Conjoncture / productions animales
Vers une offre avicole plus mesurée
Une demande qui se tient et des offres plus mesurées laissent entrevoir une bonne tenue du commerce à moyen terme
NI EUPHORIQUE, ni catastrophique, la fin d’année 2009 s’annonce des plus classiques pour les filières avicoles françaises. Les produits dits “basiques” ne vont plus tarder à envahir les étals, comme tous les ans à la même période. D’ici là, aucun net changement de tendance commerciale n’est attendu. Les ventes de poulets et de dindes devraient rester assez régulières. Plus discret, le canard ne devrait pas pour autant être laissé de côté. Seul le lapin pourrait finalement être toujours aussi délicat à écouler, bien que la météo hivernale soit désormais plus propice à sa consommation.
A moyen terme, tout dépendra de la tenue de la consommation, puisque du côté de l’offre, une seule ligne de conduite semble se dessiner à l’horizon : le repli.
Vers de nouvelles baisses de production, excepté pour le poulet
Selon l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), en cumul sur les huit premiers mois de l’année comparé à la même période de 2008, les abattages français de volailles auraient reculé de 4,1 % toutes espèces confondues, dont des replis de 1,6 % pour le poulet, 8,6 % pour la dinde, 5,8 % pour le canard et 2,4 % pour la pintade. En revanche, la production de lapin serait restée stable (-0,3 %).
Les prévisions sont à la poursuite de cette baisse des disponibilités. Les dernières données disponibles font état d’un recul de 8,4 % des mises en place de dindonneaux et de 2,5 % pour les pintadeaux. Le recul de la production de lapin pourrait, pour sa part, s’accentuer, compte tenu des difficultés économiques rencontrées par les professionnels de la filière et par leur volonté d’ajuster leurs offres à une demande constamment en repli. Les inséminations auraient d’ailleurs diminué de 4,3 % de janvier à la mi-octobre.
Finalement, seule la production de poulets pourrait se redresser ces prochains mois, les mises en places de poussins de chair s’affichant en hausse de près de 1 % de janvier à août 2009 par rapport aux mêmes mois de 2008. Il faut dire que cette volaille profite d’un intérêt constant des consommateurs. Facile et rapide à cuisiner, à l’image de produit bon pour la santé, le poulet bénéficie également d’un prix au détail attractif pour les ménages, aux alentours de 5,89 euros le kilo selon les derniers relevés du panel Secodip contre 12,67 euros le kilo pour la viande bovine par exemple.
Perspectives incertaines quant aux disponibilités en poules pondeuses
Du côté des poules pondeuses, la tendance de fond depuis le début de l’année est plutôt à la progression des effectifs. Selon l’Itavi, les mises en place de poulettes auraient progressé de près de 5 % en cumul de janvier à juillet comparé à 2008. Il faut dire que le marché de l’œuf se porte plutôt bien pour les éleveurs. Les niveaux de prix sont plus élevés que ces dernières années, se plaçant juste en-dessous de leur haut niveau de 2007. Une telle tenue des cours s’explique à la fois par un développement de la consommation des ménages mais aussi une baisse de la production européenne, et en particulier allemande.
Il est en revanche difficile de prévoir quelle sera l’orientation des effectifs de poules pondeuses ces prochains mois. Tout laisse à penser que les prix des œufs vont rester à des niveaux élevés. La mise aux normes “bien-être animal” des élevages allemands, deux ans avant la date butoir fixée par la Commission européenne, entraîne d’ores et déjà une forte baisse de l’offre et dynamise sérieusement le commerce dans toute l’Europe. Or, un bon niveau de rémunération est susceptible d’inciter les éleveurs à maintenir, voire développer leur production. Du moins ponctuellement, car en France aussi, l’obligation de la mise aux normes des bâtiments approche à grands pas, laissant entrevoir un repli du cheptel.