Filière blé dur
Pénurie majeure et crise pour les fabricants de pâtes utilisateurs de blé dur
Les moissons 2021 n’augurent rien de bon pour la filière, ni en France, ni dans le monde
Les moissons 2021 n’augurent rien de bon pour la filière, ni en France, ni dans le monde
Dans un communiqué paru le 16 août, le Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France / Comité français de la semoulerie industrielle (Sifpaf/CFSI) écrit que « le dérèglement climatique met en danger le marché des pâtes alimentaires : des pluies beaucoup trop abondantes en Europe et une sécheresse sans précédent au Canada conduisent à une pénurie de blé dur et à la flambée historique des prix mondiaux ».
Tous les indicateurs ont viré aux jours en « très peu de temps » déplore le syndicat : récolte prévue en baisse de 32 % par rapport à la moyenne sur cinq ans, à 4,2 Mt, et de 30 % par rapport à la précédente estimation de juillet au Canada (par ailleurs représentant les 2/3 du commerce mondial de blé dur) ; récolte de 7,3 Mt en Europe pour des besoins estimés à 9,5 Mt et enfin un potentiel français pressenti fortement en baisse par rapport aux estimations initiales en raison de l’abondance des pluies tardives (pendant la floraison et pendant la moisson). Un opérateur hexagonal important de la collecte de blé dur parle « d’un gros souci » avec l’indicateur du temps de chute de Hagberg, inférieur à 150 pour ce qui a été récolté à ce jour. Et côté stocks, « la projection des stocks mondiaux fin de campagne est annoncée en forte baisse de plus de 22 %, soit le plus bas depuis plus de 10 ans ! » peut-on lire dans le bulletin numéro 2 « Flash Info BI&S » de Bellevue Ingrédients et Solutions (groupe Panzani) sur la récolte de blé dur 2021, reprenant les chiffres communiqués par le Conseil international des céréales (CIC).
Dans ce même bulletin, il est confirmé qu’« avec plus de deux semaines de retard, les différents chantiers de récolte en France ont pu démarrer apportant leurs lots de déceptions », en raison des pluies de juin et de juillet qui ont eu des conséquences négatives sur à la fois le potentiel de rendement et la qualité des blés durs. La récolte est aujourd’hui terminée et la production hexagonale pourrait atteindre 1,4 Mt, mieux qu’en 2020 (1,29 Mt) mais un des niveaux les plus faibles depuis 2010 : 2,52 Mt en 2010 (un record), 1,45 Mt en 2014 (le plus bas hors 2020).
Espagne et Italie
La récolte espagnole est estimée aujourd’hui à 700 000 t, laissant un disponible exportable de 200 000 t. La qualité de la récolte est estimée comme moyenne et hétérogène. La demande reste forte sur ce marché.
En Italie, la production apparaît comme stable comparée à l’an passé (3,83 Mt contre 3,89 Mt un an plus tôt) mais assez éloignée des 4,4 Mt espérées en raison d’une hausse des surfaces semées. L’Italie est un pays qui consomme 6 Mt de blé dur par an et donc, cette année, le pays sera encore très présent sur les marchés pour importer quelques 2 Mt.
Les volumes de production sont donc en retrait et « les qualités très hétérogènes ». Bellevue Ingrédients et Solutions estime à + 25 €/t en moyenne la hausse des prix depuis un mois.
Preuve de la difficulté à trouver un équilibre de marché entre acheteurs et vendeurs, les cotations de blé dur de FranceAgriMer sont suspendues depuis mi-juillet. Au niveau du marché mondial, le prix de référence des blés durs subit une hausse de 30 % depuis quelques semaines. Et les représentants du syndicat professionnel des fabricants redoutent une accélération de cette hausse lorsque sera connu le volume final de la production canadienne.
L’industrie des pâtes alimentaires tient donc à alerter les pouvoirs publics sur l’entrée subite en crise de pénurie majeure sur l’approvisionnement en blé dur et en appelle « expressément aux Pouvoirs Publics afin de mettre en place un plan d’urgence pour lui permettre d’assurer son approvisionnement en blé français et de répercuter, en ligne avec les EGA, l’explosion du prix du blé dur dans les prix de vente pour traverser cette crise exceptionnelle ».