Rendez-vous professionnel - A l’occasion de la jounée Culturhône, le point sur les filières régionales
“Mettre en place une forme de commerce équitable pour la filière blé dur locale”
DENIS MAUCCI, directeur de la coopérative de Bollène/Barjac, qui organise la journée Culturhône le 20 mai 2009
La Dépêche-Le Petit Meunier : Pourquoi avoir choisi le thème “Produire plus et mieux” pour cette nouvelle édition de la journée Culturhône ?
Denis Maucci : Produire plus s’entend entre autres en terme de volumes. Notre principale production, le blé dur, devrait être insuffisante et inférieure à la demande mondiale 6 années sur 10, d’après un audit national sur la filière. Au niveau régional, elle est structurellement déficitaire dans une zone traditionnelle blé dur. La demande locale (essentiellement Marseille, avec les deux groupes constitués de Panzani et Nutrixo, et Chambéry avec Alpina Savoie) constitue le débouché principal que nous pouvons satisfaire suivant les années, dans la limite de 50 à 70 % de leurs besoins industriels. Et à condition qu’aucune exportation ne se réalise.
La filière fonctionne bien, elle est même exemplaire, mais il faudrait mettre en place une forme de « commerce équitable », en commençant par l’appliquer chez nous avant de vouloir le faire chez les autres. D’autant plus que chaque maillon de la filière contribue à une production de proximité, favorisant un faible bilan carbone, et de qualité. Il contribue aussi à l’emploi régional et national. L’enjeu est de développer la rentabilité de cette culture au niveau régional dans l’intérêt de l’ensemble de la filière. Une chaîne n’a la force que du maillon le plus faible et le maillon essentiel et indispensable est et restera le producteur « agriculteur ».
Produire plus, c’est aussi maximiser son revenu, ce qui passe par une bonne connaissance de ses coûts. Pour cela, nous menons de très nombreuses formations auprès de nos adhérents. Par exemple, des stages sur les coûts de mécanisation dans les exploitations (3 jours) ou sur la conduite du blé dur (5 jours). La journée Culturhône est organisée pour les sensibiliser et leur faire partager leur expérience.
Produire mieux pour un agriculteur, c’est à la fois pour la qualité de ses produits récoltés mais aussi au niveau de ses coûts. Les décisions que prend aujourd’hui un céréalier sont multipliées par le nombre d’hectares exploités. Et elles s’amplifient de par le regroupement des structures. Une bonne décision, c’est un bon produit au bon moment, au meilleur prix et à la bonne dose. Tout cela a un effet de levier économique sur l’ensemble de l’exploi-tation. Si on fait le contraire, on prend un coup de massue à la récolte !
La Dépêche-Le Petit Meunier : Quel bilan tirez-vous de la campagne actuelle et quelles sont les perspectives pour la prochaine ?
D. M. : La campagne 2008/09 a été difficile en qualité en raison des PS faibles, l’excès de pluies au printemps 2008 étant l’une des principales causes de ces résultats. Les volumes ont été bons en collecte d’été et d’automne.
La récolte d’été 2009 risque d’être faible en quantité. Là encore, la pluie en excès de novembre à fin février est la principale responsable des mauvaises conditions de semis et une proportion de semis très tardifs importante.
L’offre blé dur sera très insuffisante pour assurer les besoins industriels. Par contre, les soles en sorghos et tournesols seront en forte hausse pour les raisons climatiques évoquées, tout comme les cultures de riz en Camargue en raison de prix actuels motivants.
La Dépêche-Le Petit Meunier : Qu’apporte ce rendez-vous à vos filières ?
D. M. : Ces journées « grandes cultures » ont été motivées pour réunir l’ensemble de la filière dans un même lieu sur une journée dans une région dite « peu céréalière ». Il s’agit de la sixième journée agricole que nous organisons depuis 1996.
Arvalis et le Cetiom mènent des essais techniques financés par la Région Paca, le Conseil Général de Vaucluse et la coopérative de Bollène/ Barjac. Nous pensons qu’il est essentiel et indispensable qu’ils soient visités par le plus grand nombre d’agriculteurs, de semenciers, de technico-commerciaux, de coopératives…
D’autre part, nos propres adhérents mènent des essais de préparation du lit de semence (du labour au semis à la volée) depuis plusieurs années, ils peuvent et veulent partager leurs expériences avec leurs collègues (bilan carbone, coûts, rendement…). En tant que directeur de coopérative, j’ai toujours pensé que les agriculteurs attendent, en plus d’une maximisation de leurs revenus, un outil performant et pérenne, des services, mais aussi un lieu d’échange, d’expériences, de partage et de convivialité. La coopérative est aussi un lieu qui doit être rempli d’humanité. Un aspect à nos yeux essentiel.
Cette journée revêt un caractère plus important cette année car elle est organisée avec la CAPL (coopérative d’approvisionnement Provence Languedoc) et deux partenaires : la coopérative Ardechoise et la SA Charriere. Culturhône a une vocation triennale, même si tous les ans des visites d’essais sont proposées à nos adhérents.