Maïsadour
Le groupe coopératif du Sud-Ouest prépare la construction d’une usine de semences en Ukraine
APRES AVOIR fortement parié sur son aval, Maïsadour réinvestit dans son amont. La coopérative a deux dossiers sur le feu : une usine de semences en Ukraine et la création de Sud-Ouest Aliment. Des projets présentés, le 2 octobre, lors d’une conférence de presse près de Bordeaux.
Profiter du potentiel des pays de l’Est
Filiale à 100 % de la maison mère, Maïsadour semences fait aujourd’hui 70 % de son chiffre d’affaires à l’international, contre 30 % voici 5 ans. Pour Michel Prugues, président du groupe, « il faut être présent sur ces marchés » de l’est de l’Europe. Cette zone représente un potentiel de 12 Mha de maïs. Autant que l’Europe de l’Ouest. En tournesol, le marché avoisine également les 12 Mha, un marché quatre fois plus important que celui de l’Europe de l’Ouest. Après s’être installé en Hongrie au tout début des années 2000 puis en Roumanie voici cinq ans, les semenciers occidentaux se tournent vers l’Ukraine, à l’instar Euralis qui s’est lancé dans la construction d’une usine il y a un an et demi.
Augmenter la production de semences de 50 %
Jusqu’à présent, Maïsadour semences vendait dans ce pays quelques dizaines de milliers de doses de semences de maïs issues de sa génétique et usinées sur place via des prestations de service. Sa nouvelle usine devrait permettre à terme à la société de vendre un million de doses par an sur la zone, à 80 % du maïs, à 20 % du colza et du tournesol. Un objectif ambitieux au regard des 2 millions de doses commercialisées aujourd’hui par la filiale. Les premières semences devraient vraisemblablement sortir pour la campagne de production 2010. La société ne veut pas chiffrer son investissement total, réparti en quatre tranches. Evalué à 20 millions d’euros, le budget de la première sera probablement le plus lourd. Pour une société dont les investissements annuels se montent en moyenne à 1 M€, il est en tout cas énorme.
Une usine dédiée à l’est de l’Union européenne
Maïsadour semences a obtenu un bail de 49 ans pour un terrain sur lequel elle va reconstruire des bâtiments abritant des installations entièrement neuves. L’entreprise, qui prépare ce projet depuis quatre ans, a commencé par travailler sur la commercialisation des semences. Mais elle a aussi avancé sur le plan technique. Son réseau d’agriculteurs multiplicateurs devrait regrouper des exploitations de 2.000 à 3.000 hectares. « Nous estimons que la productivité sera deux fois moins grande, mais la main d’œuvre deux fois moins cher,a signalé Jean-Frédéric Cuny, directeur de production chez Maïsadour semences. Au total, nous ne ferons pas d’économie ». L’affaire doit être rentable puisque les semences se vendent aujourd’hui presque aussi cher à l’Ouest qu’à l’Est de l’Europe. La production de l’usine servira exclusivement à alimenter la zone. Les semences n’auraient de toute façon pas le droit de franchir la frontière vers l’Union.
Avec un chiffre d’affaires généré pour « 50% de l’aval et 50% de l’amont », comme l’a indiqué Thierry Blandinières, « Maïsadour est un groupe bien équilibré ». Pour son exercice 2007/2008, le groupe a réalisé un résultat net de 13 M€ pour un chiffre d’affaires de 880 M€ contre 540 M€ trois ans plus tôt.