Marchés
Montée en puissance du biodiesel français produit à partir de déchets
Depuis ses débuts, le marché du biodiesel français s’est concentré sur la production de biodiesel à base d’huile végétale, et principalement de colza. Mais depuis la remise en question de la durabilité des biocarburants de première génération, suite notamment à l’étude de l’IFPRI, le cadre législatif est mouvant et incertain. En septembre dernier, l’Etat français a préconisé une pause dans les biocarburants de première génération en souhaitant plafonner leur taux d’incorporation dans l’essence à 7 %. Bruxelles souhaitait le limiter à 5 %. Dernier revers en date, le vote de la commission environnement du Parlement du rapport “Corinne Lepage”, préconsiant un taux d’incorporation de 5,5 %.
En réponse, deux acteurs français ont décidé de se lancer dans la production de biodiesel à base d’huile de friture et de graisse animale. Les projets ont failli prendre un mauvais départ suite à une proposition circulant à Bruxelles, le 11 juin, visant à supprimer le double-comptage du biodiesel issu des huiles alimentaires usagées. Mais suite à une lettre envoyée au Parlement par les principaux acteurs de cette filière, ce dernier leur a donné raison. Un vote officiel doit avoir lieu au mois de septembre.
« Jusqu’à présent, la France est un acteur plutôt mineur dans la production de biodiesel à partir de déchets, l’Allemagne, la Hollande et l’Espagne étant en tête », avance Fabien Hillairet, dirigeant de Greenea. Cependant, deux géants vont voir le jour à l’automne avec des partenariats en amont, au niveau de l’approvisionnement en graisse et huile alimentaire usagée. D’un côté l’unité de production d’Intermarché en partenariat avec Saria, le plus grand producteur de graisses animales de la France. « Avec un investissement de 40 M€ et une production qui devrait débuter en octobre 2013 “ Ecomotion France ” sera l’une des plus importantes usines d’EMHU et EMHA en Europe avec une production mensuelle d’environ 7.000 t. La production de Saria France couvrira 50 à 60 % des besoins en matières premières », estime Fabien Hillairet. De l’autre côté, Diester Industrie s’est rapproché d’un grand équarisseur français, également actif dans la collecte des huiles alimentaires usagées. La production aurait lieu sur le site de Venette avec un volume annoncé à termes de 80.000 t de EMHA et de EMHU par an.
Le défi de l’approvisionnement
« Le challenge le plus important pour ces nouvelles unités va être l’approvisionnement en matières premières. D’autant plus que l’élevage est plutôt en berne au niveau français, ne permettant pas pour l’instant l’augmentation des volumes de graisse animale disponibles. Sur les huiles de friture, il pourrait y avoir une augmentation de la collecte, mais il faut savoir que les fast-foods sont dans une dynamique de réduire leur consommations en huile de friture », indique le dirigeant de Greenea. Les collecteurs européens d’HAU et de graisse animale, et les producteurs de biodiesel à partir de déchets vont concentrer leurs efforts entre juillet et septembre pour construire et structurer une filière jusque-là très fragmentée. En effet, « il est temps que la filière soit reconnue auprès des Institutions au niveau Européen ».