Entreprises / Engrais
Pour une harmonisation des réglementations
APRES UNE année 2009 catastrophique, où le chiffre d’affaires engrais et amendements de l’industrie en France a chuté de moitié par rapport à l’exercice précédent (cf. n°3868 en Une), on observe une amélioration des volumes de fertilisants livrés sur la première moitié de l’année. « Les livraisons d’engrais de la campagne 2009/2010, exprimées en élément nutritif de phosphore, récupèrent un tiers du tonnage perdu il y a deux ans, celles de potassium progressent à peine et celles d’azote restent au même niveau », indique l’Union des industries de la fertilisation dans un communiqué du 15 octobre. Cependant, les fabricants d’engrais, en phase de consolidation, craignent pour l’avenir de leurs entreprises.
Meilleures perspectives pour 2010/2011
Le début de reprise enregistré sur la fin de la campagne 2009/2010 se poursuit sur les premiers mois de la campagne 2010/2011. Les fabricants de fertilisants français produisent en flux tendu car il n’y a plus de réserves chez les distributeurs et l’utilisation d’engrais de fond à base de phosphore et de potassium est sollicitée pour l’implantation des cultures d’automne, qui se déroulent en ce moment.
Les prix des matières premières ont amorcé une reprise confirmée en août avec l’annonce de la suspension des exportations de céréales russes. Ce renchérissement est cependant freinée par la faiblesse du dollar vis-à-vis de la monnaie européenne. « Elle sera un élément déterminant dans la décision des agriculteurs pour l’achat des engrais azotés et des engrais composés de printemps », affirme l’Unifa.
L’industrie française de la fertilisation en danger après 2013
La Commission européenne travaille actuellement sur la politique de changement climatique pour 2013-2020, et les producteurs d’engrais sont particulièrement concernés par le volet des gaz à effet de serre. « Les projets de la Directive générale Climat obligeraient notre industrie à réduire ses émissions de plus de 90 %, alors que l’application stricte de la directive du Paquet énergie climat conduit à des baisses de 75 %, baisses sur lesquelles l’industrie s’est engagée », explique l’Unifa.
Si les chiffres de la DG Climat étaient finalement retenus, les industriels devraient acheter entre 25 et 40 € de CO₂ par tonne d’engrais produite, ce qui n’est pas possible dans le contexte de concurrence mondiale qu’ils affrontent actuellement. « Nous demandons que la baisse de 75 % des émissions, à laquelle l’industrie s’est engagée, soit retenue par la Commission, pour éviter les délocalisations et les fuites de carbone », déclare l’Unifa.
L’innovation pénalisée par la législation
Malgré ces menaces, l’industrie continue d’innover et de proposer des produits originaux, plus efficaces et respectueux de l’environnement. « Cependant, ces innovations sont aujourd’hui pénalisées car elles sortent parfois du périmètre historique des matières fertilisantes en France alors que la plupart des pays voisins ont fait évoluer depuis dix ans leur réglementation en conséquence », regrette l’Unifa. Aussi souhaite-t-elle, pour faciliter ces innovations, « qu’évoluent en parallèle et de façon harmonisée les réglementations française, avec des normes révisées, et européenne ».