Plan « global et cohérent » pour la bio
En marge des assises de la bio prévues le 2 octobre, Michel Barnier propose un plan d’action s’étalant sur cinq ans en faveur de l’agriculture biologique
DÉVELOPPEMENT. À l’approche des assises nationales de l’agriculture biologique, le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a présenté le 12 septembre un plan d’action sur cinq ans en faveur de l’agriculture biologique, devant le grand conseil d’orientation de l’Agence Bio. Ce plan de développement de la Bio, qualifié de « global, cohérent et allant dans le bon sens » par Élisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio, sera l’une des contributions du ministère de l’Agriculture dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. Il prend en compte « les réflexions engagées par les groupes de travail réunis dans ce cadre », a indiqué Michel Barnier.
« C’est sur l’amont de la production que nos efforts doivent porter »
Sans moyens, pas de promotion de l’agriculture biologique. Ainsi, en amont de la production, le ministre plaide pour une « réorganisation et une croissance des moyens », en favorisant les échanges et les synergies entre organismes de recherche et de développement existants, grâce à une enveloppe globale d’1M€. C’est l’Acta (l’Association de coordination technique agricole) qui devrait être prévilégiée comme « structure de coordination » des actions de recherche en faveur de l’agriculture bio. Sera également créé un réseau mixte technologique en agriculture biologique pour « accélérer le travail de collaboration » entre la recherche, les instituts techniques, les chambres d’Agriculture et les établissements d’enseignement. Pour ces derniers, « le ministre a bien une volonté d’inscrire la bio dans les cursus scolaires », atteste François Thierry, membre de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab). Et pas uniquement pour les formations en agriculture. Michel Barnier devrait ainsi proposer à son homologue de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, d’intégrer un module sur la bio « dans le cadre de l’éducation à l’environnement pour un développement durable ».
Favoriser le développement de l’offre pour répondre aux besoins croissants
À l’heure actuelle, il y a inadéquation entre demande et offre de produits bio. La première progresse tandis que la production française stagne. Ce problème de raréfaction des matières premières met « certaines entreprises en grande difficulté », rappelle Élisabeth Mercier, à la fois en terme d’approvisionnement que de flambée des prix de certaines matières premières. D’où un besoin « impératif » de pérenniser et développer les conversions en mode biologique.
Michel Barnier, conscient de cette nécessité, promet de « reconduire et revaloriser le crédit d’impôt », proposition qui nécessite toutefois l’approbation du Parlement. L’enjeu est de taille puisqu’en 2012, le ministre souhaite que l’offre française réponde pleinement à la demande en produits biologiques. Il étudiera par ailleurs la possibilité de compléter cette proposition par une « mesure d’aide au maintien ciblée sur des actions collectives, territoriales et contractuelles, renforçant la structuration des filières ».
Besoin de structurer les filières
Cet appui à la réorganisation est indispensable, d’autant que les ressources et les moyens sont parfois très variables d’une région à l’autre. Pour ce faire, un budget de 3 millions d’euros par an sur cinq ans (2007-2012) sera alloué à l’Agence Bio. Le but étant de permettre d’accompagner des projets impliquant différents maillons des filières, « visant à garantir aux producteurs des débouchés ainsi qu’une valorisation de leurs produits, et aux opérateurs de l’aval un approvisionnement régulier ». Par ailleurs, pour les entreprises désirant investir dans une activité agrobiologique dans un partenariat avec « l’amont agricole », Michel Barnier promet que l’État se mobilisera pour accompagner ces entreprises. Une priorité d’accès au Fonds d’intervention stratégique des industries agroalimentaires (FISIAA) sera instaurée pour accompagner leurs investissements, et le « prochain appel à projet sera adapté en ce sens ».
Parmi d’autres actions envisagées, le développement de la consommation de produits bio doit passer par un essor de l’offre en restauration collective, afin de développer le « réflexe » de consommation bio, celle-ci ne devant pas être seulement réservée à une élite. Le ministre souhaite ainsi œuvrer pour une présence systématique de produits bio au menu des restaurants scolaires de l’enseignement agricole et de celui du ministère, rue de Varennes.
Si les représentants de la bio, comme François Thierry, se disent « confiants » par rapport aux propositions du ministre, il reste à « préciser quelle agriculture bio on veut mettre en œuvre ». Clin d’œil adressé au récent processus de rapprochement des réglementations nationale et européenne, qui soulève des inquiétudes, notamment par rapport aux niveaux d’exigence. Le ministre a en tout cas assuré que la France veillera à ce que les règles d’application du règlement – qui entrera en application au 1 er janvier 2009 – soient « cohérentes, complètes, d’un niveau d’exigences élevé, et que l’agriculture biologique reste un mode de production reconnu et répondant entièrement aux attentes des consommateurs ». Quant au sujet des OGM, « il sera abordé dans le cadre du Grenelle de l’Environnement ». Les professionnels de la bio attendent que le ministre s’appuie sur leurs « compétences », dans un souci de transparence et de respect des productions.