Arterris et Europastry s’engagent dans une filière de blé de force responsable
Le groupe coopératif Arterris et le leader espagnol de la panification Europastry renforcent leur partenariat en créant une filière transfrontalière de production de farine à base de blé tendre de force responsable, cultivé selon les principes de la norme Afnor NFV 30.001 blé tendre de meunerie (anciennement charte Arvalis/Irtac blé tendre).
Le groupe coopératif Arterris et le leader espagnol de la panification Europastry renforcent leur partenariat en créant une filière transfrontalière de production de farine à base de blé tendre de force responsable, cultivé selon les principes de la norme Afnor NFV 30.001 blé tendre de meunerie (anciennement charte Arvalis/Irtac blé tendre).

Dans le cadre de sa démarche RSE, l’espagnol Europastry, entreprise familiale spécialisée dans les produits de boulangerie surgelés, a la volonté de sécuriser son sourcing en matières premières plus durables pour sa production de farine. Elle a ainsi voulu s’approvisionner en blé responsable, plus respectueux de l’environnement. Le groupe coopératif Arterris, partenaire depuis plus de vingt ans de la société ibérique, lui a proposé de monter une filière contractualisée, sur la base de la norme Afnor NFV 30.001 blé tendre de meunerie (qui a remplacé la charte Arvalis/Irtac blé tendre) et du sans insecticide de stockage (SIS).
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Le blé responsable dont il est question est du blé tendre de force destiné à la fabrication de viennoiserie. Pourquoi ce débouché industriel ? Parce que le client a une meilleure valeur ajoutée sur ce type de produits, ce qui lui permet de supporter le coût supplémentaire de ce blé responsable.
Une filière blé responsable franco-espagnole
« Nous avons contractualisé avec l’entreprise Europastry, à l’envergure européenne, la fourniture de blés français, écrasé en Espagne par notre prestaire de service Moreto. Basé près de Barcelone, non loin des usines utilisatrices d’Europastry, ce moulin, partenaire de longue date d’Arterris, a été choisi pour limiter la logistique, en privilégiant une filière de proximité plus durable et plus économique », détaille Antoine Bernabé, directeur industriel d’Arterris Meunerie. Et d’ajouter : « Si nous avions choisi de transformer le blé en interne, il aurait fallu remonter les grains produits dans le sud-ouest de la France jusqu’à notre moulin de La Toulousaine de farine, près de Narbonne, pour mieux redescendre la farine sur Barcelone. En transportant le blé tendre directement sur Barcelone, on économise quelques kilomètres. De plus, étant donné qu’il est moins onéreux de transporter du blé en benne que de la farine en citerne, on diminue les coûts de logistique. »
Concrètement, Arterris fournit à Europastry environ 2 000 tonnes de blé tendre de force par mois, dont la moitié est désormais certifiée responsable pour la production de viennoiseries et l’autre moitié, dédiée à la panification, reste en blé conventionnel, précise le communiqué commun en date du 4 février.
Un cahier des charges alliant la norme NFV 30.001 et le SIS
Le blé tendre de force répond à la norme Afnor NFV 30.001 blé tendre de meunerie, qui impliquent de bonnes pratiques culturales, en termes de connaissance de la parcelle (analyse de sol) et de traçabilité, afin de n’utiliser que la dose d’intrant nécessaire aux besoins de la plante. « Nous y avons ajouté une contrainte supplémentaire en imposant le SIS, le sans insecticide de stockage, pour limiter les résidus de pesticides sur le grain », précise Antoine Bernabé.
Il s’agit essentiellement de variétés VRM (Variétés recommandées par la meunerie) pour assurer la régularité en termes de rendement, de protéine (entre 13,5 % et 14 %) et de qualité technologique des blés d’année en année.
Une prime variable pour l’agriculteur
Le blé responsable est mieux valorisé que le blé standard car il y a des contraintes de culture supplémentaires imposées aux agriculteurs. La coopérative est également mieux rémunérée car elle a en charge la partie enregistrement et les audits du Bureau Véritas. « La prime est très variable car elle dépend du type de blé et de la part respective attribuée à l’agriculteur et à la coopérative, sachant que la majorité de la prime va au producteur », insiste Antoine Bernabé.
C’est une rémunération plus juste de l’agriculteur, qui lui permet a minima de couvrir les charges supplémentaires de production et procurer un revenu additionnel. Et ce, d’autant que dans le sud de la France, les rendements au champ sont bien inférieurs que ceux du reste du pays, notamment en Beauce ou dans l’Est de la France. « La rentabilité de nos exploitations agricoles n’est pas la même que dans d’autres régions françaises. La création de filières avec toutes les parties prenantes nous permet de maintenir les agriculteurs sur notre territoire car, entre rendements bas et effets du changement climatique, le sud de la France est en première ligne », souligne Antoine Bernabé.
Une production contractualisée qui a vocation à se développer
Les contrats concernent, d’un côté, Arterris Meunerie et Europastry, et, de l’autre, Arterris Meunerie et les agriculteurs de la coopérative Arterris. C’est le groupe Arterris dans son ensemble qui cherche à satisfaire la demande du client final. L’agriculteur s’engage au moment des semis, avec la mise en place d’une traçabilité du champ au silo, et l’obligation de suivre une conduite culturale bien précise.
Le partenariat avec Europastry représente 12 000 t de blé de force par an. À raison de 5- 6 tonnes à l’hectare, cela donne une surface de production comprise entre 2 000 et 2 400 hectares. « Les livraisons de blé responsable ont commencé en septembre-octobre, et malgré la campagne culturale difficile rencontrée en 2024 nous avons réussi à honorer notre contrat, bien que de justesse. Pour la récolte prochaine, la coopérative Arterris a réussi à engager davantage d’agriculteurs dans la filière pour en premier lieu stabiliser la production et en second lieu développer les volumes », commente Antoine Bernabé.
Chaque agriculteur produisant entre 10 et 50 hectares, la filière blé responsable Europastry concerne aujourd’hui environ 150 producteurs.
Un modèle de filière contractualisée qui devrait se multiplier à terme
Globalement, la coopérative Arterris produit environ 250 000 t de blé tendre, dont 120 000 tonnes sont consommées Arterris Meunerie. Le volume de blé responsable, toutes filières confondues (bio, CRC et NFV 30.001), concernent 25 000 et 30 000 tonnes. « C’est une production encore modeste que l’on compte bien développer. Nous n’avons pas d’objectif chiffrés. Mais plus nous engagerons de producteurs dans ces filières contractualisées, plus nous pourrons pérenniser les revenus de nos agriculteurs et plus nous aurons de visibilité », explique Antoine Bernabé.
Le groupe Arterris espère pouvoir embarquer d’autres clients dans cette aventure, français et espagnols. « Ce contrat de filière est un beau projet et un bon compromis, avec un cahier des charges aux exigences mesurées très réalisable. Car, si l’agriculteur ne s’y retrouve pas et n’y trouve que des contraintes, il ne s’engagera pas. C’est pourquoi nous sommes très optimistes », s’enthousiasme Antoine Bernabé.
Plus largement, le groupe Arterris a d’autres projets du même type dans les tuyaux. « Mais tant qu’ils ne sont pas suffisamment avancés, nous ne pouvons pas communiquer dessus au cas où ils n’aboutissent pas », tempère Antoine Bernabé.