Un accord générique signé entre les acteurs de la filière Diester
La convention signée au sein de l’interprofession Diester devrait permettre de pérenniser la filière en gérant au mieux les disponibilités et donc les prix
L’AUTORÉGULATION de la filière oléoprotéagineuse est un des soucis majeurs de son interprofession. C’est l’un des messages que Sofiprotéol a souhaité faire passer lors de sa conférence de presse, le 1er mars dernier au Salon international de l’agriculture.
Un engagement durable de la filière
Pour pallier au désengagement progressif de la puissance publique dans l’économie agricole, suite aux réformes de la Pac, la filière oléoprotéagineuse se mobilise. « L’organisation économique reliant producteurs, collecteurs et transformateurs doit être revisitée afin que ces différents acteurs partagent les mêmes objectifs », soutient Xavier Beulin, président de la Fédération des oléoprotéagineux (Fop). Il estime que « la filière Diester peut permettre de revaloriser les matières premières, et pour cela il faut optimiser le rapport entre ses deux débouchés complémentaires que sont l’alimentaire et le non-alimentaire ».
Un accord générique signé par l’interprofession
L’accord générique, signé par l’ensemble de l’interprofession, permet de souligner l’importance de l’adoption d’une démarche contractuelle entre les agents de la filière. Le développement durable dans le secteur du Diester ne date pas d’hier car, « dès les années 1990, la filière a réalisé des analyses de cycle de vie afin de mesurer l’impact environnemental de ses activités » a rappelé Philippe Tillous-Borde, directeur général de Sofiprotéol, qui poursuit en expliquant qu’« au début des années 2000, la filière Diester avait déjà mis en place une charte environnementale en faveur des économies d’énergies et de la réduction des gaz à effet de serre (GES) ». Ainsi, la contractualisation devrait permettre à la filière de se préoccuper davantage des producteurs, en amont, en assurant des conditions de prix et en les sensibilisants à la diminution des GES. De plus, les coopératives, qui sont des actionnaires de ces filières, sont incitées à s’engager auprès d’eux. Au niveau des prix, si un agriculteur engage directement un tiers de ses surfaces en oléagineux pendant trois ans à destination des usines de Diester, la coopérative recevra 14 €/t livrée, dont 10 €/t seront restitués au producteur. Dans le cas où l’organisme collecteur s’engage à livrer un tiers de ses volumes en oléagineux pendant trois ans à la filière Diester, il touchera une prime de 11€/t.
Une démarche volontaire soutenue par les pouvoirs publics
Si la signature de ces accords interprofessionnels rend de fait cette démarche durable obligatoire, elle a d’abord été volontaire par anticipation d’une future réglementation européenne. À ce sujet, Jacques Siret, président de l’Onidol, signale que l’accord interprofessionnel est en passe d’être validé par les pouvoirs publics. En parallèle, l’interprofession a mis en place un projet d’envergure en termes de recherche et de développement sur les biocarburants de seconde génération dénommé BioTfueL. Ce projet, disposant d’un budget de 112,7 M€, bénéficie du soutien de l’Ademe et du conseil régional de Picardie dont les aides s’élèvent à 33,3 M€. L’interprofession et l’État s’apprêtent d’ailleurs à signer prochainement un accord visant à soutenir cette initiative.
Mesurer l’efficacité énergétique
Pour évaluer l’efficience de la démarche de progrès de la filière Diester, des enquêtes ont été réalisées sur 8.000 parcelles entre 2008 et 2009. Trois quarts des émissions de GES sont issus de l’amont agricole dans la production de biodiesel. L’amélioration des performances énergétiques à ce niveau est principalement passée par une hausse des rendements en grains à dose d’azote constante. De plus, une étude en partenariat avec l’Inra tente de modéliser, pour à terme réduire, les émissions en N2O des sols en analysant leur hydromorphie, ainsi que leur situation géographique. Cependant, des leviers d’actions existent au niveau de la transformation industrielle, avec, par exemple, le remplacement du méthanol, d’origine fossile, servant à la transestérification, par un alcool d’origine végétale permettant de réduire l’empreinte carbone de la filière. L’utilisation de sources renouvelables d’énergies, telles que les plaquettes forestières, ou les coques de tournesol, pour faire fonctionner les usines est aussi à l’étude. Enfin, une implantation optimale des sites industriels devrait permettre de réduire l’impact environnemental des transports.
La mutualisation des efforts afin de réguler les prix tout au long de la filière permet de pallier au déficit des politiques publiques. Cette démarche aurait d’ailleurs permis, selon Xavier Beulin, aux cours des oléagineux de mieux se tenir en ces périodes de prix bas.