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Conjoncture production animale
Porc, une filière exsangue qui attend une meilleure valorisation de ses produits

“ Trois ans, trois crises ” selon l’Institut du porc. Le manque à gagner est important pour la filière qui espère que 2010 sera l’année de la reprise

L’année qui débute pourrait bien être synonyme d’amélioration pour la filière porcine française. C’est en tout cas ce que l’on peut souhaiter à cette filière qui vient d’achever sa troisième année de crise. Certes, de nombreuses incertitudes persistent, mais dans l’ensemble, les prévisions sont favorables à une remontée des prix de vente, surtout en amont de la filière.
La demande sera néanmoins à surveiller de près, puisque c’est d’elle que dépendra l’orientation des tarifs en 2010. Sur notre territoire, la consommation pourrait se placer dans la continuité de 2009. Selon les dernières données du panel TNS-Secodip, les achats de viande fraîche sont restés stables de janvier à novembre comparé à 2008, tandis que les ventes de charcuterie auraient progressé de 1,7 % selon l’Institut du porc (Ifip). A l’export, les incertitudes sont plus importantes, mais tout professionnel de la filière ose croire en une stabilisation de la situation, voire une reprise du commerce. En effet, si 2009 s’est soldée par une baisse de près de 17,2 % de nos expéditions, une petite reprise se fait sentir depuis l’automne et en ce début de mois de janvier, aux dires de professionnels. Un regain d’activité qui concernerait surtout nos clients européens. Vers les pays tiers, aucune évolution majeure n’a lieu mais une amélioration de notre compétitivité n’est pas à exclure. Les viandes nord-américaines (Etats-Unis et Canada) pourraient être un peu plus chères, sous l’effet d’une revalorisation des prix des porcs charcutiers suite à une baisse sensible de leur production. Reste que la parité euro/dollar –défavorable depuis de trop nombreux mois– sera un paramètre à surveiller de près. Et cela d’autant plus que la Commission européenne ne semble toujours pas prête à réinstaurer les restitutions à l’exportation.
Dans le même temps, les premières prévisions de production sont, sur notre territoire, à une baisse de la production, de l’ordre de 2 % selon Jean-Pierre Joly, directeur du Marché du porc breton. Une tendance que l’on retrouverait chez certains de nos voisins européens, et notamment les pays de l’Est. De son côté, la Commission table sur une quasi stabilité de la production de l’Union à 27 sur le début 2010, qui laisserait ensuite place à une diminution des abattages, la plupart des Etats membres faisant état d’une baisse marquée de leurs effectifs dans les enquêtes cheptel de novembre dernier.

Pas de bouleversement en vue pour les autres viandes de boucherie
Deux filières ne devraient noter aucun changement majeur dans l’orientation de leur commerce : le veau et l’agneau. Pour le veau, la consommation devrait rester régulière, voire pourrait se montrer un peu plus soutenue si les prix au détail venaient à s’effriter. Dans le même temps, les intégrateurs comme les abattoirs sauront maîtriser leurs offres et ne proposer aux détaillants que les volumes nécessaires, contrôlant par là même leurs prix de vente. En agneau, en revanche, la consommation des ménages devrait une nouvelle fois se replier, les habitudes alimentaires laissant de plus en plus de côté cette viande jugée par la plupart des consommateurs forte en goût et délicate à cuisiner. Aucune détente tarifaire n’est toutefois à prévoir, les disponibilités en élevage se repliant régulièrement, tant en France que chez nos principaux fournisseurs (Irlande et Royaume-Uni).
Finalement, seule la filière bovine pourrait noter quelques frémissements. Du moins si la tendance de ce début d’année se confirme. En effet, le prix du lait serait reparti à la hausse sur la fin 2009 ou le début 2010, ce qui pourrait inciter les éleveurs à reprendre confiance en leur production laitière et garder un peu plus longtemps leurs femelles. Une tendance qui se traduirait par une diminution des apports aux abattoirs et pourrait avoir un effet de levier sur les cours.

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