Blé mondial

Zoom sur une récolte 2008 record…

INÉDIT. Comme nous l’indiquions la semaine passée, le Conseil international des Céréales a donc confirmé que la production mondiale de blé en 2008 devrait atteindre 645 millions de tonnes. Il s’agirait d’un record, qui dépassera de 41 Mt (6,8 %) le total de la récolte 2007, suite à une hausse de 3,6 % des semis.

Les projections pour l’ Iran, le Pakistan et la Turquie ont été abaissées par le CIC, en partie compensées par une hausse des prévisions de récolte pour le Kazakhstan et l’ Inde. Le total de la production dans les cinq principaux pays exportateurs devrait augmenter de 38 Mt pour atteindre 263 Mt. Des récoltes nettement plus conséquentes sont aussi attendues en Ukraine et en Afrique du Nord, mais la production d’ Asie va probablement s’inscrire à la baisse.

UE : temps trop sec en Espagne

Les estimations de production pour l’ Union européenne ont été abaissées de 0,3 Mt, à 138,1 Mt, soit 18,2 Mt de plus que l’an dernier, dont 9,3 Mt de blé dur. Les pluies ayant arrosé la majeure partie de l’Europe ont favorisé le développement des cultures mais le temps reste trop sec en Espagne. En France la production devrait augmenter de 18 %, à 39 Mt, dont 2,3 Mt de blé dur, alors que la récolte en Allemagne grimperait à 24,2 Mt, du fait d’un accroissement des semis et des meilleures perspectives de rendement. La Bulgarie, la Hongrie et la Roumanie devraient afficher un redressement substantiel de leur production, mais l’Espagne va probablement accuser un repli à 5,3 Mt en raison du temps sec prolongé.

Les estimations de récolte formulées pour le Kazakhstan sont relevées de 1 Mt, à 14,5 Mt, en raison de la forte hausse des prévisions de semis de blé de printemps, à 13,4 millions d’hectares. Les températures plus élevées que de coutume devraient entraîner un début précoce des ensemencements. La récente vague de temps chaud dans l’ouest de la Russie a également accéléré les semis de printemps, même si l’on s’attend à ce que les superficies restent stationnaires. Le total des emblavements est estimé à 25 millions d’hectares, en raison d’une hausse de la sole en blé d'hiver. En supposant des rendements moyens, la production est évaluée à 48 Mt, niveau inchangé par rapport au mois dernier. En Ukraine, les conditions ont été favorables en avril pour les cultures d’hiver et de printemps, les semis de printemps étant quasiment terminés. Alors que l’on s’attend à une hausse du total des superficies plantées à 7,1 millions d’hectares, y compris 6,7 millions de blé d’hiver, la production est estimée se redresser à 18 Mt, inchangée par rapport au mois dernier. Au Canada, les semis ont commencé dans le sud du Saskatchewan, mais malgré de récentes chutes de neige, l’humidité du sol reste plutôt faible dans les Prairies du sud-ouest. Dans les Prairies du nord, un manteau neigeux plus épais que de coutume et de basses températures pourraient retarder les semis. Le total des semis de blé au Canada est officiellement estimé en hausse de plus de 16 %, à 10,2 millions d’hectares, y compris 2,4 millions d’hectares de blé dur. La production est estimée aux alentours de 25 Mt, dont 5,3 Mt de blé dur, inchangée par rapport au mois dernier.

États-Unis : inquiétudes

Aux États-Unis, le temps sec s’est maintenu dans les régions sud productrices de blé Hard Red Winter. Durant la deuxième quinzaine d’avril, l’indice de notation des cultures de blé d’hiver était inférieur à l’an dernier (lorsqu’une gelée tardive avait ensuite engendré des dommages) et inférieur à la moyenne sur 5 ans. Le total de la superficie en blé devrait grimper à 25,8 millions d’hectares, une hausse de 5,6 % par rapport à l’an dernier, et l’essor le plus marqué en dix ans. Le rapport sur les perspectives d’ensemencement publié en mars plaçait la superficie plantée en blé d’hiver à 19 millions d’hectares, en légère hausse sur les estimations antérieures, contre 18,2 millions l’an dernier. La superficie de blé dur devrait enregistrer une progression de 22 %, à 1,1 million d’hectares, alors que les semis des autres blés de printemps devraient progresser de 8 %, à 5,8 millions d’hectares, un chiffre supérieur aux attentes. A la mi-avril, les semis de blé de printemps étaient en avance sur l’an dernier mais en retard sur la moyenne quinquennale. Du fait d’une légère baisse des prévisions de rendement, qui compense la hausse des estimations d’emblavures, les estimations de production, tous blés confondus, sont inchangées, à 61 Mt. Les semis de blé de l’ Argentine devraient reculer en faveur d’autres cultures, notamment dans les régions non traditionnellement productrices de blé. De ce fait, la production devrait fléchir à 14,5 Mt, niveau inchangé par rapport au mois dernier. Au Brésil, les prix élevés et une humidité du sol abondante devraient doper les plantations qui sont en cours dans le centre-sud du pays. Dans le Paraná, où est cultivé près de la moitié du blé du pays, les emblavements pourraient même progresser de 16 %. La production pourrait croître de 10 %, pour atteindre 4,2 Mt.

En Chine, le blé d’hiver se développe bien dans les Plaines du Nord, hormis en certains points des provinces de Shandong et d’Hebei, qui restent trop secs. Les producteurs donnent généralement la préférence au blé comme culture à faible risque et moins gourmande en main-d’œuvre que les légumes ou le coton. Dans certaines régions, il est cultivé en double culture avec le maïs. La production devrait être semblable à l’an dernier, aux alentours de 106 Mt, inchangée par rapport aux prévisions du mois dernier. La moisson est en cours en Inde, interrompue par de fortes pluies et de la grêle dans le Punjab et l’Haryana, mais aucun dégât majeur n'a été signalé jusqu'à présent. Sur la base de bons rendements, la production est estimée à 75,5 Mt, 1 Mt de plus que le mois dernier. Les estimations de récolte du Pakistan sont encore abaissées de 1 Mt et portées à 21,5 Mt, car les pluies récentes sont arrivées trop tard pour améliorer les rendements, qui ont également été touchés par une utilisation moindre d’intrants de production. Bien que les précipitations hivernales aient été meilleures que l’an dernier sur la majeure partie de la Turquie, des conditions sèches sont apparues en certains points d’Anatolie, la principale région productrice du pays, ce qui a abaissé les perspectives de rendement. Les estimations de récolte ont donc été rognées de 1 million à 16,5 Mt. Des pluies modérées en Tunisie et dans l’est de l’ Algérie ont renfloué l’humidité du sol, mais l’ouest de l’Algérie et le sud du Maroc restent secs, avec des températures supérieures à la normale qui stressent les cultures. Après la réduction du mois dernier, les prévisions de production du Maroc sont inchangées à 4 Mt, mais une nouvelle réduction pourrait bien s'imposer si le temps sec persiste. La production de l’ Egypte devrait augmenter à 8,4 Mt. Les semis commenceront bientôt en Australie, facilités par des pluies bénéfiques ayant arrosé les principales régions productrices de blé, notamment en Australie Occidentale. Toutefois, il faudrait plus de précipitations pour reconstituer l’humidité du sol.