Sommet du G8 : haro sur les subventions
Le sommet du G8 consacré à la réduction de la pauvreté en Afrique a été un réquisitoire contre les soutiens agricoles.
Le sommet du G8 organisé à Gleneagles, en Ecosse, du 6 au 8 juillet, a réuni les chefs d’Etat et de gouvernement britannique, français, russe, allemand, américain, japonais, italien et canadien ainsi que le président de la Commission européenne, José Manuel Barrosso. Consacré pour l’essentiel à l’aide en Afrique, le sommet a été le théatre de vives remontrances à l’encontre des subventions à l’exportation européennes et américaines, accusées de fausser la concurrence entre les productions issues des pays y ayant recours et celles des pays africains. A l’issue de ce sommet, une déclaration commune des huit dirigeants des pays du G8 a pu donner satisfaction aux attentes africaines, mais le texte ne comporte ni chiffres ni échéance, restant ainsi une déclaration de bonnes intentions.
Américains et Britanniques de concert
Après s’en être violemment pris à la Politique agricole commune et à son financement lors du sommet de Bruxelles en juin dernier, le Premier ministre britannique, jouissant de la présidence du sommet ainsi que de l’Union eurpéenne a trouvé en Georges Bush un allié de circonstance dans son combat contre la Pac et ses instruments. «Nous voulons travailler avec l'Union européenne pour que nos pays respectifs éliminent les subventions agricoles», a déclaré le 7 juillet le président américain au terme d'une réunion bilatérale avec Tony Blair. «Le meilleur endroit pour cela est le cycle de Doha», et «j’espère que, d'ici 2010, (celui-ci) aura atteint cet objectif». «La position du gouvernement américain est que nous sommes décidés à (abandonner les subventions agricoles), et nous le ferons avec nos amis européens», avait affirmé le président des Etats-Unis. «Nous avons des subventions agricoles, mais pas d'une ampleur comparable à celles de nos amis européens», avait-il également souligné. «Si nous réussissons à libérer totalement le commerce, et si les marchés occidentaux sont ouverts aux pays africains, cela leur réussirait tellement qu'il n'y aurait plus besoin de leur verser des aides. Les bénéfices qui viendraient de l'ouverture des marchés –nos marchés à leurs produits et leurs marchés à nos produits– seraient bien supérieurs au montant de l'aide (que nous leur versons)», avait assuré George Bush.
Au final, ni accord chiffré ni échéance quelconque. On ne retiendra qu’une déclaration commune des huit dirigeants des plus grandes puissances de la planète. «Pour l’agriculture, nous nous engageons à réduire fortement les soutiens qui portent atteinte au fonctionnement du marché et à améliorer nettement l’accès au marché. Nous nous engageons également à éliminer toutes les formes de subventions à l’exportation et à établir des règles communes sur toutes les mesures à l’exportation qui ont un effet équivalent à une date crédible.»
Réactions de Mariann Fischer Boel
En réponse au président américain, la Commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, s’est déclarée «très encouragée par l’apparente volonté des Etats-Unis d’envisager sérieusement une réforme agricole et de mettre sur la table leur Farm Bill». En comparaison avec l’UE, «les paiements américains sont encore largement liés à la production et provoquent donc de sérieuses distorsions des échanges», a-t-elle estimé. «Dans les négociations commerciales mondiales en cours, l’UE a promis de supprimer progressivement toutes les subventions à l’exportation», a rappelé Mariann Fischer Boel. Et de conclure, «mais, avant de se mettre d’accord sur une échéance, nous avons besoin que nos partenaires, en particulier les Etats-Unis, fassent de même, en abolissant progressivement les crédits à l’exportation et l’utilisation d’une aide alimentaire douteuse pour écouler leurs surplus, qui n’est pas un moyen d’assurer la sécurité alimentaire à long terme des pays en développement».