Moisson 2005 : un premier tour de plaine plutôt rassurant
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la campagne de commercialisation 2005/2006 sera technique, quand on s’aperçoit de l’extrême hétérogénéité de la récolte. Premier bilan.
LA MOISSON aura pris du temps cette année, avec une vague orageuse qui est venue perturber la fin des coupes dans certaines régions et contrarier le début de la récolte pour les zones Nord et Est.
Malgré ce long épisode pluvieux qui a provoqué des dégâts parfois lourds, mais très localisés, les volumes à commercialiser seront bien là, notamment en blé tendre, blé dur et orges. D’autant que, faut-il le rappeler, les stocks de report sur la campagne 2005/2006 sont importants. Donc pas d’affolement, nous aurons certainement assez de volumes, de qualités assez diverses certes, à offrir à nos acheteurs, notamment à l’exportation. Il faudra vendre, et ce sera plutôt là où l’on risque de trouver le plus de problèmes, sachant qu’en ce début de campagne, la Russie est déjà très présente sur le bassin Méditerranéen…
De plus, cette récolte 2005 arrive juste après une moisson 2004 que l’on peut qualifier d’exceptionnelle en terme de volumes. Pas facile de se remettre de telles performances.
Blé tendre : records en protéines !
Fin juillet, l’Onic (Office national interprofessionnel des céréales) annonçait une production de blé tendre en France légèrement inférieure à 36 Mt, avec un rendement moyen national très correct de l’ordre de 73 q/ha.
Bien sûr l’hétérogénéité est le qualificatif le plus approprié pour cette récolte 2005. Au sud du pays, le rendement moyen se situe entre 60 et 70 q/ha avec des teneurs en protéines très correctes, et généralement supérieures à 12%. Les PS moyens, quant à eux se situent entre 75 et 80 kg/hl.
En revanche, c’est beaucoup moins bon pour la région Rhône-Alpes, avec une baisse des rendements de 20 à 30% par rapport au potentiel présent au printemps.
En règle générale, pour la zone nord Loire, on enregistre en moyenne une baisse de rendement de 5 à 10 q/ha avec des taux de protéines supérieurs à 12% et des Hagberg souvent supérieurs à 250s.
C’est le cas pour la région Poitou-Charentes, avec une baisse des rendements de 10 à 15%, des PS compris entre 74 et 76 kg/hl, des taux de protéines qui se situent presque toujours entre 12 et 13% et de très bons temps de chute de Hagberg.
Dans le Centre, le rendement moyen atteint péniblement 69 q/ha, soit une baisse de 10% sur 2004, mais avec des taux de protéines compris entre 12 et 13% et de très bons Hagberg aussi.
Dans l’Indre et le Cher, les rendements sont en baisse de 10% et les taux de protéines en moyenne entre 12 et 13%.
La Bourgogne est divisée, comme souvent, en deux parties. Au sud de Dijon, une grande partie de la récolte a été effectuée avant les pluies de la mi-juillet et les résultats sont excellents. Les rendements, même en baisse de 15% sur 2004, oscillent entre 65 et 80 q/ha, avec des taux de protéines compris entre 12 et 14% et des Hagberg entre 250 et 300s.
Le nord de la Bourgogne a été copieusement arrosé alors qu’à peine la moitié de la récolte avait été rentrée. Après les pluies, les rendements ont été en forte baisse, avec une qualité très altérée. C’est encore pire en Haute-Marne, où les premières coupes avaient enregistré des rendements de l’ordre de 80 à 85 q/ha, mais la plupart de blés ont pris beaucoup d’eau ce qui a entraîné une chute vertigineuse des PS (72 kg/hl).
Dans l’Aube, les rendements moyens se situent entre 75 et 80 q/ha, de bons PS et des taux de protéines corrects. Performance plus contrastée dans l’Yonne, où la moisson s’est éternisée, avec un rendement moyen de 70 q/ha.
Rendements plutôt bas en Indre-et-Loire, aux alentours de 65 q/ha, mais la qualité est au rendez-vous avec des PS et Hagberg corrects et des taux de protéines moyens de 12,5%.
Plus à l’Ouest, la tendance est également bonne. Dans la Sarthe par exemple, le rendement moyen atteint 70 q/ha, avec de bons PS et des taux de protéines entre 11,5 et 12%. Pour la Manche, les premières coupes révèlent un rendement moyen également de 70 q/ha. En Normandie, il devrait dépasser les 80 q/ha.
La Beauce n’est pas parmi les mieux lotis cette année. Nombreux ont été les blés à subir les affres d’un été orageux et le grenier à blé français a subi quelques déconvenues. En Eure-et-Loir et Loir-et-Cher, on observe des rendements entre 60 et 80 q/ha, guère plus, et si la protéine est au rendez-vous, au-delà de 12%, les PS et le Hagberg ont été altérés.
Très forte hétérogénéité aussi en Seine-et-Marne, avec des rendements qui vont d’un extrême à l’autre (de 65 à 100 q/ha) et donc une moyenne qui se situe vers les 80 q/ha. Les PS moyens sont autour de 80 kg/hl et les taux de protéines en général supérieurs à 12%.
L’Ile de France a enregistré des rendements moyens entre 75 et 80 q/ha avec des qualités jugées satisfaisantes.
La Champagne, quant à elle, enregistre aussi une baisse de rendement de 10 à 15%, avec une moyenne de 77 q/ha. Pas de souci pour les protéines qui dépassent toujours les 11,5% pour atteindre souvent les 13%.
Les récoltes ont débuté, la semaine passée, dans le Nord de la France et ont rapidement avancé dans l’est du pays. En nord Picardie et Pas-de-Calais, la pluie de juillet est arrivée, en général, alors que les blés n’étaient pas encore tout à fait mûrs. Les PS sont bons, compris entre 76 et 82 kg/hl, avec des rendements qui oscillent entre 80 et 85 q/ha et une qualité générale satisfaisante notamment pour les protéines.
Orges : du bon et du moins bon
Selon l’Onic, les récoltes d’orges d’hiver, qui maintenant terminées, enregistrent des rendements qui varient de 55 à 85 q/ha selon les régions, avec une moyenne nationale proche de 70 q/ha comparable à celle de l’an dernier. Ils sont bons à très bons dans les régions du Centre, du Centre-Est et du grand Ouest. En revanche, dans les régions du Nord-Est, les rendements sont en léger retrait par rapport à 2004.
La production d’orges d’hiver reste estimée à 7,2 Mt. Les qualités sont satisfaisantes malgré des PS plus bas que d’habitude suite au phénomène d'échaudage plus ou moins marqué selon les sols : bons calibrages (souvent > 75%) et teneurs en protéines voisines de 10,5%. En remontant vers le Nord, les calibrages sont plus faibles et les teneurs en protéines compatibles avec une utilisation brassicole.
En Ile-de-France, le rendement moyen est de 80-85 q/ha avec un calibrage correct. Il se situe autour de 60 à 65 q/ha dans l’Aisne, 75 à 85 q/ha dans le Calvados et en moyenne 80 q/ha dans la Somme.
Les récoltes d’orges de printemps se terminent en région Centre, elles sont réalisées à plus de 70% en Bourgogne, Champagne et Picardie. Les rendements sont hétérogènes, parfois décevants, à cause de la sécheresse et en relation avec la profondeur des sols et la possibilité d’irriguer. La production reste estimée à 3,2 Mt. Les teneurs en protéines, plus élevées que l’an dernier (entre 10,5 et 11,5%) et les calibrages, inférieurs à ceux de 2004, restent corrects.
Dans l’Est du pays, les rendements seraient en baisse de 25% et au moins 10% de la récolte enregistrerait des calibrages hors normes.
blé dur : du très bon !
Les récoltes sont partout achevées et les rendements sont très hétérogènes en fonction des zones géographiques, des sols et de l'irrigation. La moyenne nationale, estimée à 49 q/ha est en retrait de 2 points par rapport à l’an dernier. Quelques déceptions sont enregistrées dans le Sud-Est et en région Centre, où le potentiel était très élevé avant les fortes chaleurs de juin. Toutefois, la production nationale resterait supérieure à 2 Mt, record équivalent à celui de l’an dernier grâce à une légère augmentation des surfaces. Les PS sont plus faibles que l’an passé.
Les teneurs en protéines sont bonnes, de 14 à 15% dans le Sud-Est, à plus de 13,5% dans le Sud-Ouest, entre 13 et 14% ailleurs. Autant de résultats qui permettent à l’Onic de dire qu’avec peu de moucheture et de mitadin, le blé dur 2005 devrait pleinement satisfaire les semouliers.
Colza : une bonne année
La récolte 2005 de colza français est jugée en règle générale comme étant bonne, tant en rendement qu’en qualité. Les rendements oscillent entre 30 et 45 q/ha dans le Pas-de-Calais, aux environs de 40 q/ha dans la Somme, de 35 à 50 q/ha selon les terres dans l’Aisne, 40 à 45 q/ha en Ile-de-France, 30 à 45 q/ha dans l’Eure, le Calvados et la Manche, 35 q/ha en Eure-et-Loir, 35 à 45 q/ha en Loir-et-Cher, 38 q/ha en Indre-et-Loire, 30 à 35 q/ha dans l’Yonne, 35 à 40 q/ha en Côte-d’Or et en Haute-Marne.