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Donald Trump lance un bras de fer brutal avec ses partenaires commerciaux

Conformément à ses intentions, le nouveau président des États-Unis a signé samedi 1er février plusieurs décrets pour imposer des nouveaux droits de douane à ses plus importants pays fournisseurs que sont le Canada, le Mexique et la Chine. Les réactions de ses partenaires commerciaux ne se sont pas fait attendre...

Des conteneurs maritimes posés sur le quai d'un port.
Donald Trump impose de nouveaux droits de douanes à partir du 4 février 2025
© Pexels de Pixabay

Samedi 1er février, Donald Trump signe des décrets pour la mise en place de nouvelles taxes douanières sur les importations des États-Unis. Ces décisions devaient entrer en vigueur le 4 février et viser le Canada, le Mexique et la Chine de manière différenciée. Retournement de situation, lundi 3 février : à la suite de négociations avec ses homologues, le président des États-Unis décide de reporter d'un mois l'application de ces nouveaux droits de douane pour le Mexique et le Canada ; seule la Chine reste concernée par ces décrets.

Fentanyl et immigration comme alibi

Donald Trump justifie ces décisions pour presser ces pays à lutter plus efficacement contre la fabrication du fentanyl, une drogue synthétique qui fait des ravages selon Washington. En outre, Donald Trump demande spécifiquement au Mexique et au Canada de prendre des mesures pour réduire l’immigration vers les États-Unis.

En conséquence, les importations états-uniennes de produits d’origine mexicaine et canadienne feront l’objet d’une taxe à 25 %. Le pétrole et le gaz d’origine canadienne font exception avec une taxe spécifique réduite à 10 %. La Chine se voit imposer une taxe supplémentaire de 10 % sur ses produits par Washington à ceux déjà en place. Pour rappel, Donald Trump avait pourtant laissé entendre, lors de son élection en novembre, qu’il porterait les taxes à 60 % contre l’empire du milieu. 

Report de trente jours des nouveaux droits de douane pour le Canada et le Mexique à la suite d'un accord

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a immédiatement répliqué aux décrets de Donald Trump. En effet, le Canada a souhaité imposer aux États-Unis à partir du 4 février des droits de douane de 25 % sur 30 milliards de dollars canadiens sur 1256 produits d’origine états-unienne, puis sur 125 milliards supplémentaires 21 jours plus tard. Après cette riposte forte et immédiate, Ottawa espérait rapidement un retour en arrière de la Maison-Blanche. Par ailleurs, le Canada a considéré ces nouvelles taxes de Washington comme une violation des droits de l’OMC et contraire aux engagements de libre échange qui sont en place avec les États-Unis. Par conséquent, le gouvernement de Justin Trudeau a envisagé de porter plainte prochainement auprès de l’OMC. 

Samedi 2 février, la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a immédiatement condamné la nouvelle politique commerciale de la maison blanche et a promis fermement de protéger les intérêts économiques de son pays. Signalons que l’économie mexicaine est fortement dépendante du commerce avec les États-Unis, qui représente 83 % des exportations nationales. Rapidement, le gouvernement mexicain avait promis « des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique » sans préciser le détail ni le calendrier associé. Toutefois, Claudia Sheinbaum s’est engagée à détailler les mesures de son gouvernement dès lundi 3 février.

La Chine affronte les États-Unis

Du côté de la Chine, la réaction s’est limitée dans un premier temps à des déclarations pour s’opposer à cette surtaxe de 10 %, alors que les festivités pour le Nouvel An lunaire avaient lieu. Pékin a assuré avoir l’intention de répondre avec des mesures appropriées. Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce a déclaré que ces nouveaux droits de douane « viole gravement les règles de l’OMC ».

De plus, la signature des décrets, par Donald Trump, est intervenue pendant le Nouvel An lunaire, un timing qui a quelque peu décontenancé les responsables chinois.

Donald Trump négocie désormais en position de force

Dans une vraie partie de poker géopolitique, le nouveau président des États-Unis a proposé hier, lundi 3 février, d’ouvrir le dialogue sur ses positions commerciales avec le Mexique puis avec le Canada.

En milieu de journée, Donald Trump a fait part, sur son réseau social Truth Social, d’un accord temporaire avec le Mexique. La présidente Claudia Sheinbaum a de fait proposé lundi matin par téléphone avec Donald Trump de renforcer la surveillance de la frontière au nord de son pays avec 10 000 agents supplémentaires, pour lutter contre le trafic du fentanyl. En contrepartie, la maison blanche s’engage à lutter contre le trafique d’armes de gros calibre vers le Mexique. En vertu de ces négociations, les États-Unis suspendent pour une durée de 30 jours les tarifs douaniers pour donner le champ libre pour parvenir à un accord dans les prochains jours. La présidente du Mexique a ensuite déclaré sur le réseau social X : « Nous avons eu une bonne conversation avec le président Trump avec un grand respect pour notre relation et notre souveraineté ; nous sommes parvenus à une série d’accords ». Donald Trump a qualifié la conversation téléphonique avec la présidente du Mexique comme « très amicale » … 

Dans l'après-midi, Donald Trump a déclaré sur Truth Social : « Le Canada a accepté de garantir la sécurité de notre frontière nord et de mettre un terme au fléau mortel des drogues comme le fentanyl qui se déverse dans notre pays, tuant des centaines de milliers d’Américains, tout en détruisant leurs familles et leurs communautés dans tout le pays ». Le locataire de la maison blanche a en effet conclu un accord similaire à celui du Mexique avec Justin Trudeau à la suite d’une conversation téléphonique. L’application des taxes douanières envers le Canada est donc aussi reportée de 30 jours. Le premier ministre du Canada a accepté de renforcer le contrôle de ses frontières pour lutter contre l’immigration et le flux de la drogue du fentanyl vers les États-Unis.

La Chine riposte avant de négocier

De son côté, l'Empire du milieu levant a attendu l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers mardi 4 février au matin pour réagir officiellement à son tour. Pékin vient en effet d’annoncer de nouveaux droits de douane sur les importations de produits états-uniens. Une première taxe de 15 % concerne le charbon et le gaz naturel liquéfié. Une seconde taxe de 10 % sera appliquée principalement sur le pétrole brut et les machines agricoles.

Le ministère chinois du Commerce déclare dans la foulée porter cette affaire devant l’OMC : « La pratique américaine porte gravement atteinte au système commercial multilatéral fondé sur des règles, sape les fondements de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis et perturbe la stabilité de la chaîne industrielle et de la chaîne d'approvisionnement mondiales ».

Donc, les deux pays vont à nouveau croiser le fer sur des rivalités commerciales. Pour autant, ceci n’exclut pas un prochain accord à l’image de Mexique et du Canada. Pékin et Washington devraient se rencontrer dans la semaine pour échanger sur leurs différends et tenter de parvenir à un accord. Toutefois, la Chine semble aborder ces nouvelles menaces plus sereinement que lors du premier mandat de Donald Trump. En effet, l’Empire du milieu a diversifié ses sources d’approvisionnement, à l’image du soja avec des importations du Brésil.

Mikaël Juchet 

Impacts possibles de l’augmentation des droits de douane sur le PIB, le chômage et l’inflation aux États-Unis

Selon de premières études mesurant les conséquences des décisions étatsuniennes, le PIB du pays pourrait reculer de 1,5 % en 2025 et de 2,1 % en 2026 par rapport aux prévisions publiées initialement par le cabinet EY, qui anticipe aussi une hausse de 0,7 % de l’inflation dès le premier trimestre 2025 aux États-Unis. Selon Oxford Economics, les droits de douane supplémentaires pourraient pousser l’inflation étatsunienne au-dessus des 3 % pour les trois premiers trimestres de l’année et à + 2,8 % au quatrième trimestre (contre + 2,2 prévu actuellement), contre des niveaux plus proches de 2 % prévus avant la mise en application de ces nouvelles taxes douanières.  Le taux de chômage en 2025 pourrait passer à 4,5 % contre 4,1 % initialement prévu, toujours selon Oxford Economics.

Thierry Michel

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