Tereos mise sur la diversification
Géant européen du sucre, Tereos affiche l’ambition de grossir encore dans les années à venir
«Doubler notre capacité dans les cinq ans fait partie plus ou moins de nos objectifs », a expliqué Philippe Duval, président du directoire de Tereos, en conférence de presse à Paris, le 10 mars. Le groupe transforme 900.000 ha, soit 475.000 t de céréales, 198.000 t de betteraves et 227.000 t de canne à sucre. Il produit 7,5 Mt d’équivalent sucre, sous forme de sucre mais aussi d’amidon et d’éthanol. Les produits amylacés représentent 88 % de son activité, ce qui lui assure la 3e place européenne du secteur. Il occupe le 2e rang en produits sucrants à base d’amidon, et en protéines de blé et dérivés.
« Les cours sont devenus de plus en plus volatils parce que la Pac ne joue plus son rôle de stabilisateur », a rappelé Philippe Duval. Aussi Tereos, qui mène une politique dynamique de croissance externe, mise-t-il plus que jamais sur la diversification de ses productions. Malgré la volatilité du real, ce sont d’ailleurs ses activités brésiliennes qui lui ont permis de limiter à 7,7 % sur 2008/09 la baisse de son CA, de 3,3 Md€ au total. A 453,7 M€, les ventes de sucre et d’alcools brésiliens ont enregistré une progression de 19,5 %, tandis que le CA perdait 5,9 % en Europe et celui généré par l’amidon, 17,7 %. Le revenu avant intérêts et impôts des activités liées à la diversification a été multiplié par près de 4 entre 2004/05 et 2008/09. Elles représentent désormais 61 % du CA du groupe et 64 % du résultat opérationnel. « Plus ou moins 20 à 25 % de notre sucre est fourni par la canne, a souligné Philippe Duval. Tereos entend bien récupérer une partie de ce marché. » Ce qui va se traduire notamment par le développement de synergies entre les sites réunionnais, mozambicain et tanzanien du groupe.
Des marges reconstituées en France
Au niveau français, Tereos a reconstitué des marges après trois années de dégradation. Le redémarrage des exportations de sucre hors quota a participé à ce regain de dynamisme, en redonnant une « capacité d’arbitrage », a souligné Yves Bélegaud, directeur de Tereos France. Celles-ci ont permis « d’optimiser les débouchés en fonction des marges qu’ils permettent », a-t-il précisé. Tenant compte de l’impact de la crise sur le secteur des alcools et des possibilités d’écoulement à l’export, Tereos n’a par exemple produit que 235.000 m3 d’alcools contre 270.000 en 2007/08. La reprise du marché du sucre de bouche a compté. « Nous avons profité du retour du fait à la maison, peut-être favorisé par la crise », a remarqué le directeur. Pour 2009/10, les rendements affichent un record à 94 t/ha, avec une bonne teneur en sucre, de l’ordre de 19,2 %. Et le groupe va profiter de la baisse des coûts de l’énergie. Il a d’ores et déjà annoncé à ses planteurs un complément de prix de 3 €/t.
La campagne 2010/2011 s’annonce plutôt bien. « Nous pensons que l’équilibre mondial sera encore difficile à atteindre en sucre », a indiqué Yves Bélegaud. De fait, un déficit de plusieurs millions de tonnes devrait persister. Fort de nouvelles opportunités à l’export, le groupe a proposé à ses associés-coopérateurs de contracter 8 % de betterave à sucre en plus, pour un prix minimum de 20 €/t. Des contrats qui ont rencontré un franc succès.