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Évènement
Potasse : l’équilibre du marché limiterait la baisse des cours

La sortie d’Uralkali, le géant russe de la potasse, de la Belarusian Potash Company, qu’il avait constitué avec son homologue Biélorusse Belaruskali, a conduit à un nouveau recul des cours du minerai. Une dépréciation qui devrait être contenue.

« Les cours de la potasse ne s’écrouleront pas aussi vite que ceux de K+S Kali GmbH à la bourse de Francfort », assure Gilles Poidevin, délégué général de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa). Le leader européen de la production de potasse a en effet vu la valeur de son action s’effondrer de 40 % en deux semaines, suite à l’annonce, le 30 juillet, du divorce du Russe Uralkali et du Biélorusse Belaruskali, deux des géants mondiaux de la production de potasse, qui formaient un véritable “cartel” sur ce marché. Leur société commune, la Belarusian Potash Company (BPC), représentait 40 % de la production mondiale de potasse, contre 35 % pour le leader canadien PotashCorp. Pour enrayer la baisse concomitante de son chiffre d’affaires, l’opérateur russe a déclaré vouloir augmenter sa production de 14 Mt/an, pour une consommation globale de l’ordre de 50 Mt, ce qui aurait un effet baissier significatif sur le prix mondial de la potasse. Les analystes parlent d’une chute de 25 % à terme, avec un niveau tarifaire qui pourrait passer de 400 $/t à 300 $/t en fin d’année, voire 250 $/t (correspondant au coût de revient d’Uralkali). Cependant, confie Gilles Poidevin, « le marché de la potasse étant relativement équilibré, en termes d’offre et de demande, il n’y a aucune raison pour qu’il soit complètement déstabilisé par la décision d’Ural-kali d’accroître sa production ». Solution qui lui paraît irrationnelle au vu des contraintes logistiques, imposées par l’extraction et la distribution de la potasse.

Une chute vertigineuse des cours paraît improbable
« Techniquement parlant, Uralkali n’a pas la possibilité de vendre 30 % de potasse en plus, déclare Gilles Poidevin. Une importante baisse des prix dans ces conditions ne semble pas rationnelle. » Les sources de potasse dans le monde sont, de fait, limitées et se présentent, principalement, sous forme de mines à grande profondeur (entre -400 et -1.200 mètres). Leur exploitation est une entreprise de longue haleine, qui nécessite de lourds investissements. « Même si la société russe réussit à baisser ses prix de seulement 10 % (contre les 25 à 30 % annoncés), tout l’enjeu pour elle est de pouvoir fournir les marchés captés », ajoute le représentant de l’Unifa. Or Uralkali n’a pas les moyens d’accéder à ces nouveaux clients, puisqu’elle n’a plus accès au réseau commercial et logistique de BCP, explique-t-il.
Reste que « la séparation de ces deux grosses sociétés de courtage “en joint-venture” va créer de la concurrence –le nombre d’interve-nants augmentant– et représente par là  même un facteur baissier du marché mondial de la potasse », confirme Olivier Gueydon, courtier en engrais (Marseille).

Les coopératives négocient à la baisse leurs prix d’achat
Alors que les prix de la potasse sur le marché français sont restés stationnaires durant la première moitié de la campagne 2012/2013 (1er mai-30 avril), ils ont accusé trois baisses successives depuis l’automne (cf. graphique). Au recul enregistré en août, suite à l’annonce de la sortie d’Uralkali de BPC, s’ajoute celui provoqué par le coup de force de la Chine et de l’Inde en novembre dernier. Faisant fi des contrats passés, les deux grands importateurs nets, qui représentent à peu près 60 % des besoins en potasse mondiaux, ont mis la pression sur les producteurs du minerai, pour qu’ils réduisent leurs prix. L’effritement des cours de la potasse en début d’année correspond, quant à lui, à « l’effet de balancier, assez commun, par rapport aux prix des céréales », explique Gilles Poidevin. Ces dernières ont vu leurs cours se replier, suite « au bon niveau des récoltes, aussi bien dans l’hémisphère Sud en début d’année qu’actuellement dans l’hémisphère Nord ».
Dans ce contexte baissier, les distributeurs d’engrais potassiques, auprès des agriculteurs, ont profité des effets d’annonce d’Uralkali, pour passer à l’offensive en août. « Les acheteurs, en particulier dans les coopératives, ont commencé à négocier des prix à la baisse avec leurs fournisseurs habituels, indique le délégué général de l’Unifa. Apparemment, les prix de la potasse ont un petit peu baissé puisque qu’ils sont en retrait de -6 à -7 % par rapport à ceux annoncés en début de campagne. »
Les agriculteurs pourraient en profiter pour améliorer la fertilité de leurs sols, qui s’appauvrissent en potassium et en phosphore depuis quarante ans. « Si une remontée de l’utilisation en phosphore est perçue depuis deux à trois ans, ce n’est pas encore le cas en potassium », constate-t-il.

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