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Graines de lin
L’interdiction des graines d’origine canadienne suite à la découverte d’OGM a perturbé le marché

La découverte de traces du lin OGM FP967 dans des importations a bloqué le marché européen et provoqué une forte hausse des prix. Les procédures de contrôle ont par ailleurs été renforcées

LE MARCHE EUROPEEN du lin est en difficulté depuis début septembre, après la découverte de lin OGM FP967, non autorisé en Europe, dans des importations canadiennes. La contamination a pu être mise en évidence grâce à un nouveau test de détection, plus sensible que les précédents. En conséquence, l’approvisionnement canadien a été suspendu vers l’Europe ce qui a occasionné une flambée des prix. La situation s’est quelque peu débloquée en fin d’année avec l’arrivée de quatre bateaux. La filière devrait rester sensible jusqu’en avril-mai, l’approvisionnement étant désormais suspendu pour cause d’impraticabilité des Grands Lacs.

La Belgique fortement touchée
    « La contamination a été fortement ressentie en Belgique car 90 % des achats européens de graines de lin canadiennes passent par le port de Gand » indique Henry-François Vandeputte, triturateur. Quelque 400.000 à 500.000 t, transitent en effet par Gand sur huit mois de l’année, à raison de 2 à 3 bateaux de 20.000 t par mois. A l’origine de la crise, la découverte d’une contamination à l’OGM FP967 sur un bateau arrivé le 7 septembre. Nommé encore « triffid », ce lin a la particularité d’être résistant à l’herbicide spécifique Sulfonylurée. Il est autorisé depuis 1996 au Canada et aux Etats-Unis à la culture et à l’utilisation en alimentation animale et humaine. La contamination aurait touché 3 graines sur 10.000, soit un très faible taux, sans risque pour la santé humaine ou animale selon l’Afsca (Agence fédérale pour la Sécurité de la chaîne alimentaire). La contamination est certes minime, cependant l’Europe a interdit cet OGM en 1998. Ce qui a d’ailleurs eu pour conséquence l’arrêt de la culture du lin « triffid » au Canada en 2001, les débouchés européens représentant 80 % de l’export du pays.
    Quand l’alerte a été donnée, tous les lots en stock ont été testés et à ce jour trois bateaux se sont révélés positifs. « Il y a dû avoir d’autres contaminations depuis que le Canada a décidé d’arrêter la culture, avant que le nouveau test, plus sensible, arrive sur le marché » ajoute Henry-François Vandeputte. Le seuil de détection avec le nouvel appareil est en effet de 0,01 %, soit 1 graine contaminée sur 10.000. Les lots aux résultats négatifs ont été commercialisés. Ceux contaminés ont été détruits, et valorisés dans les filières énergétiques.

Situation difficile jusqu’en avril-mai
    Depuis le déclenchement de l’alerte toutes les arrivées canadiennes ont été suspendues le temps de mettre sur pied un protocole pour empêcher les contaminations. Le Canada étant le premier fournisseur mondial, « les sociétés de trituration étaient mises à mal avec l’interruption des envois » précise Henry-François Vandeputte. D’autant que les jeux sont faits au niveau de la récolte, bonne cette année (voir le tableau). « Sans nouveaux envois, nous aurions été à l’arrêt jusqu’à la prochaine récolte », insiste-t-il. En attendant, les triturateurs et la nutrition animale se sont reportés vers les productions d’Ukraine, d’Angleterre, de Russie, ou de France, sans que cela couvre totalement les besoins, ce qui a attisé la flambée des prix. Ainsi, le prix Caf Gand des graines d’origine canadienne a gagné plus de 50 euros/t, passant de 345 €/t (495 $/t) début septembre à 412 €/t (610 $/t) mi-décembre!
    En tout 45.000 t sont arrivées en fin d’année, grâce à la mise en place d’un nouveau protocole. Des quantités insuffisantes, puisqu’elles représentent les besoins des seuls triturateurs belges pour un mois ! «Il y aura clairement un manque de graines de lin d’ici avril-mai. De ce fait, les prix ne devraient pas revenir à la normale avant la réouverture des lacs », anticipe Henry-François Vandeputte. Une solution envisageable pourrait être de contourner la fermeture des lacs en passant par Vancouver. Elle impliquerait cependant un coût de fret bien plus important.

Nouveau protocole
    Suite au débat lancé pour définir un protocole, les sociétés exportatrices doivent désormais prélever deux séries d’échantillons : un dans chaque wagon de train, puis dans chaque cale du bateau avant départ. Cette double analyse est réalisée par la commission canadienne des grains. Sur les quatre bateaux qui ont pu partir depuis la mise en place du nouveau protocole, trois sont négatifs à 100 %. Dans le premier qui est arrivé le 24 décembre, 6.000 t ont réagi positivement au test. Elles ont été déchargées et mises en quarantaine, dans l’attente d’acheteurs potentiels. La Chine, la Turquie, ou encore l’Egypte pourraient être intéressées, ces pays ayant validé le lin « triffid » pour les utilisations en food et feed.
    Les risques d’observer une contamination sont désormais limités, grâce au nouveau protocole. Chaque lot rentrant en Europe est analysé concernant les OGM, même s’il provient d’un pays non concerné à la base. Ceci afin d’éviter la rentrée de lots contaminés, après le passage par d’autres pays moins exigeants. L’inconvénient : les nouvelles méthodes sont contraignantes, et coûtent cher, pour une contamination finalement minime. Les intervenants de la filière souhaiteraient donc une tolérance au niveau européen. Selon Henry-François Vandeputte, « une tolérance de 0,1 % permettrait un retour à la normale d’ici un ou deux ans ». La priorité des Canadiens est désormais de s’assurer que les semences utilisées pour la récolte 2010 ne contiennent pas de « triffid ». Un système permettant le test de chaque semence avant la plantation serait actuellement expérimenté.

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