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Une filière soja sans OGM pourrait percer en Poitou-Charentes... sous condition
Annoncée en grandes pompes par la présidente de région, Ségolène Royal, une nouvelle filière de production de soja sans OGM pourrait se mettre en place en Poitou-Charentes. Pour l’heure, le projet n’en est qu’à sa phase expérimentale. L’objectif : produire du soja sur 15.000 ha d’ici trois ans.
Plus de traçabilité et moins de dépendance américaine
À l’initiative de trois coopératives – Sèvre et Belle (spécialisée en fromage de chèvre), Coréa (collecte) et Charentes Alliance (collecte et élevage) – associées à leur filiale Alicoop (nutrition animale), ce projet s’inscrit dans la volonté de pallier les importations de soja non OGM d’Amérique du Sud, « dont les primes ne cessent d’augmenter. Elles sont passées de 5 €/t à 70 €/t actuellement, avec un pic à 100 €/t cette année, rendant impossible notre politique non OGM », explique Pierre Dalgues, directeur général d’Alicoop.
A terme, si le projet est mené à bien, le soja alimenterait le triturateur Centre Ouest Céréales (Vienne), pour la production de 30.000 t de tourteaux de soja non OGM français. Le manque de fiabilité de la traçabilité des produits non modifiés importés est aussi évoqué. L’idée est d’approvisionner totalement le fabricant Alicoop qui fournit l’aliment aux éleveurs des coopératives, notamment pour la production de fromages de chèvre.
« Le soja doit être aidé comme les protéagineux »
Le déplacement de la présidente de la région Poitou-Charentes a attiré les caméras, mais les dirigeants des sociétés porteuses du projet restent prudents sur son avenir. « Nous sommes en phase de test. Sortir 30.000 t de tourteaux se fera d’ici trois à quatre ans. Mais la démarche ne fonctionnera qu’avec une aide à la production de soja de type protéagineux. Sans cela, le projet est difficilement viable. C’est encore possible au travers des négociations sur la Pac », estime Pierre Dalgues. Stéphane Le Foll a rencontré ces dirigeants. Le projet lui aurait plu et pourrait s’inscrire dans la démarche des GIEE qu’il défend. Pour l’heure, la région Poitou-Charentes a déjà accepté le versement de 30.000 euros qui serviront à « renforcer la recherche et développement pour ce projet », explique Médéric Brunet, directeur de la coopérative Sèvre et Belle.