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Blé dur
Préserver la compétitivité française

Productivité, qualité, organisation et promotion. Tels sont les leviers de consolidation de la filière blé dur qui lance un plan d’actions sur cinq ans

LA CAMPAGNE 2007/2008 de blé dur apparaît comme une illustration du scénario dit « déstabilisant », qui aurait 12 % de chances de se produire. C’est ce qu’indique l’étude sur les alternatives stratégiques pour la filière à l’horizon 2020, présentée lors de la 11e journée nationale blé dur organisée par Arvalis-Institut du Végétal, le 20 janvier à Aix-en-Provence. Commandée et dirigée par les professionnels, cette étude, réalisée en collaboration avec un cabinet de conseil, propose quatre scénarii d’avenir, soulignant la fragilité du secteur.

Le blé français attendu moins compétitif

Même si les producteurs ont pu profiter de prix records en 2007/2008, la filière ne veut pas revivre une telle situation, qui a marqué la santé financière des industriels, assure Jean-François Gleizes, président du comité de pilotage de la filière. « Personne n’a à y gagner sur la durée », a-t-il insisté. Selon l’étude, c’est un scénario semblable, mais plus raisonnable, qui a le plus de chances de survenir dans les dix ans à venir. La demande mondiale progresserait plus vite que l’offre, créant un écart de 1 à 2 Mt sur un marché de l’ordre de 37 Mt. Le risque : « Le blé dur français serait moins concurrentiel et il deviendrait possible de voir émerger de nouveaux concurrents », a expliqué Sophie Vallade, ingénieur chez Arvalis. Soulignons que la part des blés durs français à l’international est passée de 3,5 % en 1996 à 6,2 % en 2006.

Pour contrer ces perspectives négatives et maintenir une production de blé dur efficace en France, la filière a réfléchi à un plan d’action pour 2009-2013 divisé en quatre axes. Le premier consiste à augmenter et sécuriser la production de blé dur et d’en maîtriser les coûts. Le comité de pilotage prévoit par exemple de relancer des travaux de recherche sur les fusarioses des épis et les maladies racinaires. « Nous sommes loin d’avoir compris l’agressivité des pathogènes », selon Philippe Braun, spécialiste de la culture chez Arvalis. Cet axe comprendra aussi un travail sur l’assurance revenu ou la mise en place d’un observatoire international de suivi de la réglementation et des pratiques culturales des pays proches de nos climats.

Un groupement d’intérêt scientifique pour des systèmes durables et productifs

Le second axe consiste à « proposer des produits blé dur de haute qualité technologique, sanitaire et à haute valeur environnementale. »Il fera appel, entre autres, à la sélection variétale ou à la recherche sur les conduites culturales. « L’Inra, Arvalis, l’Unip, le Cetiom et l’ITB ont décidé de réunir leurs compétences pour construire un programme afin de développer les systèmes de production à haute valeur environnementale, tout en satisfaisant aux conditions de qualité des produits et en permettant à l’agriculteur de vivre de sa production », a par exemple dévoilé Joël Abecassis, de l’Inra. Ce projet devrait se structurer dans les mois à venir sous la forme d’un groupement d’intérêt scientifique. Il intégrerait les budgets déjà dégagés par ces structures sur ce sujet. Le troisisème axe ? « Adapter l’organisation de marché en la rendant plus lisible. » Il serait notamment question de « grading ». « Mis en place par le Canada, l’Australie et les Etats-Unis, ce système est fondé sur la mise en place d’un grade représentatif du produit concerné, a expliqué Michel Ferret, de l’OniGC. La récolte est classée en fonction de ces grades et les prix varient selon le classement. »

Logistique et contractualisation seraient à optimiser. « Continuer à travailler sur les contrats avec l’industrie nous paraît une évidence, a signalé Jean-François Gleizes. Il faut peut-être les toiletter au regard des conditions. Et pourquoi ne pas penser à des contrats pluriannuels ? » Intitulé « Poursuivre les efforts de promotion de la filière blé dur », le dernier axe s’intéresse aux stratégies de communication et de lobbying, points sur lesquels « Nous ne sommes pas bons », a rappelé Jean-François Gleizes. Une réunion du comité de pilotage prévue en mars devrait permettre de dégager des priorités. Même si, pour le président de la filière, « il faut avancer sur tous les fronts en même temps. »

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