanentes (150 ha) sont surtout exploitées pour le pâturage et le foin. « Pour la betterave, nous achetons de la pulpe surpressée, car nos terres très humides sont peu favorables à la culture de betterave et parce qu'il y a une sucrerie à trente minutes de la ferme. Mais avec une année 2020 à très mauvais rendements et la concurrence des filières non OGM et de la méthanisation, la sucrerie a réduit les quantités contractualisées de 50 % par rapport à 2018. Cette année, nous respectons tout juste les 2 kgMS à apporter aux vaches. Cela risque de se renouveler avec la fin prochaine des néonicotinoïdes. Il faudra peut-être se mettre à cultiver de la betterave fourragère, peut-être collectivement. Et à court terme, peut-être contractualiser collectivement pour les éleveurs de l'AOP. »

Ce nouveau cahier des charges donne plus de travail et de contraintes, « mais il y a une rémunération qui va avec, pointe l'éleveur. Et nous sommes fiers de travailler pour un produit de qualité et reconnu ».

Un prix du lait revalorisé, mais impacté par la Covid-19

Le Gaec livre Sodiaal, et depuis janvier 2019 le prix du lait est déconnecté du conventionnel et fonction de la valorisation de l'entreprise. Tout le lait n'est pas valorisé en fromage AOP, donc le prix est égal à 85 % de l'indicateur valorisation brie de Meaux (380 à 402 €/1 000 l suivant la saisonnalité) et 15 % du prix A Sodiaal.

Le brie de Meaux est au lait cru, et l'autre changement est une pénalité de 50 €/1 000 l en cas de qualité insuffisante du lait. « Cette combinaison d'une revalorisation du prix du lait de base et d'une pénalité élevée a motivé les éleveurs et la qualité s'est notablement améliorée », décrit Matthieu Coignart.

En 2020, le premier confinement a provoqué une chute des ventes de brie de Meaux, donc une baisse du taux de transformation. Le second confinement, dans une moindre mesure, fait aussi baisser le taux de transformation. « Toutefois, pour le prix du lait, Sodiaal a décidé de maintenir le taux de 85 % pour ce second confinement. Le prix de base de novembre est donc de 379 €/1 000 l (85 % de 390 € et 15 % de 316,6 €). »

La qualité du lait cru, un enjeu essentiel pour la valorisation du lait

 « Pour éviter les pénalités, nous avons aussi changé nos pratiques de traite, pour livrer un lait cru sans pénalité ou presque. Un vétérinaire est venu faire un audit traite (2015)», expose Matthieu Coignart. Suite à cela, les principaux changements ont été : tirer les premiers jets et attendre une minute avant de nettoyer et de brancher ; changer le produit de prétrempage et de post trempage (passage sur un filmogène iodé en post-trempage et une mousse en pré-trempage) ; porter des gants de traite ; ne pas hésiter à changer un matériel de traite ; nettoyer les abreuvoirs au moins une fois par semaine ; nettoyer et pailler les logettes plus fréquemment (matin et soir).

 

Les plus lus

<em class="placeholder">Nicolas Legentil, éleveur normand et co-président de l’AOP FMB Grand Ouest et Normandie</em>
« J’ai deux acheteurs, Lactalis et Savencia, deux tanks mais seul le camion Eurial me collecte dans le Calvados »

Bloqué dans son développement par un contrat avec Lactalis pénalisant tout dépassement, Nicolas Legentil, éleveur laitier dans…

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">Alice Nothhelfer, vétérinaire consultante</em>
Abreuvement : « Le manque d’eau freine la production dans neuf élevages sur dix »
L’incidence d’un apport d’eau insuffisant sur les performances et la santé des vaches reste souvent peu palpable en élevage.…
<em class="placeholder">Jean Mollon, éleveur, et Anthony Plantard, salarié </em>
Attractivité : quand les laiteries aident les éleveurs à partir en vacances

Les laiteries basques Etxaldia et Onetik ont constitué des groupements d’employeurs et aident financièrement une soixantaine…

<em class="placeholder">salle de traite</em>
Temps de travail : des semaines de 50 heures pour les élevages laitiers en moyenne en Bretagne

Dans une étude sur le temps de travail, des systèmes laitiers conventionnels et biologiques bretons ont été analysés sous l’…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière