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Des légumineuses pour remplacer le soja en alimentation animale avec le projet Protéi’Sol

L’organisation à but non lucratif Earthworm a profité du Salon international de l’agriculture SIA 2025 pour présenter le projet Protéi’Sol qui fédère les acteurs de la production à la grande distribution pour développer la filière des légumineuses en alimentation animale.

Maelys Viguier, chef de projet RSE sur les achats de matières premières chez Lidl, lance le débat sur le projet Protéi'Sol.
Earthworm et ses partenaires ont présenté Protéi'Sol le 28 février au Salon international de l'agriculture SIA 2025.
© Mikael Juchet

Après la présentation de Fileg plus tôt dans la semaine à l’occasion du salon international de l’agriculture SIA 2025, l’organisation non gouvernementale (ONG) Earthworm a organisé une table ronde le 28 février sur le stand de l’ACTA. Au cours de cet événement, l’ONG a présenté le projet Protéi’Sol en présence des partenaires du programme de production.

En guise d’introduction, Adeline Screve, chargée de partenariat chez Earthworm, a planté le décor avec la nécessité de relocaliser les protéines végétales en France et d’améliorer les sols. C’est justement le but du projet Protéi’Sol dans la région des Hauts-de-France avec le concours de plusieurs partenaires de la production à la grande distribution. A ce jour, la filiale Novial du groupe coopératif Noriap, Terres Inovia, Purina, Lidl et Auchan sont engagés dans ce projet avec Earthworm. Cependant, ce projet attire l’attention et d’autres partenaires souhaitent aussi s’engager dans Protéi’Sol, d'après l'ONG. 

Adeline Screve précise que le soja est aujourd’hui largement importé en France avec 3,5 Mt en provenance d’Amérique du Sud : « Cette fameuse graine oléagineuse est riche en protéine avec un prix compétitif et disponible dans des volumes élevés ». Relocaliser la production de protéines végétales et « remettre des légumineuses dans les rations » sans pénaliser la rémunération des agriculteurs français est au cœur du projet Protéi’Sol.

Lire aussi : Décarbonation : vers une baisse de 600 000 ha de céréales au profit des légumineuses et du tournesol pour atteindre les objectifs gouvernementaux

Décarboner et responsabiliser la filière vis-à-vis de la  déforestation

Maëlys Viguier, chef de projet RSE sur les achats de matières premières chez Lidl, lance le débat : « On veut avoir un impact sur nos filières et responsabiliser notre offre ». Le distributeur ajoute souhaiter « produire plus sur le territoire français ». A ce sujet, Maëlys Viguier précise que l’ambition de Lidl est de réduire le soja importé de 50 % dans leurs produits. 

Dans la foulée, Mathilde Dubocage, chargée des relations filières chez Novial, ajoute que le groupe coopératif Noriap souhaite : « responsabiliser [ses] approvisionnements » mais pointe la problématique autour de la valeur des légumineuses : « c’est un produit plus couteux en formulation ». 

Les légumineuses, une culture phare pour la décarbonation

Chez Purina, Cécile Doinel, responsable du programme de l’agriculture régénérative, s’intéresse particulièrement au volet décarbonation du projet Protéi’Sol : « les légumineuses sont les cultures phare pour la décarbonation de nos activités. Les engagements de Nestlé sont de réduire le carbone partout où c’est possible ». La volonté de l’industriel de la nutrition animale est donc de substituer les protéines animales par les protéines végétales

Des légumineuses pour remplacer les protéines animales par des protéines végétales en alimentation animale

Du côté d’Auchan, l’enseigne travaille la question du bien-être animal depuis 2017 et souhaite désormais supprimer partiellement ou totalement le soja importé dans ses rayons. Mathieu Trenchand, manager qualité chez Auchan, précise que le distributeur ambitionne de réduire de 25 % son empreinte carbone sur le volet Scop3.

Lire aussi : Alimentation animale : le soja non déforestant "mass balance" en passe de devenir la norme en France

Trouver des leviers pour stimuler la production de légumineuses

Si le projet Protéi’Sol fait l’unanimité de ses partenaires autour de ses vertus sur la décarbonation et la non déforestation, des contraintes techniques et économiques limitent encore la progression des légumineuses dans les assolements français.

Motiver les exploitants agricoles à produire des légumineuses

Sur le plan agronomique, Terres Inovia est optimiste pour développer ces cultures dans les Hauts-de-France. Afsaneh Lellahi, directrice adjointe de l’institut technique, indique qu’il est nécessaire de « rassurer les producteurs » avec plusieurs leviers.

La rentabilité de la culture des légumineuses au cœur de la problématique

Tout d’abord, Terres Inovia indique la nécessité de travailler sur de nouvelles variétés à l’aide de la recherche. Ensuite, la directrice adjointe indique qu’il faut travailler sur la valorisation de la protéine de ces cultures. Enfin, Afsaneh Lellahi indique la nécessité de réévaluer la faisabilité et la rentabilité des légumineuses.

Avec son programme Cap Agronomie, Terres Inovia participe au projet Protéi’Sol sous forme d’accompagnement pour conseiller les agriculteurs adhérents de la coopérative Noriap. Afsaneh Lellahi indique aussi que Terres Inovia synthétise des références pour identifier les leviers afin de mieux produire des légumineuses.

Dans un registre plus industriel, Céline Doinel pointe aussi une nécessaire adaptation des process dans l’utilisation de ces cultures. En effet, Nestle Purina a engagé un travail important en recherche et développement pour adapter les recettes de ses produits à l’intégration des légumineuses.

Trouver la bonne valorisation pour lever les contraintes économiques

Du coté de Noriap, Mathilde Bocage indique que les légumineuses sont des cultures délaissées malgré des bénéfices agronomiques évidents. Le groupe coopératif a mis en place des essais dans son réseau pour remotiver ses adhérents. De plus, Noriap bénéficie du partenariat de Terres Inovia pour animer des tours de plaine qui génèrent des retours très positifs de la part des agriculteurs.

Pour autant, si les acteurs sont confiants sur le volet technique, l’aspect financier est celui qui semble représenter le plus grand défi pour développer les légumineuses durablement en France. Chez Auchan, Mathieu Trenchand précise que le but est pour l’instant de tester la démarche dans quelques supermarchés : « On est au démarrage du projet. Il faut maintenant voir comment donner envie au consommateur d’acheter ces produits. » 

La valorisation des légumineuses auprès du consommateur est primordiale

La valorisation auprès du consommateur semble donc un facteur clé de succès et Mathilde Dubocage du groupe Noriap renchérit : « il faut construire et chercher cette valorisation ». Avec Lidl, la démarche semble plus volontariste : « on va prendre en charge ce surcoût », indique Maelys Viguier. Pour les acteurs de l’aval, les enjeux semblent au-delà des considérations marketing et d’image avec les engagements sur le projet Protéi’Sol. En effet, Purina précise que l’enjeu est aussi d’assurer « la résilience des approvisionnements en local en agriculture régénérative et sécuriser les approvisionnements sur le long terme ».

Lire aussi : « La prime pour du soja tracé peut se situer autour de dix fois celle pour du soja mass balance », indique Valérie Bris de LCA NA

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