Marchés
Luzerne déshydratée, « des pertes de l’ordre de 10 % »
Avec une production d’environ 800.000 t par an de luzernes déshydratées destinée à l’alimentation animale, la France est le deuxième producteur européen derrière l’Espagne (1,5 Mt), l’Italie se positionnant en troisième place. Dans l’Hexagone, quelque 68.000 ha de luzerne sont dédiés à la déshydratation, avec 80 % de la production en Champagne-Ardennes. La filière est assez concentrée et entièrement con-tractualiée. Depuis 2005, date des premiers découplages de la Pac, « les surfaces ont baissé, et nous n’exportons plus que de petits volumes vers les pays limitrophes et le Moyen-Orient », avance Jean-Pol Verzeaux, président de Coop de France Déshydratation.
Une campagne de production délicate
«Nous faisons face à une année extrêmement difficile. Nous avons pris quinze jours à trois semaines de retard avec le printemps très froid, et les pluies successives n’arrangent rien. Ce qui est perdu ne sera pas rattrapé. Les pertes de production sont de l’ordre de 10 % voire plus », avance Jean-Pol Verzeaux. Les usines fonctionnent normalement du 1er mai à fin octobre, mais pour le moment elles ne sont pas à pleine capacité. « Nous ne pourrons pas répondre à toute la demande, prévient le président de Coop de France Déshydratation. Nous pourrons avoir recours aux importations sous réserve que les autres pays ne soient pas dans le même cas que nous. Or il semble que la situation soit similaire en Espagne. » Par ailleurs, « les Espagnols vendent de plus en plus au Moyen-Orient, explique Serge Faller, directeur général de Désialis. Les Saoudiens ont par exemple récemment racheté quatre entreprises espagnoles, pour assurer leur production laitière nationale. Nous allons sûrement nous approvisionner en Italie, mais rien n’est encore sûr. » Les opérateurs sont déjà bien couverts sur la nouvelle campagne. « Ils ont assuré 60-70 % de leurs besoins. Ceux de l’été sont complètement couverts, mais il en reste un peu sur l’hiver. »
Dans l’attente des conclusions de la Pac
Le gérant de Désialis est plûtot confiant pour l’avenir : « La production hexagonale a baissé, mais je pense qu’elle devrait remonter car les prix actuels sont plutôt incitatifs, et les marchés considérables. » La filière luzerne déshydratée attend beaucoup des conclusions de la Pac 2014-2020. D’une part, « nous avons proposé un plan protéine qui s’appuie sur des programmes de R&D, sur l’information et la formation des éleveurs, et sur le taux de recouplage des aides, confie Éric Guillemot, directeur de Coop de France Déshydratation. Il a été finalisé fin mai, et nous en sommes à la phase communication. » Le plan a été développé avec la Fédération française des oléagineux et protéagineux, car « nos productions sont principalement à destination des ruminants, tandis que les féveroles vont plutôt à la volaille et aux porcs, d’où la complémentarité ». D’autre part, « nous avons demandé à ce que la luzerne rentre dans les surfaces d’intérêt écologique dans le cadre du verdissement », ajoute Jean-Pol Verzeaux.