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PRÉSIDENTIELLE 2007 L’agriculture selon S. Royal

La candidate du Parti Socialiste nous livre sa vision de l’agriculture. Elle présente les grandes lignes de la politique qu’elle entend mener sur ce secteur

La Dépêche - Si vous étiez élue à la présidence de la République, quelle est la première mesure que vous adopteriez concernant l’agriculture ?

Ségolène Royal : Ma première mission sera de faire face aux nombreuses échéances européennes à court terme : la réforme de l’OCM viti-vinicole, la réforme de l’OCM fruits et légumes que la présidence allemande souhaite faire adopter avant fin juin 2007, et la reprise éventuelle des négociations du cycle de Doha.

Je n’oublie pas les futures discussions sur le “bilan de santé” de la Pac et celles, plus larges, prévues par la clause de réexamen des perspectives financières qui auront lieu en 2008. J’ai déjà indiqué que je souhaitais mettre en place la régionalisation des aides et saisir les possibilités offertes par la modulation, dans le cadre d’une réorientation en faveur des pratiques agro-environnementales. L’agriculture biologique sera encouragée.

Ma démarche repose sur deux idées simples : l’élaboration de la position de la France devra se faire dans le dialogue et la discussion avec tous les acteurs et en particulier les agriculteurs eux-mêmes ; l’agriculture mérite un traitement particulier car elle est au cœur de grands enjeux de société : l’amélioration de l’emploi, la protection de l’environnement, le développement des territoires ruraux, la sécurité sanitaire.

L.D. - Quel regard portez-vous sur la Politique agricole commune, et comment envisagez-vous l'après 2013 ?

Ségolène Royal : Il faudra maintenir une politique agricole commune ambitieuse après 2013, mais en la faisant évoluer. La politique agricole commune est fondée sur des objectifs qui seront toujours légitimes, et en particulier l’indépendance alimentaire, un niveau de vie équitable pour la population agricole et des prix raisonnables pour les consommateurs.

Par contre, il faut accepter d’en corriger les éléments qui ne répondent pas assez à l’objectif de justice sociale et renforcer sa contribution à la protection de l’environnement. C’est à cette condition qu’elle pourra conserver durablement une légitimité aux yeux de nos concitoyens. J’aborderai la réflexion sur l’après 2013 dans cet esprit.

Le budget communautaire ne représente qu’environ 1% du PIB de l’Union européenne. Ce n’est donc pas la Pac qui est trop coûteuse, mais l’effort financier en faveur des politiques communautaires en général, et de celles consacrées à la recherche et aux infrastructures en particulier, qui sont insuffisants.

L.D. - Considérez-vous que les aides publiques sont équitablement réparties ? Pourquoi ?

Ségolène Royal : Les aides ne sont pas aujourd’hui équitablement réparties, parce qu’elles sont attribuées sur la base de ce qu’un agriculteur touchait dans le passé : ce système choisi par le gouvernement actuel aboutit à créer des rentes de situation. C’est pourquoi il faut trouver un système plus juste, qui reflète la réalité du besoin de soutien de chaque agriculteur.

Une solution consiste à faire en sorte que dans chaque région, les aides soient les mêmes pour tous les hectares de terre.

L. D. - Comment envisagez-vous l’avenir de l’export français (céréales en particulier) ?

Ségolène Royal : Les deux tiers de nos exportations agro-alimentaires vont déjà vers les autres pays de l'Union européenne et cela sans subvention aucune. C'est ce qu'il faut maintenir absolument et c'est ce que nous apporte ce grand marché. Pour le reste, la filière céréalière devra être demain capable d’assurer sa présence sur les marchés mondiaux sans le soutien d’aides européennes à l’exportation, contestées à juste titre pour leurs effets pervers sur les marchés des pays pauvres. Symétriquement, je serai intransigeante sur le respect par nos concurrents des mêmes exigences, je pense en particulier aux états-Unis.

L.D. - Certains semenciers annoncent 30.000 ha de maïs OGM en France cette année alors que la législation européenne n'est pas transposée en droit français et que l'actuel gouvernement a abandonné le projet de loi sur les biotechnologies. Comment comptez vous gérer cet épineux dossier ?

Ségolène Royal : Les Français sont opposés aux OGM parce que les scientifiques ne sont pas d'accord entre eux sur leur innocuité et parce que les consommateurs ne voient pas les avantages que ces produits peuvent leur apporter en termes de santé, de goût ou de facilité d'utilisation. Par contre les risques de dissémination dans l'environnement sont bien réels. C'est pourquoi, je ne souhaite pas autoriser les cultures d'OGM en plein champ tant qu'on n'aura pas remédié au risque de dissémination. Je proposerai à nos partenaires de l'Union européenne d'adopter une démarche équivalente à celle retenue pour les médicaments, c'est-à-dire l'instauration d'une procédure nationale d'autorisation de mise en marché (AMM) accordée après une analyse bénéfices/risques pour la société.

L.D. - Quel est votre regard sur la filière des biocarburants agricoles français ? Les encouragerez-vous et si oui, comment ?

Ségolène Royal : Le défi principal que doit relever l'agriculture dans les prochaines décennies c'est bien de nourrir la planète, et de mettre fin à la sous-alimentation qui touche déjà 850 millions de personnes.

Dans ces conditions, l'objectif fixé par l'Union Européenne – la substitution de 5,75 % des carburants pétroliers à l'horizon 2010 – est déjà un objectif ambitieux, qui nécessitera la mobilisation de près de 2 millions d'hectares dans notre pays.

Le bilan énergétique des agro-carburants est favorable, en particulier dans la filière oléagineuse, mais je souhaite que soient généralisées les chartes respectueuses de l'environnement, limitant le recours aux phytosanitaires et aux engrais.

Il conviendra également de mobiliser rapidement la biomasse pour faire émerger une agro-industrie et pour développer la recherche sur les biocarburants de seconde génération, produits à partir de cultures ligno-cellulosiques et du bois, qui pourraient permettre d'atteindre à plus long terme un objectif de substitution de 10% des carburants automobiles. C’est ce que j’ai déjà engagé dans la région Poitou-Charentes que je préside.

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