Filière maïs
Une campagne maïs 2020 sous le signe des aléas climatiques
L’AGPM vient de tenir son assemblée générale, entre inquiétudes pour 2020 et esprit combatif pour 2021.
L’AGPM vient de tenir son assemblée générale, entre inquiétudes pour 2020 et esprit combatif pour 2021.
« Nous avons eu un climat très capricieux : difficultés météos avec un début de printemps très chaud et un mois de mai particulièrement frais, un mois de juin correct avant un mois de juillet très sec perturbant l’implantation racinaire et la croissance des plants, puis à nouveau des difficultés en septembre-octobre » a rappelé Jean Paul Lataste, président de la section AGPM maïs doux de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), lors de l’assemblée générale annuelle, le 26 novembre. L’été 2019 avait aussi connu des conditions sèches et l’automne hiver des excès d’eau. Résultat : « les producteurs se sont retrouvés dans l’incapacité de semer leurs cultures d’hiver et se sont reportés sur des cultures de printemps dont le maïs » selon le communiqué de l’AGPM. Au final, la sole de maïs grain 2020 a enregistré une hausse de l’ordre de 10 % pour atteindre 1,57 million d’hectares.
« Les semis ont débuté fin mars, d’abord sur les coteaux de Midi-Pyrénées, puis dans l’Est de la France (Rhône-Alpes et Alsace). Ces premiers semis ont été réalisés dans des conditions très sèches, entrainant des hétérogénéités à la levée et des écarts de stades entre les plantes d’une même parcelle. Les précipitations de retour, en avril et mai, ont été salvatrices pour ces premiers semis. A contrario, elles ont reporté au mois de mai les semis de l’ensemble de la façade Atlantique (Sud Aquitaine, Pays-de-la-Loire et Bretagne notamment) » note le communiqué.
« Les températures tièdes de janvier à avril ont entrainé l’émergence précoce de certains ravageurs sur une bonne partie du territoire telle que la pyrale et la sésamie, cette dernière ayant été particulièrement abondante cette année dans le Sud-Ouest et observée plus au nord de sa zone habituelle ». De lourds dégâts ont été aussi causés par des oiseaux (notamment des corvidés), obligeant à re semer « plusieurs milliers d’hectares ».
Maïs grain : irrigation et rendements
Dès le mois de juin, les maïs se sont retrouvés en condition de stress hydrique prolongé. Du coup, « les maïs non-irrigués ont directement subit les impacts de cette sécheresse avec un potentiel de rendement rapidement dégradé ». Les rendements sont donc très hétérogènes selon les régions et les types de sols. On retrouve également une forte disparité au sein d’un même territoire, selon les dates de semis. Les maïs irrigués ont enregistré des rendements meilleurs avec des rythmes de tours d’eau soutenus, de la fin juin au début du mois d’août. Ceci a entraîné bien évidemment un surcoût en eau, énergie et temps de travail. Cependant, les frais de séchage seront réduits « grâce à des humidités relativement faibles à la récolte ».
Au final, « le rendement national 2020 est estimé à 89,4 q/ha cette année, équivalent à celui de 2019 (89,3 q/ha), soit une production de 13,6 Mt après transfert vers le maïs fourrage (en hausse par rapport à 2019, suite à la hausse des surfaces) ».
Maïs fourrage, maïs semence et maïs doux
Côté maïs fourrage, l’AGPM note que « les zones d’élevage ont également souffert de la sécheresse qui a limité les potentiels de production des prairies et des maïs fourrage ». En conséquence, les transferts de récoltes de maïs grain vers le maïs fourrage sont estimées à 50 000 ha cette année.
La sole française de maïs semence est en hausse pour la troisième année consécutive et a atteint 80 400 ha en 2020, soit + 17 % par rapport à 2019. « Le printemps humide et les excès d’eau de mai dans le grand quart Sud-Ouest, suivi d’un mois de juin frais, ont perturbé les implantations et le début de cycle. La sécheresse et la canicule de fin juillet et jusqu’à la mi-août ont pénalisé les fécondations. Les difficultés se sont poursuivies avec des conditions de récoltes difficiles suites aux intempéries de fin septembre à mi-octobre ».
Au final, le résultat technique est cette année inférieur à l’objectif, « à 86 % de l’objectif » selon Pierre Vincens, président de la section AGPM maïs semence, qui précise aussi que « la dégradation est sans doute plus forte en Roumanie et en Ukraine » avant de conclure sur le fait que « le programme 2021 sera très important ».
Quant au maïs doux, la sole française a atteint 23 000 ha en 2020, en hausse de 3 % par rapport à 2019. A noter que le maïs doux bio représente 6 % du programme de production de ce segment. « La consommation de maïs doux bio a augmenté de 11,5 % en France l’an passé » a expliqué Jean Paul Lataste. Là encore, la campagne a été très perturbée par les aléas climatiques avec, à titre d’exemple et en fin de campagne, des excès d’eau et des vents qui ont généré de la verse pour 4 000 ha de maïs doux et des conditions de récolte difficiles. Les rendements sont attendus en légère baisse par rapport à 2019 (19 t/ha contre 20 t/ha) et la production pourrait être inférieure, finalement, de 10 % à celle de 2019.
Les dossiers à suivre pour 2021
L’inquiétude est de mise en 2020 chez les producteurs de maïs en raison de la multiplication des aléas climatiques mais aussi en raison des contraintes réglementaires, environnementales ou agronomiques toujours plus grandes, et ressenties comme tel.
Les principaux dossiers de travail qui préoccupent les maïsiculteurs (certification, gestion de l’eau, irrigation, assurance météo…) ont connu des avancées mais pas assez rapides selon eux. « Nous sommes dans le creux de la vague et, dans la tourmente, il faut s’attacher à l’essentiel » affirme Daniel Peyraube, président de l’AGPM. Côté bonne nouvelle, le président a redit l'engagement de la filière pour arriver à "10 000 exploitations certifiées HVE en 2025".
En 2021, le président, faisant appel à la ferme volonté de tous ses adhérents, compte progresser encore plus fortement sur le décret concernant les irrigants, sur les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), sur la lutte pour éviter les impasses techniques en matière de traitement des plantes, sur la certification maïs ou encore sur une PAC « compatible avec la maïsiculture française » (avec un premier pilier fort et un deuxième pilier en faveur de l’assurance et de l’investissement, en particulier dans le stockage de l’eau) .
Intervenant en fin d’assemblée générale, en vidéo, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a précisé que le décret irrigant sera « bientôt soumis à concertation » et qu’une équipe-projet dédiée est mise en place au ministère pour accélérer l’examen des projets en matière de PTGE. Il a également indiqué qu’il pousserait l’examen de la certification maïs au niveau de la PAC et a invité les maïsiculteurs à s’emparer le plus possible des possibilités offertes par le plan de relance, en se rapprochant des chambres d’agriculture et des départements.