L’agroforesterie intra-parcellaire : un levier pour des système herbagers plus robustes
L’arbre intra-parcellaire a un réel potentiel pour accroître la robustesse des exploitations face aux aléas climatiques, a présenté lors d’un webinaire Philippe Desmaison, conseiller technique élevage à Bio Nouvelle Aquitaine. Les références techniques doivent encore être précisées.
L’arbre intra-parcellaire a un réel potentiel pour accroître la robustesse des exploitations face aux aléas climatiques, a présenté lors d’un webinaire Philippe Desmaison, conseiller technique élevage à Bio Nouvelle Aquitaine. Les références techniques doivent encore être précisées.
Philippe Desmaison, conseiller technique élevage à Bio Nouvelle Aquitaine (fédération régionale d’agriculture biologique de Nouvelle-Aquitaine) a fait le point sur les connaissances fournies par les études disponibles actuellement, à savoir le dispositif expérimental OaSys (Inrae) et les programmes Arbele (coordonné par l’Institut de l’Elevage) et Parasol (coordonné par Agroof SCOP).
Le confort thermique apporté aux animaux par l’agroforesterie intraparcellaire est plébiscité. Il y a jusqu’à six degrés de moins sous les arbres aux heures les plus chaudes. A la ferme expérimentale de Derval a été montré que des génisses laitières disposant d'ombre pâturaient plus et avaient une croissance améliorée de 240 g/jour en été.
Mais on ne sait pas encore tout sur comment pousse l’herbe sous les arbres. Le projet Arbele a montré sur des prés vergers (50, 60 ou 80 arbres par hectare) au nord de la Loire que la pousse est à peu près équivalente en quantité à celle d’une prairie sans arbre, mais spatialement hétérogène. L’évolution de la flore est fonction de l’importance de l’ombrage : plus le sol est à l’ombre, plus les légumineuses peinent et plus on y retrouve des espèces tolérantes (ray-grass, houlque laineuse). Le couvert devient hétérogène en rayon autour du pied de l’arbre. Il y a moins de légumineuses près des troncs, mais les graminées y ont des stades physiologiques retardés (report stade début épiaison). Après un démarrage plus poussif, sur le plein printemps, ces prairies produisent globalement aussi bien que des prairies sans arbres, voire mieux en été et en arrière saison.
Des prairies qui s'expriment plus tardivement en saison
Les prairies en agroforesterie se décalent par rapport aux autres prairies. Elles expriment leur potentiel plus tardivement en saison. Leur retard phénologique est lui aussi corrélé au degré d’ombrage. Le projet Arbele a comparé sur le site de l'Inra de Theix des prairies avec une densité de 0, 60 et 150 arbres par hectare. Sur le premier cycle géré en fauche, la corrélation est forte entre importance de l'ombre et production d'herbe, mais sur le second cycle (repousse d'été et d'arrière saison), il y a peu d'effet. La productivité de ces prairies peut être fortement limitée si la densité des arbres est très importante.
Globalement, une valeur alimentaire supérieure a été mesurée pour les prairies en agroforesterie car pendant le deuxième cycle, la valeur azotée de l'herbe est améliorée.
« Les processus à l’œuvre sont complexes, et d’autres expérimentations et observations sont encore nécessaires pour consolider ces références et mieux appréhender l’impact de l’agroforesterie sur la production d’herbe et l’évolution de la flore ».
Bien réfléchir sa densité de plantation et entretenir ses arbres
La relation entre le développement des houppiers des arbres et production de la prairie réclame de bien réfléchir les densités de plantation. Entre 20 et 50 arbres par hectare semblent des densités adaptées. Elle réclame aussi d’avoir une réelle stratégie d’entretien des arbres pour calibrer la forme du houppier. « Dans les cas où les arbres en intra-parcellaire ont un potentiel ou une destination fourragère, les premières modélisations laissent entrevoir une production de biomasse valorisable, herbe de la prairie plus feuilles des arbres fourragers émondées, supérieure à une prairie sans arbres, observe Philippe Desmaison.
L’Inrae a produit des résultats d’estimation de valeur alimentaire in vitro sur de nombreuses espèces d'arbres fourragers. Les analyses de valeurs nutritives confirment des savoirs-anciens sur le mûrier blanc ou le frêne commun, et invite à explorer ou rédécouvrir : prunellier, bourdaine, figuier, sureau, saule marsault, etc. Il convient désormais de bien appréhender le potentiel in vivo de ses espèces notamment sur le plan de l'appétence.
La destination des arbres en intra-parcellaire peut-être multiple : bois d’œuvre, bois de chauffage, bois litière, fruitiers ou encore arbres fourragers. Sur les territoires, des associations spécialisées en agroforesterie sont en capacité d’appuyer les éleveurs à bien réfléchir leur projet agroforestiers en fonction de leur situation pédo-climatique et leurs objectifs : création de valeur ajoutée, sécurisation du système fourrager, et à trouver le bon équilibre entre production herbacée, production de biomasse feuillue et ligneuse ou création de valeur ajoutée.
Lire aussi Un « laboratoire à ciel ouvert » de 50 ha pour développer l’agroforesterie
Les arbres sont utiles aussi pour nourrir les bovins
Agroforesterie intraparcellaire : des arbres pour modifier le climat de la parcelle