Une campagne sur l’Egypte bien partie pour les blés français
Alors qu’elle réaffirme ses attentes en matière de qualité, l’Egypte donne sa préférence aux blés français en ce début de campagne
LE CAIRE a commandé la semaine dernière 240.000 t de blé tendre français dans le cadre d’un appel d’offres, qui s’est également soldé par l’achat de 55.000 t de blé américain SRW. En parallèle, le Gasc, office national d’achat égyptien qui garde la main sur la plupart des achats du pays cette année, a durci ses exigences qualitatives pour ses prochaines livraisons en provenance de Russie.
La France privilégiée par Le Caire
Cette nouvelle commande égyptienne de 240.000 t (4 x 60.000 t pour un chargement prévu du 16 au 31 août) porte à 450.000 t les ventes de blés français sur cette destination depuis le début de campagne. L’Hexagone caracole donc en tête des fournisseurs de l’Egypte à cette date, les Etats-Unis ayant vendu 170.000 t et la Russie seulement 60.000 t. Une performance qui couronne le travail de promotion réalisé depuis plusieurs années par le bureau cairote de France Export Céréales, dirigé par Laurent Dornon. « Il est important sur ce marché d’être présent dès le début de campagne, ce que nous sommes arrivés à faire cette année », analyse ce dernier. La campagne 2009/10 serait « beaucoup mieux partie que la précédente », au démarrage laborieux, rappelle Laurent Dornon. Pour mémoire, la France a exporté environ 1 Mt en 2008/09, dont 830.000 t par le Gasc. Un bilan en ligne avec la moyenne de ces dix dernières années, qui a effacé le faible résultat de 2007/08, de seulement 120.000 t. Durant cette campagne, les blés français ne cadraient pas avec le cahier des charges de l’Egypte (modifié tardivement par celle-ci), notamment en termes d’humidité et de PS. Les Américains avaient su profiter de cette ouverture en réagissant vite et plaçant 360.000 t lors de l’appel d’offres qui avait suivi en maintenant leurs prix, alors que le marché français se raffermissait. Cette année, « le contexte est bien meilleur que l’an passé, où les Egyptiens, qui devaient reconstituer leurs stocks, avaient très tôt acheté activement. Cette fois, le rythme est plus classique », précise Laurent Dornon. Et d’ajouter : « Nous sommes confiants pour la suite, mais devons continuer à satisfaire la demande égyptienne en alimentant le marché régulièrement et avec des blés de qualité. »
Restrictions sur les blés russes
Le Gasc a par ailleurs resserré, à compter du 30 juillet, ses critères de sélection des blés russes. Il exige désormais une teneur en protéines de 11,5 % au minimum. Le taux pour l’origine française est en revanche maintenu à 11 %. « Un changement de comportement qui met en évidence les défauts qualitatifs rencontrés à de multiples reprises sur les chargements russes », commente le représentant de FEC. A l’inverse, par leurs récents achats, « les Egyptiens reconnaissent qu’un taux de 11 % de protéines sur les blés français constitue une garantie en matière de qualité technologique », se réjouit-il.
Les perspectives sont donc bonnes pour les ventes françaises sur l’Egypte, premier importateur mondial. Mais la compétition continue. Les Français, avantagé par le fret, ont remporté la mise lors de ce dernier appel d’offres, avec une conclusion en prix Fob à 181.80 $/t, quand le blé américain s’est vendu 177.89 $/t. Relativement délaissé ces derniers temps, le SRW maintient son chemin vers les silos égyptiens. L’an passé, les USA avaient expédié 1,72 Mt sur l’Egypte. Les blés américains, sans présenter les mêmes valeurs technologiques que les blés français, sont, comme eux, réguliers en qualité. Ce qui n’est pas le cas des blés originaires de Russie. Rappelons par ailleurs que le pays, qui a couvert 45 % des besoins d’importation de l’Egypte en 2008/09 (3 Mt environ dont 2,55 Mt par le Gasc) ne dispose plus de blé meunier depuis avril. « Une situation qui joue en la faveur des blés français », reconnaît Laurent Dornon. Les exportateurs de l’Hexagone devront donc rester sur leurs gardes fin août-début septembre, lorsque les volumes russes afflueront. A ce jour, toutefois, la moitié des ventes françaises de l’an dernier a déjà été réalisée. Souhaitons que l’élan soit préservé.